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Maduro, la mangue et l’exemple

par Luigino Bracci

Publie le mercredi 6 mai 2015 par Luigino Bracci - Open-Publishing
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Au cours d’un meeting de sa campagne présidentielle en 2013, le candidat Nicolas Maduro avait évoqué la tragédie historique de la bataille de Macarapana (1567) où les espagnols avaient réussi à diviser et à monter les peuples indigènes les uns contre les autres, pour mieux écraser ensuite leur résistance : « Cette bataille de 1567, nous pourrions l’appeler la bataille de la trahison. Si la droite gagnait, ce serait comme si la malédiction de cette bataille retombait sur nous mais nous n’allons pas permettre que cela se reproduise ». Dans « Le Monde » du 7 avril 2013, cela devint :

« Maduro agite la menace d’une malédiction sur les Vénézuéliens

Le Monde.fr avec Reuters | 07.04.2013 à 05h23

Candidat à l’élection présidentielle au Venezuela, Nicolas Maduro a affirmé samedi 6 avril qu’un sortilège vieux de plusieurs siècles s’abattrait sur ceux qui ne lui apporteraient pas leur voix le 14 avril . « Si quelqu’un parmi le peuple vote contre (moi), il vote contre lui-même et la malédiction de Macarapana s’abattra sur lui, a mis en garde le président par intérim, dauphin désigné par Hugo Chavez lui-même avant sa mort d’un cancer en mars. »

Les perruques poudrées qui s’ennuyaient à Versailles se délectaient déjà en observant les fous de Charenton ou les sauvages emplumés des Indes Galantes de Rameau, ces êtres lointains, fanatiques, dont la magie menace notre raison. « Eux les barbares, nous les civilisés » : retour d’un certain “journalisme” à la case coloniale au moment où l’Amérique Latine s’émancipe de l’Occident.

La relation de proximité avec les citoyens qui marque la présidence de Nicolas Maduro (comme, hier celle de Hugo Chavez ou de José « Pepe » Mujica, aujourd’hui celle de Rafael Correa ou Evo Morales) ne mérite donc pour « Courrier International » – autre produit du Groupe Le Monde (1) – qu’une raillerie empruntée au rayon « réalisme magique » de la FNAC (2).

L’article de Luigino Bracci, lui, nous parle d’une Amérique où le pouvoir n’est pas forcément synonyme de cynisme et de cruauté.

T.D., Caracas 4 mai 2015

Maduro, la mangue et l’exemple

Luigino Bracci, Radio Alba Ciudad

Mango 1Lors des visites du président Nicolas Maduro dans les états d’Aragua et d’Anzoategui, où il a inauguré le service de transport public TransMaracay ainsi qu’un nouveau tronçon de l’avenue La Costanera de Barcelona, il a lui-même conduit durant plusieurs heures un autobus à faible vitesse, tandis qu’il saluait des milliers de personnes et communiquait directement avec elles. « Nous avons reçu plus de 4000 lettres, notes, documents ou propositions. Tout cela est en train d’être traité ! Même une mangue ! » a-t-il dit mardi dernier. Des demandes, des rapports, des projets et des plaintes ont été remis par la population qui semble garder confiance en lui malgré la guerre économique qui secoue le pays. On lui a également remis de très gros livres, des boîtes de sardines, des boîtes de jus de fruit, des livres et… même une brosse à cheveux.

Depuis notre enfance, on nous enseigne à manipuler toute sorte de règles qui doivent être respectées lors de la réalisation de certaines tâches. Par exemple, comment écrire une lettre…comment faire un rapport pour le lycée…comment remplir un imprimé de dépôt bancaire. Celui qui va présenter une thèse doit acheter un de ces nombreux livres exposant les dizaines de règles pour présenter un rapport final, qui contiennent des dizaines de précisions sur les marges, les espaces, sur comment réaliser la page de garde, l’index et chacun des chapitres. Ensuite, il faut se coltiner des dizaines de modes d’emploi sur comment présenter son curriculum vitae pour une recherche lorsque tu cherches un emploi, comment faire bonne impression lors de l’entretien d’embauche et comment répondre aux questions. Si tu obtiens le travail, tu dois tout mettre en pratique et apprendre à t’adresser à tes chefs, à tes collègues, aux responsables des autres départements ou institutions, à tes clients ou tes fournisseurs. Comment élaborer des rapports et des requêtes. Comment remplir des formulaires et à qui les remettre. Et le fait de t’adresser à tes supérieurs suppose une suprême solennité.

Est-ce pour cela que que beaucoup de ceux qui pensent qu’ils ont reçu « la meilleure éducation » se moquent en apprenant que le président du pays qui possède la plus grande réserve pétrolière du monde, a reçu des demandes écrites sur… une mangue ? Oui, une mangue, ce délicieux fruit sucré qui abonde dans notre pays deux ou trois mois par an. Chavez a dit un jour que s’il n’en tenait qu’à lui, le manguier serait l’arbre national, et ce n’est pas qu’il ait eu quelque chose contre les jolis « araguaney » mais parce qu’en réalité il n’y a aucun enfant des quartiers populaires du Venezuela qui n’ait grimpé des centaines de fois à l’un de ces arbres pour avoir le plaisir de manger une mangue verte avec du sel.

Le président Nicolas Maduro est en train de faire en ce moment une tournée dans différents états du pays en essayant d’avoir le plus grand nombre de contacts possibles avec la population. En conduisant lui-même un autobus à petite vitesse, il retrouve son vieux métier de chauffeur – puis syndicaliste – du Métrobus avant de se consacrer à la politique.

Samedi 18 avril, il l’a fait alors qu’il conduisait un autobus récemment inauguré de la ligne Transmaracay dans la capitale de l’État d’Aragua. Le mercredi 22 il a conduit un autre autobus alors qu’il inaugurait un tronçon de l’Avenue La Costanera à Barcelona, état d’Anzoategui.

Et ce n’est facile pour personne. Il y a beaucoup de monde qui s’agglutine, il y a également des photographes et des caméramans qui essaient de faire leur travail, beaucoup de monde qui veut approcher Maduro pour lui serrer la main, prendre une photo, se plaindre de quelque chose ou exposer un problème. L’équipe de sécurité du Président fait son travail en l’entourant et en le protégeant. Il y a un monde fou.

mango 2Généralement, ces visites sont inattendues et de très nombreuses personnes veulent profiter de l’occasion pour écrire un message ou une requête sur un petit papier et tenter de le remettre en mains propres au président. Imagine : tu apprends par la rumeur que le Président va passer près de chez toi, tu veux lui donner un message mais tu n’as que quelques minutes pour le rédiger. Sapristi ! une lettre pour le Président de la république ! Le gars pour qui ont voté des millions de personnes ! L’homme désigné par Chavez lui-même pour lui succéder ! Si je dois être cravaté et en costume pour aller chercher du travail, ne devrais-je pas rédiger une lettre destinée au président de la façon la plus formelle possible ? Voyons… je sors la machine à écrire de grand-père ? J’allume la Canaïmita (ordinateur portable offert par l’État, NdT) du gamin ? Ah, et où est-ce que j’imprime ? Je vais au centre informatique ? Hum. Tu sais quoi ? C’est mieux, donne-moi un stylo et j’écris la lettre à la main, il comprendra bien.

Si les réseaux sociaux sont constamment pleins de personnes qui profèrent des insultes, des malédictions et même des menaces de mort contre Maduro et les siens, les rues vénézuéliennes sont tout le contraire. Voir ces vidéos, c’est voir des milliers de personnes qui s’approchent de Maduro pour lui donner toute sorte de messages positifs, pour le remercier de sa gestion, lui serrer la main, se plaindre de choses qui ne fonctionnent pas, d’injustices au travail.

CDdA8rxW8AAggdCLe fait que Maduro sorte dans la rue avec un petit groupe de soldats bousculés par la foule, et dont le travail est d’essayer de faire en sorte que trop de personnes ne s’attroupent autour du Président, indique qu’il a une très grande confiance en la protection de son propre peuple. Rien de semblable avec l’énorme dispositif de sécurité dont s’est entouré Barack Obama au sommet des Amériques et qui comprenaient même deux porte-avions et des milliers de soldats.

Plus encore, il est même devenu courant qu’un habitant, peut-être impatient de remettre son message à Maduro, finisse par carrément lui lancer le petit papier ou le dossier.

Mais, regarde un peu ! Tu es en train de jeter un petit papier au Président de la Nation ! Avez-vous déjà vu un jour un citoyen lancer un petit papier ou un dossier à Obama, Rajoy, Cameron, Merkel, Peña Nieto, Santos ou Poutine ? Au mieux, il serait roué de coups et on le mettrait plusieurs jours en prison.

Un ami qui avait à ce moment-là 14 ans et qui est aujourd’hui professeur d’université m’a raconté : « Moi, rien que pour avoir dit dans une réunion à Jaime Lusinchi (Président du Venezuela de 1984 à 1989) que nous n’avions pas de pupitre au Lycée, on m’a arrêté comme guérillero. Et pourtant, j’étais en train d’être décoré comme jeune étudiant brillant ! ». Et ce sont ces présidents que l’on accuse d’être des « démagogues populistes » : Maduro, Evo, Correa et d’autres leaders qui eux reçoivent des petits papiers des gens, et essaient d’apporter une réponse à leurs angoisses.

mango 3Dans d’autres pays, la paranoïa est telle que le 21 avril dernier on a fait un véritable scandale au Japon lorsque quelqu’un a fait atterrir un jouet en forme d’hélicoptère, de ceux que l’on appelle aujourd’hui « drones », sur le toit d’un immeuble où travaille le premier ministre japonais qui n’était même pas présent dans le pays. Est-ce que quelqu’un voulait utiliser ce drone pour remettre un message au premier ministre japonais, pour lui demander de l’aide parce qu’il avait des problèmes avec sa maison ou un enfant malade ? Quoiqu’il en soit, la nouvelle fit plus de bruit pour « la menace » qu’avait représentée ce petit drone que pour toute autre chose.

En revanche, Maduro est une personne plutôt humble et simple, tel que l’était Chavez, qui non seulement recevait des milliers de petits papiers chaque fois qu’il parcourait le pays mais avait du personnel qui les lisait, les classait et tentait d’apporter des solutions aux problèmes, comme cela est visible dans le documentaire « La révolution ne sera pas transmise » de Kim Bartley et Donnacha O Brien.

« Nous recevons plus de 4000 lettres, petits papiers, documents et propositions. Ils sont tous traités ! Même la mangue… ! a-t-il dit le 21 avril (voir la vidéo) tandis qu’il menait son programme « En contact avec Maduro » depuis l’état d’Anzoategui, lorsqu’il a raconté les anecdotes de cette la visite du samedi 18. « C’est une mangue mûre, un « délice ». Je n’y ai pas mis les dents parce nous étions en train de classer les lettres » ajoute-t-il en plaisantant et en montrant à la caméra le message écrit sur le fruit au stylo feutre : « si vous pouvez, appelez-moi » avec un numéro de téléphone et un nom : Marleny Olivo. La femme avait un problème avec son logement. Dans le cadre de la Grande Mission Logement Venezuela, plan qui a récemment construit 700 000 maisons et appartements remis dans tout le pays, on donnera un appartement neuf à madame Olivo.mango 4mango 5

La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre, et lors du nouveau parcours du 22 avril à Barcelona, que la chaîne publique VTV a transmis en direct durant deux heures, on a pu voir beaucoup de choses amusantes, émouvantes et intéressantes… le président a reçu de nombreuses autres mangues portant un message. Et depuis cette visite, l’humour populaire en profite, et pas mal de fruits sont offerts en guise de lettres urgentes…mango 6

Une femme lui a donné un sac avec deux grosses mangues : cadeau remis affectueusement par une personne modeste pour quelqu’un qu’elle voit sans doute comme son fils. Ou peut-être que son message était trop long et qu’il ne tenait pas sur une seule mangue.bolsa-mangos-632x424

D’autres lui ont offert toutes sortes d’objets étranges. Par exemple, quelqu’un a insisté pour lui offrir une bouteille d’un certain jus de fruit. Ou une sorte de brosse à cheveux.cepillo-632x455

Ou une boîte de sardines…
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Ou encore une autre variété de fruit…fruta1-632x457

Ou un livre, avec un message écrit sur la première page.libro-632x426

Évidemment les dossiers volaient. Parfois on les lui lançait, non par manque de respect mais parce que c’était la seule façon qu’avait une personne qui ne pouvait pas passer par-dessus la foule ou l’équipe de sécurité du Président.

Mais il ne s’agissait pas seulement de requêtes. Maduro a reçu un grand sac en papier, avec l’inscription « reçu » écrite dessus. Il l’a ouvert, il y avait un livre gigantesque, aussi épais que les annuaires téléphonique d’antan. Il l’a feuilleté, et l’a remis à Aristobulo Isturiz, gouverneur d’Anzoategui qui l’accompagnait dans le bus, en lui donnant des instructions. Il s’agissait sûrement d’un projet ou d’une proposition que quelqu’un voulait faire parvenir entre ses mains.

Dans un autre cas, on lui a remis le projet d’une commune socialiste agroindustrielle.comuna1comuna2Le fait que l’on remette des petits papiers ou des requêtes à Maduro nous paraît quelque chose de courant, si habituel que ce n’est plus une surprise. Je l’avoue : moi-même j’y n’y ai plus accordé d’importance. Mais c’est devenu différent le jour où l’on a lancé une mangue à la tête de Maduro durant son parcours à Anzoategui. La vidéo, que quelqu’un a prise avec son téléphone portable, a immédiatement été diffusée sur le réseau Twitter, accompagnée de quelques messages ironiques et haineux encouragés par des sites web d’extrême droite tels que Maduradas, DolarToday, La Patilla et NTN24.

C’est devenu une banalité de dire que lorsque l’extraordinaire nous semble quotidien, c’est que nous sommes en révolution. Mais nous ne pouvons considérer comme banal et habituel le fait d’avoir successivement deux présidents qui aient une telle interaction avec leur peuple, même dans des circonstances aussi difficiles que celles de la guerre économique que nous vivons. Il se passe ici des choses extraordinaires et bien des personnes dans ce monde voudraient bien qu’elles leur arrivent !

Le samedi 18, le personnel de la chaîne publique a fait un effort titanesque, en transmettant en direct durant trois heures le parcours du Président au volant à Maracay. Mais, c’était vraiment surprenant de voir l’affection que lui manifestaient les gens, en se pressant les uns contre les autres pour s’approcher de lui, bousculant les deux files de soldats au bérets rouges qui escortaient l’autobus (des soldats qui avaient accompagné Chavez lors des deux insurrections militaires de 1992), passant au-dessus d’eux, faisant tout pour parvenir à la fenêtre du véhicule, serrer fortement la main du chef de l’État, lui exprimer leur soutien et l’encourager.

Il y avait de très nombreuses femmes et de nombreux hommes, quelques-uns avec un garçonnet ou une fillette sur les épaules. Maduro, souvent ému, prenait les petits papiers, les pancartes et les dossiers. Il riait, faisait des gestes en signe de victoire, ou en signe de lutte, le poing fermé tandis qu’à l’extérieur on lui criait des consignes.

Un jeune qui portait un gant de boxe s’approchait en mimant un combat, et à Barcelone un deux jeunes élèves se sont arrêtés face à l’autobus et ont fait une démonstration d’arts martiaux.boxeo339-632x406sensei2394332-632x423

« Maduro, que Dieu te bénisse ! » répétaient sans cesse de nombreuses femmes sur le chemin des deux parcours. A Aragua, on lui a offert une petite croix, qu’il a rangée dans son portefeuille. Des enfants et des jeunes s’approchaient également pour lui exposer un problème et solliciter son aide. Parfois, on n’entendait pas ce qu’ils disaient, mais l’émotion sur les visages laisse penser qu’il s’agissait de problèmes sérieux et compliqués.

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Le soir à Maracay, un travailleur dont le visage exprimait un profond désespoir, s’est approché passant par-dessus les soldats pour lui remettre une enveloppe et des vidéos. Le jeune homme était désespéré.polar2827323-632x404

« On m’a fait renoncer à mon travail. Voilà les vidéos, Président ! », disait-il. Nous dénoncions la guerre économique avant le décès du Commandant Hugo Chavez. Regardez ces vidéos sur ce que nous étions en train de dénoncer… c’était au magasin d’alimentation Polar, à Palo Negro, il y avait un entrepôt clandestin, une entreprise sous-traitante et maintenant c’est Polar qui l’a. Mais, il faut que vous sachiez, nous avons dû démissionner parce que nous y avons été contraints, on nous a menacés. » Maduro a promis de l’appeler une heure plus tard. « Ça, c’est la classe ouvrière qui dénonce ceux qui mènent la guerre économique », dit-il en remettant l’enveloppe avec les vidéos à ses collaborateurs et en donnant ses instructions.

Ces visites permettent à Maduro et à son équipe (laquelle inclut généralement le gouverneur et le maire de la zone visitée) d’analyser les problèmes des gens et d’apporter une solution à ceux qui sont les plus urgents et qui touchent le plus grand nombre de personnes.

Même ainsi, moi, en tant qu’informaticien, je rêve qu’un jour on n’ait plus besoin de poursuivre le chef de l’état lors de ses visites pour lui remettre des petits papiers où l’on dénonce des problèmes et où l’on formule des requêtes. Tout le monde ne peut y arriver… il y a des personnes malades, des personnes âgées, ou ceux qui sont au travail et qui n’ont pas pu arriver à temps.

Un jour nous avons écrit que c’était pour cette raison que les entités publiques ont une plateforme informatique et qu’il est relativement simple d’installer un équipement de gestion, en software libre, pour que les personnes accèdent à la page Web et qu’ils y mettent leurs problèmes et leurs requêtes d’une façon respectueuse et sincère, avec toutes leurs coordonnées, sans la limitation des 140 caractères de twitter, sans craindre que le tweet puisse être vu par quelqu’un qui puisse prendre des représailles contre toi. L’équipe de serviteurs de l’état traite toutes ces demandes et leur apporte réponse (comme l’a fait en son temps la Sala Chavez Candanga), et en plus, cela lui permet d’élaborer des statistiques et de déterminer quels problèmes touchent le plus de personnes et quels sont ceux dont il convient de s’occuper en premier.

Quelques-uns diront qu’il s’agit là d’une proposition très technocratique, mais je suis de ceux qui pensent que, pour une personne qui habite dans un village ou dans un lieu isolé, il est beaucoup plus facile d’arriver à un infocentre ou à un cybercafé et de mettre une requête sur la page web (avec l’aide de quelqu’un, si l’affaire semble compliquée) que de se rendre à la capitale de l’état ou du pays, faire la queue et passer de mauvais moments pendant deux ou trois jours pour tenter de résoudre un problème.

Mais je reconnais aussi une chose : aussi efficace que soit un système comme celui-ci, je suis sûr que bien des personnes qui se sont trouvées près de Maduro et sont parvenues à lui remettre en mains propres un dossier, une mangue ou une petite croix, n’échangeraient pour rien au monde cette expérience. Malgré la bousculade et les désagréments.

Et qu’en est-il de nous, nous qui travaillons pour l’État en tant que serviteurs de l’état ? Que ferons-nous le jour où une dame nous remettra une mangue avec une requête écrite dessus ? Nous la rejetterons, nous lui ferons une histoire, nous nous sentirons offensés et nous la ferons emmener par les services de sécurité ? Ou bien, nous nous en occuperons avec patience ? Tant qu’il y a des institutions publiques qui donneront l’impression d’avoir plus d’intérêt à décourager les gens, il y a aussi d’autres serviteurs de l’état qui travaillent très dur pour s’occuper du public, sans faire attention à l’heure ni à la date, tout cela parce qu’ils croient qu’ils verront le Venezuela aller de l’avant et que le fait de voir le sourire d’une personne dont on a résolu le problème leur semble être une superbe récompense. Ou bien, comme me l’a dit une fonctionnaire d’Etat : « les jours d’attention au public nous sommes là jusqu’à huit heures du soir, des milliers de fois, à voix basses, je parle avec les gens, je leur donne mon numéro de téléphone… C’est que…nous restons engagés envers Chavez ! »

Ce sont des fonctionnaires comme elle que nous devons imiter.

Luigino Bracci

Source : http://albaciudad.org/wp/index.php/2015/04/maduro-el-mango-y-el-ejemplo/

Traduction : Sylvie Carrasco

 Notes : 

(1) Lire « Comment le Sommet des Amériques a écrit l’Histoire (tout ce que ne vous a pas dit « Courrier International »)« , https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/04/15/comment-le-sommet-des-ameriques-a-ecrit-lhistoire-tout-ce-que-ne-vous-a-pas-dit-courrier-international/. Lire aussi « Courrier International », le produit offshore du « Monde »

(2) Courrier International « Planète Buzz » « Venezuela. La formidable histoire du président et sa mangue magique », http://www.courrierinternational.com/article/venezuela-la-formidable-histoire-du-president-et-sa-mangue-magique

URL de cet article : http://wp.me/p2ahp2-1Vc

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Messages

  • Les venezuelien font la queue pour acheter tous les produits de base de la vie courante, farine, viande, œufs, sucre nouriture en général, tous les produits d’hygiene, et même l’essence. Hors la majorités des usines produisant ces produits, les fermes et élevages, les champs de cannes, les élevages, la société pétroliere, sont aux mains de l’état, et dirigées par des partisans de l’état. Ces lieux de production sont à l’arrêt, ou servent de studio pour tourner des vidéos de propagande. Tout ce qui se consomme est importé. Chercher l’erreur....l’erreur, c’est les dirigeants, Maduro en tête, depuis plus de quinze ans, ils ont ruiné ce pais, Ce serait le resultat d’une guerre économique, ce que défendent des gens comme L.Bracci...totalement aveugles ou illuminés,corrompus pour certains, allez voir sur place pour comprendre...au risque de vous faire agresser dans la rue, ce pays est le plus dangereux au monde, et ce n’est pas de la propagande, il suffit de compter les cercueils.