Qui a peur d’Un français ?

Il y a plus dangereux que le bruit des bottes, c’est le silence des pantoufles....*

Un film vient d’être retiré des affiches quelques jours avant sa sortie par 50 salles qui l’avaient en programmation. « Un français » de Patrick Asté, alias Diastème. Que craignent donc ces exploitants d’un sujet qui traite de la repentance d’un ancien adepte des ratonnades et sévices réservés aux bronzés indélébiles ? Serait-ce le fait que les skinheads dont il faisait partie sont des afficionados de l’extrême droite ? Qu’on pourrait y voir un apparentement terrible avec quelque parti à structure monarchique fait souvent la Une des médias ?
C’était prévu pour le 6 Juin 2015, peut-être que ce jour-là les salles feront écran noir pour les films de guerre 39-45 qui pourraient désobliger nos amis allemands ? Evitons d’évoquer Oradour, ou My Laï, ce qui pourrait aussi déranger nos amis ricains.

A moins que l’air du temps et la liberté d’expression décomplexée ne considère qu’il n’y a pas vraiment lieu de se repentir de quelques fantaisies bénignes de ces joyeux garçons qui envoyèrent naguère un marocain dans la Seine, histoire de lui apprendre l’humour à la française … On devrait se repentir du fait que cet ignorant de la brasse se soit noyé ? Allons allons, c’est pas quelques bonnes bastonnades qui vont faire un film de repentance. Et passons aussi sur les petits taquins qui ont balancé un type d’un train -d’enfer- sans que les passagers témoins ne trouvent matière à réagir.

Voici donc le sujet qui inquiète les exploitants...

Un français raconte donc l’histoire de Marco (campé par le très bon Alban Lenoir, vu dans Goal of the Dead), un skinhead qui, avec ses copains, Braguette, Grand-Guy et Marvin, cogne les Arabes et colle les affiches de l’extrême droite. Jusqu’au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l’abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu’on a en soi ? Un Français, c’est donc le parcours d’un salaud qui va tenter de devenir quelqu’un de bien.

C’est vrai que c’est quand même très subversif. Surtout s’il y arrive..

*Martin Niemöller" (1892-1984), pasteur protestant arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen. Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau. Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945. Qui a écrit ces lignes :

“Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste. 
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif. 
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.
Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. ”

Et pour finir, ce que disait ce bon Albert, et qui se vérifie régulièrement. Suffit de lire le journal.

Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
Albert Einstein

NB : une précédente version de cet article, le 26 Mai, comportait un lien plus que discutable, il a été supprimé. Aujourd’hui 27 Mai, quelques salles -8- sont revenues sur leur refus d’avant première, et la sortie est toujours prévue pour le 10 Juin...