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Martinez tente de s’imposer dans une CGT toujours en crise

par Michel Noblecourt Le Monde du 28 05 2015

Publie le jeudi 28 mai 2015 par Michel Noblecourt Le Monde du 28 05 2015 - Open-Publishing
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La centrale a accumulé les revers électoraux dans ses bastions

Le signe ne trompe pas : près de cinq mois après la démission de Thierry Lepaon, mis en cause dans des affaires mettant en cause son train de vie, les responsables de la CGT s’expriment toujours anonymement. La crise persiste alors que Philippe Martinez, élu secrétaire général le 3 février, vient de passer le cap des cent jours et que le comité confédéral national de la centrale – son parlement, constitué des secrétaires généraux de fédérations et d’unions départementales – se réunit mercredi 27 et jeudi 28 mai à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

À l’ordre du jour : une initiative interprofessionnelle en septembre – après celle du 9 avril, qualifiée de « succès retentissant » – et surtout le lancement de la préparation du 51e congrès, qui se tiendra à Marseille en avril 2016.

M. Martinez impose son style, plutôt autoritaire, et a une seule priorité : être adoubé par le congrès de Marseille. À ce stade, la partie n’est pas encore gagnée. La CGT est encore bien malade. Avec 630 000 membres en 2014, elle aurait perdu 50 000 adhérents en un an et elle accumule les revers électoraux dans ses bastions.

Dans les fédérations, le malaise est patent : celle de la construction avait voté contre l’élection de M. Martinez, celle de l’énergie s’était abstenue.

« Serrer les boulons »

L’éviction de Nathalie Gamiochipi de la direction de la fédération de la santé, le 27 mars, a été un sévère camouflet pour son compagnon Philippe Martinez.

Elle a été limogée pour ne pas avoir respecté son mandat pour l’élection du patron de la CGT : au lieu de voter contre, elle avait voté pour. Dans la fédération des transports, la reconduction du secrétaire général sortant, Jérôme Vérité, est contestée. Déjà, avant l’affaire Lepaon, plusieurs dirigeants de fédérations (commerce, banque et assurances) n’avaient pas été reconduits.

M. Martinez voit dans ces turbulences un « complot » mené par ceux qui, comme Éric Aubin, ancien dirigeant de la fédération de la construction, briguaient la succession, en 2013, de Bernard Thibault.

Le même complot qui aurait conduit, selon lui, à la chute de M. Lepaon. « Il y a une atmosphère de chasse aux sorcières contre les opposants ou présumés tels, indique un membre de la commission exécutive. Le Parti socialiste est dans le collimateur et même le Parti communiste est mis en cause. L’extrême gauche, qu’on n’entendait plus, retrouve de l’influence. »

M. Martinez verrouille l’appareil et il fait la tournée des syndicats. « Il est contraint de serrer les boulons s’il ne veut pas que ça parte dans tous les sens », observe un ancien dirigeant, pour lequel « la situation n’est pas du tout apaisée ».

L’ancien technicien de Renault campe sur une ligne radicale, renouant avec le « syndicalisme de classe et de masse » des années 1970, pour « résister à la casse sociale généralisée ». Il a initié – sans débat – sa revendication pour la semaine de 32 heures – « c’est moderne », dit-il – et une pétition pour une hausse des salaires de 10 %. « Il déserte l’institutionnel qui conduit pour lui au syndicalisme professionnel d’experts dont rêve le Medef, note un dirigeant. On est hors jeu. »

La CGT se radicalise et se marginalise. En même temps, M. Martinez évite de couper les ponts avec les réformistes, manifestant avec l’UNSA le 1er mai et dialoguant avec Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, dans le Marianne du 21 mai.

La réhabilitation de M. Lepaon, le 14 avril, disculpé de toute faute dans les travaux de son logement de fonction, est mal passée. « On a eu le sentiment de se faire rouler dans la farine », observe un cégétiste. « C’est une mascarade, digne de la franc-maçonnerie, imposée de l’extérieur », souligne un ancien dirigeant. Certains voient dans ce blanchiment la main de l’Élysée. Blanchi, M. Lepaon pourrait être nommé par le président de la République à la direction de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme – fonction bénévole – et parmi les personnalités qualifiées au Conseil économique, social et environnemental en novembre.

Au comité confédéral national de la CGT, où il doit être question de transparence, la fédération des services publics et l’union régionale d’Ile-de-France pourraient exprimer leur mécontentement.

L’article est à télécharger ici : http://dl.free.fr/lIsCdtkga

Messages

  • J’ai envie de dire que les "on" c’est des cons, ces personnes que vous citez "vos sources" comme vous le dites si bien,
    Ces personnes "si bien intentionnées" et sans aucun doute "intégres et parfaites " n’ont même pas le courage de s’exprimer à "visage " découvert or lorsqu’on est blanc comme neige et soit disant plein de bonnes intentions on fait les choses proprement et on a le courage de ses actes.
    STOP à la propagande de bas étages !!! Et aux propos calomnieux.

  • Faudrait savoir ce qu’on lui reproche, au moustachu. D’être partisan d’un « syndicalisme de classe et de masse » pour « résister à la casse sociale généralisée » ? Ou de fricoter avec les crapules de la CFDT ?
    J’ai bien peur qu’il nous fasse le coup de la chauve souris de La Fontaine : "je suis oiseau, voyez mes ailes... je suis souris : vive les rats".

  • Rien de changé dans ce genre d’article, l’on donne toujours la parole à des déçus de n’avoir pas été parmi les élus... Et l’on ne peut que regretter cette façon qu’ils ont de l’exprimer... Le syndicalisme n’est pas une affaire de personne, on attend d’eux des critiques constructives et prononcées dans des lieux adéquat, c’est de cela qu’a besoin la CGT. Et non pas des caquetages de basse-cour, surtout en se moment ou chacun se doit de resserrer les rangs... !