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Sous pression, Tsipras maintient le référendum mais cède devant les créanciers

par Philippe Alcoy

Publie le mercredi 1er juillet 2015 par Philippe Alcoy - Open-Publishing
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Ce matin le journal de la City de Londres, le Financial Times, révélait la lettre que le premier ministre grec Alexis Tsipras a envoyé hier aux créanciers du pays. Dans celle-ci Tsipras propose d’accepter les impositions du plan d’austérité présenté par la Troïka la semaine dernière à condition d’y inclure quelques amendements à la marge.

Les modifications au plan de la Troïka présentées par le gouvernement grec s’inscrivent dans la même dynamique de la proposition faite hier par ce dernier d’un troisième plan de « sauvetage » du pays. Celui-ci s’étalerait sur deux ans et demanderait quelques 29,1 milliards d’euros pour le pays.

Dans sa lettre de deux pages Tsipras demande à maintenir une réduction de 30% de la TVA imposée aux îles grecques dont l’accès est difficile. Cette doléance est l’une des exigences du partenaire de Syriza dans la coalition au pouvoir, le parti de droite souverainiste Grecs Indépendants (Anel). Une revendication tactique pour maintenir la cohésion du gouvernement grecque.

Une autre proposition est de réduire de 200 millions d’euros en 2016 et de 400 millions d’euros en 2017 le budget de la défense.

Quant aux retraites, Tsipras accepte honteusement d’éliminer le complément pour les pensions les plus faibles (l’EKAS) d’ici fin 2019. La seule différence se situerait dans la manière de faire passer cette attaque, graduellement et non frontalement comme le réclame la Troïka (pour celle-ci il fallait éliminer ce complément pour 20% des bénéficiaires dès cette année). La même logique de procéder graduellement est demandée pour les réformes du marché de l’emploi.

Il propose également la libéralisation de toute une série de secteurs de l’économie encore protégé, notamment ceux des professions libérales.

Enfin, même si au milieu d’une situation aussi vertigineuse cela semble passer comme un « détail » : hier pour la première fois dans l’histoire un pays capitaliste développé n’a pas payé une échéance de sa dette au FMI. Encore une démonstration de la gravité de la situation.

La proposition de Tsipras renforce la position de la Troïka

Cette tentative d’arriver à un accord de dernière minute de la part de Tsipras, où il se dit prêt a accepter tout ce que la Troïka demande (dans une attitude pas très différente de celle qu’il avait la semaine dernière), additionné au fait que sa lettre a « fuité » dans la presse, ne fait que renforcer la position des créanciers.

En effet, Tsipras est en train d’avouer publiquement que son intention avec l’annonce du référendum était de faire pression sur ses « partenaires » pour améliorer sa position et que, en ce sens, même dans l’éventualité d’une victoire du « Non » il ne serait pas dans une situation très confortable.

Au cours de la journée plusieurs sources affirmaient que le gouvernement grec aurait proposé d’annuler le référendum si ses propositions étaient acceptées par ses créanciers. Cependant, dans une allocution télévisée Tsipras vient de ratifier la tenue du référendum dimanche. Sans doute c’est le résultat du refus de Merkel et de son parti d’accepter une telle proposition mais aussi des pressions internes. Mais ces hésitations ne font que renforcer la position des créanciers et affaiblir le camp du « Non » pour lequel le gouvernement appelle à voter.

En effet, les dirigeants impérialistes semblent vouloir se saisir cette expression de faiblesse de Tsipras pour aller jusqu’au bout de leurs objectifs. Cette après midi se réunira l’Eurogroupe qui discutera des propositions du gouvernement grec. Alors que Merkel dit vouloir attendre le résultat du référendum avant de prendre une décision, les dirigeants français sont quant à eux plutôt favorables à un accord rapide.

Plusieurs dirigeants du parti de Merkel, la CDU, ont déclaré à la presse qu’ils ne voteraient aucun compromis avec le gouvernement grec avant que Varoufakis et Tsipras lui-même ne démissionnent. Pour eux il n’y a plus de cadre de confiance entre eux et ces deux dirigeants de Syriza.

Instabilité politique en vue

Quel que soit le résultat du référendum le plus probable c’est qu’on soit en train d’assister aux derniers jours du gouvernement grec tel qu’il existe aujourd’hui. Tout type de spéculation est en train de circuler : depuis la formation d’un gouvernement d’unité nationale jusqu’à la formation d’un « gouvernement technique » où des membres « modérés » de Syriza pourraient participer ; le scénario d’élections anticipés restant le moins envisageable par la Troïka.

Renforcer la mobilisation, renforcer la solidarité internationaliste !

La polarisation de la société grecque ne fait que s’accentuer depuis plusieurs semaines. L’annonce du référendum contribue à distinguer plus clairement deux camps. Lundi soir des milliers de personnes se sont manifestées pour le « Non ». Hier soir presque autant se sont mobilisées pour le « Oui ». On ne sait pas comment peut évoluer la situation, mais aucun scénario ne peut être exclu. Même les plus inhabituels pour des pays développés comme des affrontements violents non seulement avec les forces de répression mais au sein de la population elle-même.

La mobilisation indépendante du gouvernement, celle de la classe ouvrière pour ses intérêts peut être un élément déterminant dans la situation. Le mouvement ouvrier, la jeunesse et les exploités pourraient devenir un acteur central, pour le moment absent dans cette dispute.

En ce sens la solidarité internationale, à commencer par celle des exploités et opprimés d’Europe, avec les travailleurs de Grèce, est fondamentale. A Paris, jeudi 2 juillet à 18h30 des organisations syndicats et politiques organisent un rassemblement de soutien au peuple grec à Bastille. Il est important de nous mobiliser par milliers pour démontrer à la Troïka et aux capitalistes que les masses en Grèce ne sont pas seules et qu’ici aussi nous comptons nous battre contre leurs attaques et pour nos droits.

Source : http://www.revolutionpermanente.fr/Sous-pression-Tsipras-maintient-le-referendum-mais-cede-devant-les-creanciers

Messages

  • Les Faux Monnayeurs internationnaux (FMI) se veulent donneurs de leçon .

    Grèce : un délai de paiement "n’aide pas" les pays en crise (FMI)

    https://fr.finance.yahoo.com/actualites/grèce-accorder-délai-paiement-naide-pays-crise-175004531.html

    Le FMI a estimé mercredi qu’accorder un report des remboursements, comme le lui demande la Grèce, "n’aidait pas" les pays confrontés à des besoins de financement "immédiats" et à des problèmes économiques "fondamentaux".

    "Le FMI a accordé des délais à quelques pays à faible revenu à leur demande, mais dans chaque cas ce délai n’a pas aidé à faire face à des besoins de financements et à des problèmes économiques fondamentaux", a écrit le FMI.

    Athènes a officiellement fait défaut auprès de l’institution mardi après avoir échoué à rembourser 1,5 milliard d’euros. Mais le pays a, in extremis, déposé une demande de délai de paiement sur laquelle le Fonds se prononcera "dans les prochaines semaines", selon une source proche.

    "En vertu d’une règle en vigueur de longue date, le Fonds n’accorde pas de délai de paiement. Notre but est d’aider un pays à résoudre ses problèmes", ajoute le Fonds monétaire international dans ce communiqué consacré à la Grèce.

    La décision finale appartient toutefois au conseil d’administration, qui représente les 188 Etats-membres du FMI et où Américains et Européens détiennent près de 50% des voix.

    Si la requête était acceptée, la Grèce ne serait plus considérée en défaut et aurait de nouveau accès aux ressources du FMI à l’heure où le pays, à court de liquidités, cherche parallèlement à obtenir une rallonge de l’aide européenne.

    Prévu dans la charte fondatrice du FMI, le mécanisme utilisé par la Grèce n’a été utilisé qu’à deux reprises, à chaque fois en 1982, par le Nicaragua le Guyana, l’ex-Guyane britannique.

  • N’importe quoi cet article. Solidarité internationale, nous battre pour nos droits ici aussi... Avec 4 plumés et 2 tondus on va faire la révolution ici et en Grèce. Mieux qu’en 68, les masses prolétarienne n’attendent qu’un signal de l’avant-garde pour prendre le pouvoir... et pendre le social-traitre Tsipras. Cela faisait longtemps que les appels au grand soir n’avaient pullulé. C’est bien de rêver ici, pendant ce temps ces abrutis de retraités grecs ne pensent qu’a retirer 120 euros de la banque pour manger. Pas très révolutionnaire...