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NON !

par R.G

Publie le dimanche 5 juillet 2015 par R.G - Open-Publishing
9 commentaires

Le peuple grec a résisté à la stratégie de la terreur des dirigeants européens. Les Grecs auront eu droit à tout : les établissements bancaires fermés, des médias inféodés et des dirigeants européens adeptes de violents coups de menton. Ils ont même eut droit a un formidable acte d’intimidation politique : vendredi le général à la retraite Fragkoulis Fragkos, ancien ministre de la Défense et jadis à la tête de l’état major grec a dit que « les valeurs morales et les principes qui nous ont toujours définis, nous Grecs, ne constituent pas une monnaie d’échange pour un politicien déboussolé et historiquement inculte qui met en avant les intérêts de son propre parti. » Un groupe de 65 officiers de haut rang à la retraite ont publié un communiqué où ils évoquent leur « serment de fidélité à la patrie et au drapeau » et avertissent qu’« en choisissant l’isolement, nous mettons en danger la patrie et son avenir. » Ces déclarations ne reflètent que l’éternel paradoxe des fascistes : prétendre soutenir la nation tout en faisant allégeance au Capital international... Mais ne soyons pas dupes, car la CIA, l’OTAN et les services secrets européens iront-ils jusqu’au coup d’état si la situation leur échappe ?

La politique d’austérité imposée non seulement en Grèce, mais partout en Europe n’a pas pour objet un soi-disant «  retour de la croissance  », mais bien de casser définitivement le «  modèle social  » européen. Le visage qu’offre cette Europe, en cette année 2015, c’est l’échec du néo-libéralisme. C’est le visage d’une Europe ou les marchés financiers sont tout puissants, l’UE est une multinationale sous le contrôle des banques. Les Etats européens sont incapables d’effacer la dette totale de la Grèce qui est de l’ordre de 312 milliards d’euros alors que le volume des aides publiques en faveur du secteur financier dont ont effectivement bénéficié les banques européennes entre octobre 2008 et le 31 décembre 2010 s’est élevé à environ 1 600 milliards d’euros (13 % du PIB) ! On comprend que cette Europe ai donné envie aux grecs de voter "NON" : non à ces humiliations, non au chacun pour soi, à l’absence de vision ; non au traitement humiliant des pays les plus fragiles, qui ne passe que par des sermons et de des punitions. Et non à cette zone euro dont on connaît depuis des années les dysfonctionnements, mais dont on repousse sans cesse la nécessaire réforme.

Certes, un des pays fondateurs, l’Allemagne, s’en tire remarquablement bien. L’euro, dont la valeur reflète l’état de l’économie de l’ensemble de la zone, lui a procuré une monnaie sous-évaluée par rapport à ce qu’eût été le Deutschmark s’il avait perduré. L’euro lui a donc permis d’exporter plus facilement ses produits dans le monde entier. Mais les pays dont les économies sont plus fragiles, surnommés avec une volonté d’humiliation les "PIGS" (comme Portugal, Italy, Greece, Spain,) qui signifie cochon en anglais, se sont retrouvés à l’inverse avec une monnaie surévaluée. Faute d’une solidarité européenne suffisante, ils ont vu leur chômage grimper, leur déficit s’aggraver. Ils ont été poussés par leurs partenaires dans des programmes chimériques de redressement par l’austérité, qui n’ont fait qu’aggraver leur mal. Comme si leurs malheurs ne suffisaient pas, ils ont eu droit à des leçons de vertus incessantes : il faut être plus sérieux, il faut travailler plus, il faut payer ses dettes, il ne faut pas dépenser trop, il ne faut pas voter pour des gouvernements irresponsables...

Alors la victoire du NON n’est pas une surprise, que l’administration grecque ait des défauts, certes, mais elle a fait de gros efforts, malheureusement, rien n’est suffisant pour la Troika, et les politiques d’austérités imposées par Bruxelles ont finis de plonger le pays dans la tourmente ! Les Grecs sont des gens sérieux, autant que nous, français, qui malgré le matraquage médiatique contraire, font des efforts et sont contraints par l’Europe de ne pas appliquer ce pour quoi ils ont élus Siryza (quel déni de démocratie), comme pour le souhait d’augmenter les impôts des plus riches qui est fermement rejeté par Bruxelles...preuve que nos politiciens ne mordent pas la main qui les nourris !

Alexis Tsipras, le premier ministre et chef de Syriza, a remporté une manche face à ses partenaires européens. Un monde nouveau apparait où les peuples pourront dire NON aux usuriers ! Maintenant une question se pose : la décision du peuple grec sera-t-elle entendue ou alors sera-t-elle foulée au pied par les politiciens comme se fut le cas lors du traité européen en 2005 ? La troïka subit une cuisante défaite, mais elle ne va pas abdiquer, bien au contraire. Je crains fort que la suite ne soit pas aussi soft qu’un référendum ... Les premières réactions des politiques en Europe montrent que la bourgeoisie n’accepte pas les résultats du référendum. Leur volonté, c’est de virer la Grèce de la zone euro pour l’isoler et faire obstacle à tout risque de contagion … ou de reprendre la main coute que coute par tous les moyens, car ils ont aussi peur que la Grèce aille chercher son bonheur ailleurs !

J’ai tout de même envie de reprendre la formule fameuse de Churchill en 1942 après les premiers succès des armées alliées en Afrique : " Ce n’est pas encore le commencement de la fin, mais c’est la fin du commencement !"

R.G

Messages

  • Il faut aussi comprendre pourquoi plus personne ne parle de la dette de guerre jamais payée par l’ALLEMAGNE qui pourrait servir d’argument massue pour obtenir une annulation pure et simple de la soit-disant dette grecque...
    Mon hypothèse c’est que la bourgeoisie veut pouvoir rejouer avec la menace fasciste et refinancer, contre le prolétariat et les masses paupérisées, des mouvements de type "NAZI"... C’est d’ailleurs un fait : en UKRAINE les bandéristes, les néo-nazi PRAVIJ SEKTOR, les milices AZOV-AIDAR-DOMBASS et autres partis SVOBODA, son visiblement soutenus et financés par USA-EUROPE-OTAN...
    La TV privée HROMANSKE, financée par le capitalisme allemand, est d’ailleurs celle où s’est exprimé Bogdan BOUTKEVITCH...

  • Je suis assez épatée - en fait je pensais le résultat exactement inverse, le oui à soixante pour cents.

    Ce qui serait intéressant, c’est de savoir si aujourd’hui, un certain nombre de gens seraient prêts à abandonner la valeur d’échange, le fait d’attribuer une valeur aux choses, et de travailler pour dégager de cette valeur, et à se lancer par exemple dans la déconstruction de cette exigence sociale qui est tapie au fond de nous, et que la capitalisme a exacerbé : je vaux tant, ça vaut tant, équivalence, etc. Bref à communiser. Ce qui a été quelques temps le cas dans certains endroits en Argentine il y a quinze ans, on l’a très vite oublié (au profit des très raisonnables "monnaies parallèles", qui conservent l’étalon valeur abstraite, et dont on parle d’ailleurs pour maintenir le système de propriété et d’échange en grèce.

    • La tactique c’est l’art de remporter des victoires, la stratégie c’est l’art d’utiliser les victoires pour atteindre les buts de la "guerre", la logistique c’est l’astuce pour avoir des moyens pour agir efficacement, l’intelligence consiste à connaître ou prévoir les manœuvres de l’ennemi, la propagande c’est l’art de recruter une "armée"...
      Si tu abolis la monnaie dans un nombre trop restreint de pays, une minorité nantie y fera circuler des monnaies "sûres" pour dominer l’économie et comploter contre la révolution...

    • Bref, surtout ne tentons rien et attendons la "prise de conscience mondiale". C’est précisément ce qui a fait échouer la tentative révolutionnaire du début du vingtième siècle. A un moment il faut oser. Si ça rate ça rate. mais si on n’ose pas on reconduit tout bonnement, "pragmatiquement", l’ordre des choses, et on finit par croire que rien d’autre n’est imaginable. On finit en Juncker, quoi.

      En outre, la question n’est pas seulement "monnaie ou pas monnaie", mais carrément échange ou pas échange, ce qui change pas mal l’approche. il faut je pense se défaire des "solutions représentatives", soit c’est voulu, soit ça ne l’est pas. Si ce n’est pas voulu, effectivement, il y aura toujours une abstraction commune pour reprendre le gouvernail. C’est bien pour cela que la question est dans les gens, mais aussi dans les formes sociales qui créent le sujet. Si on teint que celles ci sont immuables, autant abandonner tout de suite, puisqu’on en sera toujours ramenés aux mêmes exigences, autogérées.

      La critique sociale n’est pas une science ; c’est un pari (voir Goldmann).

    • Pasque, je vais être méchante, mais le monde (et l’état d’impuissance et d’extermination) où nous ont menés les "victoires tactiques", de la NEP au Cambodge en passant par Dien Bien Phû (et le sympathique capitalisme vietnamien contemporain). euh, bon... un dessin ?

      A un moment il faut aussi savoir remettre les prémisses en question. Une réponse toujours aussi catastrophique suppose qu’il y a un problème dans l’"noncé de la question.

    • On pourrait parfaitement imaginer qu’une "conscientisation commune" n’advienne que dans le dernier carré des super plus rentables, une fois la totalité de l’humanité exterminée pour maintenir une augmentation du taux de profit, et une fois que ces derniers et sympathiques privilégiés se rendront compte que la valeur c’est la mort.

      Ma foi, je dirais que mieux vaut tenter des sorties, si partielles et imparfaites soient-elles, avant une pareille éventualité...

    • L’objection "des gens pourraient en profiter", je trouve que ça recoupe moralement exactement le principe de l’économie, de la nécessité d’équivaloir et de valoriser, et de s’approprier ; d’une certaine manière, Merkel et son "pas question de remettre une dette" ou hier Tatcher et son "I want my money back", disent au fond exactement la même chose, il faut éviter toute rupture d’une égalité" qui n’est depuis longtemps plus que celle des sommes et des choses valorisables. Et ne prendre aucun risque pasque un, dieu sait où ça nous mènerait, deux "à chacun son dû", c’est l’ordre qui court des la religion à Adam Smith.

      Bon, allez, j’arrête.

    • C’est dommage que vous arrêtiez

      je dois être bouché mais je ne saisis pas tout de vos propos d’un excellent français, mais , pardonnez moi, assez confus sur le "fond"

      Quand on écrit

      Ce qui serait intéressant, c’est de savoir si aujourd’hui, un certain nombre de gens seraient prêts à abandonner la valeur d’échange, le fait d’attribuer une valeur aux choses, et de travailler pour dégager de cette valeur, et à se lancer par exemple dans la déconstruction de cette exigence sociale qui est tapie au fond de nous, et que la capitalisme a exacerbé : je vaux tant, ça vaut tant, équivalence, etc. Bref à communiser. Ce qui a été quelques temps le cas dans certains endroits en Argent

       soit on ne connaît pas la réponse("savoir aujourd’hui" etc) alors qu’effectivement la question pour les MASSES n’aient d’"abandonner la valeur d’échange" ni de réaliser que d’exiger une"augmentation de SALAIRE" est un non sens pour qui , communiste, lutte pour la fin du SALARIAT
      et dans ce cas on vit "hors sol"

       ou, c’est votre cas, quand on connaît la réponse, je ne vois pas DU TOUT en quoi il y aurait un problème à savourer la victoire du NON..tout en explorant le champ du"possible ,AUJOURD’HUI,

      Du "possible", pour les masses , d’avancer avec un regard sans complaisance sur ce que le K peut se "permettre encore , certes avec ce "round perdu" ..mais avec le rapport de force , en Grêce, dans le monde, alors que le courant révolutionnaire est en hibernation, pour cause d’abandon méprisable du B-A BA des fondamentaux marxistes de LDC, par les Partis dits "communistes"

      Cordialement

  • Tout à fait d’accord avec ce texte, sauf que je n’aime pas trop Churchill, très anticommuniste et antianarchiste, comme le gouvernement anglais de 1936 qui empêcha la France d’aider la République espagnole contre le coup d’état fasciste.