Accueil > La trahison de Tsipras : une proposition de capitulation est faite à la Troïka

La trahison de Tsipras : une proposition de capitulation est faite à la Troïka

par Gaston Lefranc

Publie le vendredi 10 juillet 2015 par Gaston Lefranc - Open-Publishing
15 commentaires

Tsipras a transmis à la Troïka des propositions détaillées peu avant minuit hier :
http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=13756

Le gouvernement se plie complètement aux exigences des créanciers en vue d’obtenir 50 milliards sur 3 ans (dans le cadre d’un « troisième plan d’aide »), et reprend donc les propositions rejetées massivement par les grecs dimanche dernier. Il aggrave considérablement ses propositions du 22 juin dernier, puisque le plan d’austérité est évaluée à 13 milliards d’euros sur trois ans contre 8 milliards précédemment. Ces propositions ont été écrites en collaboration avec un groupe de technocrates français mandatés par le gouvernement français.

  La proposition prévoit un excédent primaire (avant paiement des intérêts de la dette) de 1% en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018
  la TVA est massivement augmentée. Le taux normal de TVA à 23% concernera également la restauration comme l’exigeait la Troïka. La décote dans les îles sera progressivement supprimée, ce qui constituait une ligne rouge pour ANEL, le parti de droite souverainiste qui participe au gouvernement
  sur les retraites, les dépenses seront réduites de 0,25 à 0,5% en 2015, 1% en 2016. Suppression des retraites anticipées, âge de départ à la retraite à 67 ans en 2022 (comme l’exige le FMI, alors que le gouvernement grec proposait jusqu’alors un passage en 2025), suppression du complément retraite pour les plus fragiles d’ici 2019, gel des retraites complémentaires jusqu’en 2021, hausse des cotisations santé des retraités
  les mesures frappant les plus riches et les capitalistes sont allégées par rapport à la dernière proposition grecque : le taux de l’impôt sur les sociétés passerait de 26% à 28% (et non 29%) comme l’exigeaient là aussi les créanciers
  les privatisations vont être amplifiées en 2016
  Tsipras ne fait de la résistance que sur la réduction des dépenses militaires (100 millions en 2015 et 200 millions en 2016), moindre que ce que demandent les créanciers (400 millions).
  Tsipras s’engage à nouveau à libéraliser les marchés des biens et services, à déréglementer certaines professions, à flexibiliser le marche du travail
  Il s’engage aussi à faire baisser la masse salariale dans la fonction publique en pourcentage du PIB, à accroître les inégalités salariales (« décompresser la distribution des salaires »), à recruter des managers pour mettre en place un nouveau management, une rémunération au mérite.
  Il s’engage à soumettre l’institut de statistiques à la tutelle des institutions européennes, alors même que ces institutions sont accusées d’avoir grossi le chiffre du déficit public pour justifier les plans d’austérité.

Comment Tsipras compte-t-il justifier une telle trahison ? Il compte négocier deux « concessions ». La première est une pure escroquerie : il s’agit d’un plan d’investissement de 35 milliards déjà promis par Juncker, et qui n’est en réalité que le déblocage des fonds structurels et agricoles actuellement bloqués par la commission européenne. La seconde concerne la restructuration de la dette. Alors que Samaras avait obtenu un allègement de la dette, tout indique que Tsipras serait prêt à se contenter d’un vague engagement à restructurer la dette. Concession en outre purement fictive et symbolique, puisque tout le monde sait que cette dette devra être restructurée… pour que les grecs puissent continuer à la payer. Le FMI estime que la dette devra être allégée de 30%.

Comme nous n’avons cessé de le répéter, le refus de Tsipras d’envisager toute rupture avec la Troïka et l’UE ne pouvait que déboucher sur la proposition d’un accord encore plus odieux qu’avant le référendum, car l’étranglement de l’économie grecque oblige Tsipras à tout céder.


Le combat s’engage contre le projet d’accord avec la Troïka

Sans surprise, le gouvernement français (associé à l’écriture des propositions de Tsipras) a accueilli très positivement les propositions grecques, et indique clairement que les Européens devront discuter d’une restructuration de la dette.

En revanche, la pilule va être dure à faire passer accepter par Syriza. Le parlement grec doit en discuter ce vendredi après midi, et chaque député devra se prononcer dans le cadre d’une procédure d’urgence.

Hier soir, le ministre de l’Énergie Panagiotis Lafanzanis, représentant de la plateforme de gauche, et le chef des Grecs Indépendants, Panos Kammenos, ont refusé de signer le projet de loi.

Dès cette nuit, la petite tendance communiste de Syriza (qui n’a pas de député) a dénoncé la trahison de Tsipras et appelle chaque député de Syriza à rejeter le texte :
https://www.facebook.com/ProtobouliaGiaEnanEpanastatikoSyriza/posts/916510648388339

Stathis Kouvelakis a également appelé cette nuit tous les députés de Syriza à rejeter le projet d’accord. Mais l’incertitude plane autour de l’attitude exacte des députés de la plateforme de gauche. Lafazanis lui-même refuse pour le moment de dire ce qu’il va voter. Si un nombre suffisant de députés de la gauche de Syriza s’opposent à l’accord, Tsipras pourra alors constituer une nouvelle majorité avec la droite pro-mémorandum, et la déclaration d’union nationale signée lundi (par Syriza, Anel, Potami, Pasok, Nouvelle Démocratie) pourra prendre alors tout son sens.

Six membres de la direction d’ADEDY (confédération syndicale des travailleurs du public) ont demandé une réunion immédiate du comité exécutif du syndicat, et appellent d’ores et déjà à la mobilisation vendredi, samedi, et dimanche. D’ores et déjà, un rassemblement est prévu aujourd’hui à Athènes à 19h30. Nous sommes pleinement solidaires des grecs qui se mobiliseront pour que leur vote de dimanche soit respecté.

Cet après-midi, devant les députés, Tsipras a mis tout son poids pour faire plier la gauche de Syriza : « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble » a-t-il dit, comme s’il n’y avait pas d’alternative à un accord avec la Troïka. De façon astucieuse, il veut pour l’instant éviter un vote sur sa proposition, et il demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche.

Mais la résistance se manifeste ouvertement à Syriza. Cinq membres de Syriza dont trois députés ont publié un communiqué disant notamment : « A cette heure, le gouvernement peut et doit répondre au chantage des institutions en leur proposant le choix suivan : soit un programme sans nouvelle cure d’austérité, avec un financement et une réduction de la dette, soit une sortie de la zone euro et la suspension des paiements de la dette injuste et non viable »

L’enjeu est très important. Il faut que des mobilisations se développent en Grèce et en Europe pour empêcher la conclusion d’un accord odieux ce week-end qui bafouerait le vote des Grecs de dimanche dernier.

Rupture immédiate des négociations avec la Troïka ! Non à tout accord avec la Troïka !

Réquisition immédiate de la Banque centrale grecque ! Émission d’une nouvelle monnaie inconvertible ! Contrôle des échanges extérieurs par les travailleurs/ses !

Rupture anticapitaliste avec l’UE !

Nationalisation sous contrôle des travailleur/se-s des banques et des entreprises stratégiques !

Annulation de la dette publique !

Gaston Lefranc, vendredi 10 juillet 15h

Source : http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=777

Messages

  • Le repli sur lui-même d’un pays ruiné va donner de merveilleux résultats.
    Vite une monnaie nationale sans valeur !
    Le problème est de relancer l’économie grecque aujourd’hui affaiblie par l’austérité et la priorité donnée au remboursement de la dette.
    Il faut donc sortir de la spirale mise en place depuis 4 ans.
    Et nous, au lieu de donner des leçons, sachons être solidaires du peuple grec.

    • SOLIDAIRES. UN VOTE OXI POURQUOI ? Encore une fois le peuple s’exprime et on lui refuse sa vérité. la gauche est lache, soumise. D’un autre coté ,je vais voir mon banquier pour un pret, qu’il m’accorde si mes revenus rentre dans son shéma. Et je retourne le voir en lui disant Ton pret mon cher banquier tu le le mets ou je pense, je ne te rembourse pas , mais tu vas encore me preter de l’argent ..........Allez chiche allons le voir pour etre solidaires avec les grecs, faisant le greve du pret.......... AU FAIT QUE PENSE NOTRE PABLOMELENCHONALEXIS DE CETTE TRAHISON ? AU FINAL : travail 67ans, retraites des plus pauvres grignotées,etc.... vive la revolution ! mais pas celle de Mélenchon, celle qui fait mal au riches........

    • Rembourser la dette ? Du matériel militaire vendu amicalement et fermement par L’Allemagne et la France pour faire face à la Turquie ?
      Des intérêts assurant la rente des fonds de pension pour retraités des pays riches et l’engraissement des traders en tous genre ?
      Le gouvernement grec n’a pas trahi, il commence à amorcer un mouvement qui le conduit à descendre sur sa pente naturelle.
      Cela montre bien l’ambiguïté des discours électoraux.
      La Finlande est un pays qui a su dire NON aux exigences des rentiers et des financiers et sanctionné son gouvernement. Est-ce pour cela qu’elle a fait un "repli (et j’ajoute pour vous : nationaliste)
      La France a fait une révolution face à tous les monarques européens.
      La Commune de Paris ne s’est pas demandée s’il fallait s’accomoder de l’occupation prussienne, idem pour la Résistance... en 1940...
      Evidemment, ces évènements n’avaient pas été planifiés à l’avance par des penseurs qui furent très vite dépassés, des observateurs bien au chaud dans leur confort et leurs certitudes.
      Je reprends : Monsieur Tsipras est un vrai social-démocrate, de même Monsieur Laurent en France, le PGE en Europe, ils veulent remplacer leurs PS respectifs devenus libéraux, je ne suis donc pas étonné qu’il ait choisi la porte à droite dans le sens de l’UE.
      La lutte des classes continue et pour nous en France, il n’y aura plus de Programme Commun de la Gauche, parce comme en Italie, il n’y a plus de gauche capable de mobiliser, c’est à dire plus de parti communiste afin de porter l’alternative socialiste et révolutionnaire.

  • C’etait donc du vent et du mensonge !
    En effet les nouvelles propositions de Tsipras ne feront pas barrage à l’austérité, mais c’est bien la continuité pour plus de misere .

    L’aile gauche de Syriza doit voter contre en s’appuyant sur le NON du peuple et devrait reprendre le combat contre Tsipras et les sociaux liberaux !

  • Deux fortes tendances politiques françaises pensent, sans avoir les cartes en main, que Tsipras s’est couché devant la troïka :
    1- la droite et tous ses valets !
    2- la tendance claire du NPA !

    • TSIPRAS avait lui-même fixé des lignes rouges à ne pas franchir , retraites , tva , privatisations ....les masques tombent et les lignes anti-austérité s’écroulent un social - démocrate même affublé de l’adjectif radical par nos médias reste un social-démocrate et retrouve son chemin naturel : celui de la trahison ...

      reste une inconnue : la réaction du peuple , mais faute d ’un parti révolutionnaire , ce peuple est pour l’instant lui aussi sur une ligne sociale démocrate pro-européenne et n’ appréhende pas forcément que la seule façon de s ’en sortir c ’est la lutte de classe , la mise eN mouvement des masses ...

      L’ aile gauche de SYRIZA , le PAME sauront-ils relever le défi ? disposent-ils des forces et du crédit nécessaire pour mobiliser ces masses et tenir bon face à la TROIKA et à tous les gouvernements à L UE à LA BCE ET AU FMI ?
      Les batailles que l’ont ne mène pas sont perdues d avance ( n est ce pas TSIPRAS ?°) l’ heure est donc au renforcement de la solidarité internationale avec le peuple grec et ses organisations de classe

      SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE GREC

      RICHARD PALAO

    • je réponds à tous ; quel risque courrait Tsipras de prendre des mesures révolutionnaires, comme les Communards, ou les Bolcheviques, ou Castro :
      1°) Bloquer tous les avoirs en banque des plus riches, et notamment les armateurs,
      2°) nationaliser les armateurs et toutes les industries ou activités importantes,
      3°) envoyer promener les créanciers !

      pas pire que subir !

    • quel risque courrait Tsipras de prendre des mesures révolutionnaires, comme les Communards, ou les Bolcheviques, ou Castro :
      1°) Bloquer tous les avoirs en banque des plus riches, et notamment les armateurs,
      2°) nationaliser les armateurs et toutes les industries ou activités importantes,
      3°) envoyer promener les créanciers !

      Prendre de telles mesures alors que le peuple ne l’a pas mandaté pour ça ? Hum...

      Et de telles mesures sans un peuple mobilisé les réclamant, les soutenant, réaliste ?

      Il faut convaincre les travailleurs de la nécessité de la rupture (Antarsya essaie, le KKE aussi dans son genre... un peu particulier), mais en attendant, le meilleur des dirigeants ne peut pas faire une révolution sans le peuple.

  • Il me semble que tout ceci ramène à un principe de base : le rapport de force entre classes est déterminant.

    Et compte tenu de ce qu’il est (entre les travailleurs grecs et le capital européen et international, mais aussi ailleurs en Europe où nous sommes dans l’incapacité de déclencher un mouvement de solidarité puissant), qu’était-il réaliste d’espérer si ce n’est une austérité très légèrement allégée ?

    Tsipras ou bien un autre sur une autre ligne, la marge de manoeuvre était minuscule, malheureusement.
    On aimerait tous que les Grecs soient prêts à l’affrontement, à la sortie de l’euro, à la révolution. Pour l’instant ce n’est pas le cas Sinon ils auraient voté KKE ou Antarsya.

    Certains prennent leur désir pour la réalité et voudraient que Tsipras fasse une révolution (ou une sortie de l’euro) contre l’avis du peuple. C’est aller dans le mur. Et c’est une autre forme de délégation, il me semble. Seule les masses font l’histoire, comme on dit.
    Tsipras, qui n’est pas (et ne se dit pas) révolutionnaire, a été mandaté pour négocier la fin de l’austérité en restant dans l’euro (ce qui est irréalisable compte tenu du rapport de force). J’ai l’impression qu’il a fait ce qu’il a pu, coincé dans une impasse stratégique.

    C’est maintenant au peuple grec de voir s’il se sent prêt à la rupture et à un affrontement plus chaud ou bien s’il se contente de ce "un peu moins pire".