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POUR NE PAS RUSER AVEC L’HISTOIRE

par Robert SAE

Publie le vendredi 24 juillet 2015 par Robert SAE - Open-Publishing
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A l’écoute des propos de certains dirigeants politiques, on est amené à se demander s’ils sont victimes d’une profonde inconscience ou coupables d’une totale absence d’éthique !
Alors que tous les analystes et observateurs avisés ne cessent d’alerter l’opinion sur les catastrophes naturelles et alimentaires qu’entrainera le changement climatique, alors que les puissances rivales régnant sur le monde se positionnent manifestement pour un conflit militaire majeur, alors que les institutions financières internationales et leurs gouvernements aux ordres piétinent avec arrogance la souveraineté et l’expression démocratique des peuples, alors que les puissances occidentales redoublent d’agressivité dans leurs pratiques subversives et sèment le chaos dans le monde, il se trouve des « autonomistes » et autres « patriotes » pour considérer que la conquête des rênes de la CTM (collectivité Territoriale de Martinique) est la « mère des batailles » ! Selon eux, les colonialistes français leur auraient octroyé la « responsabilité » à travers cette collectivité cadrée par « l’identité législative » inscrite dans une constitution qui nous a rabaissés au rang de « population » ! Que retiennent-ils donc de la leçon grecque ?
Et l’on assiste à un spectacle lamentable : Finie la dénonciation du colonialisme ! Oubliées la propagande relative à la souveraineté et les explications sur la démarche pour conquérir celle-ci ! La priorité, c’est le dénigrement systématique de l’adversaire. Alors oui, il faut renvoyer dos à dos ceux qui, fermant les yeux sur l’urgence de la situation, ont choisi de se complaire dans les affrontements politiciens.
Ceux qui, aujourd’hui, prétendent qu’aux commandes de la CTM, ils disposeraient d’une mystérieuse « responsabilité » leur permettant de résoudre les problèmes, sont strictement de la même trempe que ceux qui, hier, promettaient qu’arrivés au pouvoir, ils créeraient « 5OOO emplois ».
Pour les personnes conscientes et responsables, la question qui se pose n’est pas « Comment écraser l’adversaire lors des élections de Décembre ? » mais plutôt : « Est-il possible d’arrêter la machine infernale pour imposer une alternative et, si oui, comment ? » Une chose est sure : ce ne sera certainement pas en continuant à parier dans des « combats de coqs » et en attendant les solutions de sauveurs suprême !
Assurément, les élections de décembre ne doivent pas être sous-estimées. D’une part, l’institution de la CTM, en mettant fin à l’énormité de la « Région monodépartementale », permettra une gestion plus cohérente des affaires. D’autre part, une équipe privilégiant les intérêts supérieurs du pays, porteuse d’un projet alternatif et autocentré, serait un atout pour limiter les dégâts et accompagner la lutte globale d’émancipation.
De ce point de vue, le choix ne saurait se porter sur le PPM. Pas seulement parce qu’il est devenu le centre d’attraction de tous les opportunistes qui pensent leur carrière, mais surtout parce que le projet de ce parti s’inscrit clairement dans la voie du libéralisme. Inutile, évidemment, de préciser que les intérêts de notre peuple ne sauraient être défendus par la droite traditionnelle qui tente son grand retour dans le paysage politique Martiniquais.
Quant au MIM, sa crédibilité et sa légitimité ont été largement écornées par ses tentatives de déstabiliser d’autres organisations anticolonialistes*. Il espérait ainsi, s’entourant pour l’occasion d’alliés de circonstance, assurer son hégémonie électorale. Le résultat a été inverse.
L’espoir réside désormais dans la démarche du Rassemblement Citoyen et Solidaire.
Parce que cette dynamique est le fruit d’un travail mené en ateliers depuis plus de 7 mois, par des compatriotes venant d’horizons divers et représentatifs de l’ensemble du peuple Martiniquais.
Parce que cette initiative est soutenue par le MODEMAS, le GRS et le CNCP, organisations qui restent fidèles au combat pour la souveraineté, la défense des couches populaires exploitées, la démocratie participative, la défense de l’environnement et du vivant, la globalisation des résistances contre l’exploitation impérialiste.
Parce que cette dynamique citoyenne visant à mettre la CTM au service des vrais intérêts de notre pays entend se maintenir après les élections, avec pour objectifs :
 d’être une force de proposition,
 de consolider un rapport de force favorable à notre peuple en travaillant à son unité,
 de renforcer les activités alternatives sur les plans politique, économique et social pour avancer sur la voie de l’émancipation.
Parce qu’enfin, nous refusons de ruser avec notre histoire.
Ce qui reste essentiel à nos yeux, c’est la lutte pour la décolonisation de notre pays et la construction d’un système alternatif porteur d’émancipation humaine.

* cf. Intervention de son leader contre Garcin MALSA à Sainte-Anne et utilisation de la forfaiture des transfuges du CNCP

Robert SAE, responsable aux affaires extérieures du CNCP

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