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"La prison tue, laissez-les sortir... vivants !"

Publie le lundi 27 juillet 2015 par Open-Publishing

"La prison tue, laissez-les sortir... vivants !"

Alors que les chaleurs estivales rendent les conditions de détention encore plus difficiles, compilation non-exhaustive de l’actualité carcérale des derniers jours...

Pas une seule semaine où la presse ne relaie avec abondance les atermoiements de l’administration pénitentiaire. Les discours sécuritaires des syndicats continuent d’irriguer les médias avec une grande aisance. Au delà des questions pécuniaires, les demandes auprès de la Chancellerie sont claires : plus de flicage en taule. Lassitude...

Cependant, un autre son de cloche médiatique apparaît furtivement ces derniers jours. L’occasion de rappeler à la fois la difficile visibilité de la question du sort des détenu-e-s mais aussi plus globalement les conditions pourries d’enfermement et du système carcéral.

Citons pour commencer l’avis de la contrôleuse générale des prisons paru ce 16 juillet [1]. Dans son rapport, la socialiste Adeline Hazan s’émeut du sort réservé aux détenus hospitalisés.

Des semaines voire des mois d’attente pour un rendez-vous, un secret médical occulté, un manque alarmant de spécialistes dans les prisons... Pour résumer : une rage de dent en taule ? Tu patientes et tu morfles.

On apprend dans l’interview d’Hazan chez Libé que lors d’une opération chirurgicale, les détenus « sont très souvent menottés et entravés par des menottes en plastique aux pieds, même lorsqu’ils subissent une anesthésie générale ! ».

L’intimité n’existe pas et l’hospitalisation est une « forme d’humiliation ». A la question, « les détenus sont-ils bien soignés en prison ? », Adeline Hazan reconnaît que « malheureusement non ». Pour combler ce mal, elle propose par exemple la « télémédecine » [2]. Ne riez pas...

Autre facette de la vie en détention : le travail. Cette fois-ci, c’est l’OIP qui se charge de rappeler le non-respect généralisé des principes et droits constitutionnels. Un croquis établi par leurs soins résume parfaitement la situation du travailleur détenu.

En plus des conditions de survie désastreuses, les détenu-e-s doivent parfois lutter directement contre les surveillants pénitenciers.

C’est le cas par exemple de Younnesse actuellement incarcéré à Fleury-Mérogis et qui a témoigné cette semaine sur RMC-BFM TV des sévices qu’il subit en prison. Déshabillé, trainé au sol et tabassé par des matons en mars dernier, il a depuis porté plainte comme deux autres détenus tout récemment.

Extrait de son témoignage. « Malheureusement, il y a des équipes de bourreaux, unies comme les doigts de la main. Ils sont sans pitié. La dernière fois, je les entendais imiter les cris et les pleurs de la personne qu’ils étaient en train de frapper. Ils en riaient ». No comment.

Enfin, dans cette même prison on apprend ce 16 juillet qu’un détenu de 23 ans a été retrouvé pendu. Un autre s’est également suicidé le soir du 14 juillet à la prison de Nevers.

Près de 100 détenu-e-s sont mort-e-s en taule l’année dernière.

A n’importe quel degré, la prison tue.

P.-S.

Quelques liens utiles pour les intéressé-e-s.

http://lenvolee.net/
http://contrelenfermement.noblogs.org/

Notes

[1] Publié au Journal Officiel http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2015/07/joe_20150716_0162_0148.pdf

[2] On vous laisse juger cette avancée humaine https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9m%C3%A9decine