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L’handicap payé par l’Etat au service du capital

par Himalove

Publie le mardi 28 juillet 2015 par Himalove - Open-Publishing

Entreprise adaptée : ici on ne lutte pas contre le handicap, on l’exploite !

A mes camarades handicapés qui ne connaissent pas le droit du travail ni la lutte des classes voici ce que touche une entreprise adaptée* lorsqu’elle engage un travailleur en CDI disposant d’une reconnaissance : 4 600 euros lors de l’embauche + une aide au poste de 80 % du Smic brut par mois ; et quelque subvention spécifique pour aider au développement et à la modernisation : 925 euros par personne à efficience réduite, subvention majorée de 600 euros par travailleur âgé de 50 à 55 ans révolu et de 1 060 euros pour ceux âgés de plus de 56 ans + 4 600 euros lors d’une éventuelle « mobilité professionnelle », sans compter les aides ponctuelles pour l’achat de matériel – sauf pour l’immobilier – à hauteur de 70 % afin de rendre concurrentielle l’entreprise sur le marché.

Les entreprises qui connaissent des problèmes de trésorerie apprécieront...

L’entreprise adaptée est tenu d’établir un contrat d’objectif sur trois ans (ce dernier implique des plans de carrière individualisé pour la personne, bien souvent jamais demandés) et un avenant financier annuel, remis aux Directions départementale et régionale de l’emploi et de la formation professionnelle.**

Alors que le dispositif de la loi du 11 février 2005 précise que l’entreprise adaptée peut embaucher 20 % de travailleurs valides, mélangés à leurs collègues handicapés, au même rang et même salaire, cette dernière ne recrute au nom de la promotion du handicap que des travailleurs handicapés...

Ces aides et subventions importantes entraînent si elles ne sont pas rigoureusement encadrées et contrôlées par l’inspection du travail – c’est le préfet qui est garant du label « entreprise adaptée » – des abus de faiblesse, des abus de biens sociaux, des infractions au droit du travail voire la création d’un apartheid où l’ensemble de la classe ouvrière peut être lésée ; et constituer à terme, dans le secteur d’activité où l’entreprise adaptée se déploie, une concurrence déloyale.

De grandes compagnies nationales usent et abusent déjà des entreprises adaptées pour détourner la loi qui les enjoint d’embaucher un quota de personnes handicapées.

Il va sans dire que toute la politique de l’entreprise adaptée dont les patrons ne cessent de répéter (un peu comme les auto-entrepreneurs) qu’ils sont des
« entreprises normales » depuis l’abolition des ateliers protégés est de maintenir un personnel payé au rabais, corvéable à merci, dans l’ignorance de leurs droits et des avantages versés par l’Etat.

« Le capital n’est donc pas seulement comme le dit Adam Smith le pouvoir de disposer du travail d’autrui. C’est essentiellement le pouvoir de disposer du travail non payé. »

HIMALOVE


* Entreprise qui emploie 80 % de personnel dite "à efficience réduite" sous le régime du droit commun.

**http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2009/04/cir_2857.pdf

*** Karl Marx, « Le Capital » ; chapitre 15 : « Variation dans le rapport de grandeur entre le prix de la force du travail et la plus value. »