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Abolition. Nous avons la prison dans la tête, sortons-là et nous trouverons des solutions et ... nos combats ...

par linter

Publie le dimanche 2 août 2015 par linter - Open-Publishing
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A la Belle Rouge, festival organisé par Jolie Môme, comme il y a deux ans, il y a eu un débat sur la prison. Animé par Jean-Marc Rouillan. Gabi Mouesca était excusé. Jean-Marc Rouillan a de nouveau posé la question de l’abolition. Dans ce débat plus de 200 personnes. Peut-être trois cents. Beaucoup, beaucoup de monde.

Et l’horrible impression que pratiquement tous avaient la prison dans la tête.

Il y avait, c’est sûr des personnes avec de vraies questions, des femmes surtout, le viol, la violence conjugale, mais aussi ceux qui parlaient de la folie, de la prostitution. Tous estimables.

Et ceux moins estimables, qui n’ont jamais connu ni la prison, ni n’ont été victimes des violences, ni n’ont réfléchi longuement. Ceux qui savent tout déjà de l’extérieur, et qui raisonnent avec les mots qui résonnent comme ceux des pouvoirs, insertion, punition. Et ceux qui ne mettent en avant que les faits les plus horribles, derrière lesquels, ils se cachent pour ne pas réfléchir sur l’enfermement..

A tous, nous voulons dire que tous, nous avons la prison dans la tête. Que le pouvoir nous persuade que c’est la solution, leur dire que nous sommes victimes d’une prise de tête systématique et permanente qui nous empêche de réfléchir

Le système pénitentiaire est un système. C’est un système fondé sur l’idée de faute et sur celle d’enfermement.

C’est un système avec isolement, mitard, solitude, promiscuité, violence, pouvoir sur les corps et sur les esprits, un système de droit sur tout ce que vous êtes, ce que vous faites. Dans lequel vous entrez, qui que vous soyez, quelle que soit la raison pour laquelle vous êtes là.

Un système pour punir. Mais pour punir qui ?

Personne ne naît avec le gène de la violence illégitime, de la cruauté, nous n’avons pas plus à nous réjouir de ce que nous sommes si nous estimons que nous sommes des gens "bien" que nous n’avons à juger ceux qui tournent "mal" et là nous ne parlons pas bien sûr selon les normes de la société mais des violences illégitimes faites sur des personnes.

On ne naît pas "bons" ou "méchants".

Alors ne reste que le problème de la protection à plusieurs reprises évoqué et celui de la conscience.

Mais la prison, ce n’est pas cela, il ne s’agit pas de protéger. La prison, c’est un gigantesque mécanisme avec comme moteurs la punition et la séquestration. Dans des conditions aujourd’hui encore inimaginables.

Ceux qui ont été en prison le savent et l’ont vu. Un simple exemple : cette jeune femme qui arrive pleine de vie, elle tombe pour trafic, elle est pleine de force et d’énergie, rebelle. Même pas deux années plus tard, méconnaissable, bouffie, toujours rebelle, elle va d’isolement en isolement.

Une question : à l’isolement, des femmes. Deux femmes infanticides si différentes : l’une déjà plus âgée, complètement shootée par la prison, complètement à l’ouest à quelques jours de son procès, l’autre une presque enfant qui ne comprend pas et qui est abandonnée quelques jours avant son procès par son avocat qui a mieux à faire. D’autres femmes, isolées pour l’atrocité des faits commis, qui s’en prenaient à des personnes âgées, et d’autres femmes encore qui avaient dressé des guet-apens à des hommes pour les dévaliser. Comment chacune en était arrivée à ces actes ? Qu’apportait la prison ? Et nous posons la question du parcours de chacune de ces prisonnières.

La prison est dans nos têtes, nous estimons qu’elle va nous protéger et punir. Dans ce débat, plus que dans le précédent il y a deux ans, l’impression triste était celle d’une adhésion au système carcéral que ce soit pour surveiller ou punir.

Dans le débat, des femmes parlaient de la violence conjugale, du viol. Et demandaient, y a -t-il une autre solution que la prison ?

Nous leur répondons, il y a toujours une autre solution que la prison et à partir du moment où nous la supprimerons de nos têtes, que nous ne l’envisagerons plus comme solution, nous saurons ... quoi faire.

Aménager ou abolir, vaste question qui s’étend ... à tout le système capitaliste.

Merci vraiment à Jean-Marc pour avoir permis, et pour permettre une telle réflexion.

linter.

Jean-Marc a conclu ce débat par un appel à participer aux combats contre l’enfermement carcéral, au combat pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, partout où ils ont lieu. Nous nous joignons à cet appel.

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