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Patrons-voyous.fr : le petit site qui énerve le MEDEF (La Suite)

par Posteur

Publie le lundi 11 janvier 2016 par Posteur - Open-Publishing
1 commentaire

Le site Patrons-voyous.fr recense les entreprises condamnées pour des fautes envers leurs salariés. Un site si instructif que les patrons aimeraient bien le voir disparaître…

Le journal Siné Mensuel fait découvrir à ses lecteurs ce mois-ci le site internet patrons-voyous.fr. Voici une copie de l’article.

Ce site existe depuis 2009 ; c’est une agence indépendante de notation sociale, qui a pour objectif de répertorier les patrons-voyous en France.

C’est-à-dire ceux qui, sciemment, ne respectent ni le code du travail, ni les salariés, ni la collectivité, ni les syndicats et ne vénèrent que l’argent et le pouvoir. Sont présents sur ce site : les patrons condamnés de manière définitive, procédure individuelle ou collective, notamment en correctionnelle, Cour d’appel ou Cour de cassation ou chambres criminelles, pour non-respect du code du travail, discrimination, entrave, infraction à l’hygiène, homicide ou blessure involontaire, mise en danger d’autrui, abus de recours au CDD, atteinte à la dignité de la personne, annulation d’une élection professionnelle aux torts de l’employeur etc.

Plus d’une soixantaine d’entreprises y sont déjà répertoriées. Voilà qui permet un meilleur rapport de forces entre les salariés, les institutions représentatives et les syndicats d’une part et les employeurs d’autre part. Le respect des lois et de la dignité humaine ont tout à y gagner.

Qui en veut à Patrons-voyous.fr ?
En avril 2015, le webmaster de patrons-voyous.fr reçoit un courrier d’huissier. Le webmaster du site avait été condamné en juin 2014 à 6 mois d’emprisonnement avec sursis, 3000 euros d’amende, 5000 euros de dommages & intérêts et 1000 euros au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale.

6 mois de prison, alors que le 18 mars 2015, Dieudonné M’bala M’bala est condamné à deux mois de prison avec sursis pour apologie d’actes de terrorisme pour avoir écrit « Je me sens Charlie Coulibaly ».
Les faits reprochés au site patrons-voyous.fr sont donc d’une gravité telle qu’ils méritent une peine trois fois plus lourde que pour ‘apologie du terrorisme’.

On peut être condamné sans avoir été convoqué à l’audience, et c’est ce qui s’est passé dans le cas présent. N’ayant pas été convoqué, le webmaster de patrons-voyous.fr a découvert par voie d’huissier l’existence de cette condamnation en avril 2015. Opposition au jugement a été faite en mai 2015. L’audience d’opposition aura lieu le 1er octobre 2015 au TGI de Nanterre. Cette condamnation faisait suite à la plainte d’HENRI BIGNALET.

Qui est HENRI BIGNALET ?
Il est le DRH du groupe AUDIENS. Il s’est aperçu que son nom et son adresse étaient présents dans un jugement mis en ligne par patrons-voyous en 2011. Henri BIGNALET a donc fait appel à un huissier pour constater les faits et a ensuite déposé plainte auprès du procureur de la République.

Mais Henri BIGNALET ne demande surtout pas au webmaster du site d’ôter le nom et l’adresse, comme l’y enjoint la loi ‘Informatique et Libertés’ : « Toute personne physique a le droit de s’opposer, pour des motifs légitimes, à ce que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ». Il a préféré ne pas le faire au prétexte, selon lui, que les mentions obligatoires permettant de l’identifier n’étaient pas présentes sur le site internet.

Pas de mentions légales ?
Selon la CNIL, ‘Tous les sites internet édités à titre professionnel ont l’obligation de créer une rubrique "mentions légales".’ Patrons-vouyous.fr n’étant pas un site professionnel, il n’est pas obligé d’éditer des mentions légales. Mais figurent les coordonnées de l’hébergeur et le mail. Suffisant, donc, selon la CNIL.

Préjudice ou acharnement ?
Pour Henri BIGNALET, sa famille « et notamment ses quatre enfants ont été profondément affectés par cette diffusion. Ces derniers, âgés d’une vingtaine d’année, particulièrement connectés aux réseaux sociaux, ont pris connaissance fortuitement de ce site et de son contenu attentatoire à la réputation de leur père, de la même manière d’ailleurs que leurs propres amis, ce qu’ils ont vécu de manière particulièrement violente ».
On est sensé croire les larmoyants arguments de ce brave homme sur parole. Henri BIGNALET tente de se faire passer pour une victime. Mais l’est-il vraiment ?

A la chasse au cégétiste
Le nom d’Henri BIGNALET était présent sur patrons-voyous.fr lorsque le site a publié en ligne un arrêt de la Cour d’appel de Versailles du 11 mai 2010. Cet arrêt faisait état d’une condamnation pour "référence à une sanction disciplinaire ou à une condamnation amnistiée" dans le cadre d’un licenciement contre un délégué syndical CGT. Et ce délégué n’était pas Henri BIGNALET, car celui-ci est DRH du groupe AUDIENS.

La lutte des classes ne se déroule pas que dans les entreprises. Elle a lieu aussi devant les tribunaux pour faire taire ceux qui auraient l’outrecuidance de ne pas s’aplatir, ceux qui veulent montrer au monde la réalité du travail et du combat syndical.

Messages

  • excellent site !

    les remarques de la famille du DRH sont justes : en effet, dans quel monde vit on si on ne peut plus, d’un côté être reconnu par son voisinage comme un bon père de famille s’occupant admirablement d’une équipe sportive (par exemple) et de l’autre côté (à quelques dizaines de km de son habitation) se comporter comme le pire des salauds !

    c’est toute la mécanique actuelle qui est mise en péril !

    l’éloignement géographique entre le lieu de vie et le lieu de travail permet des comportements de salauds

    c’est d’ailleurs dans tous les domaines ce qui sape la confiance : vendre de la merde à des milliers de km permet "l’oubli"

    la pression sociale est très très atténuée