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Ortograf et « gauche » sociale-libérale (socialelibérale ?)

par B. GENSANE

Publie le lundi 8 février 2016 par B. GENSANE - Open-Publishing
5 commentaires

Depuis 1990, la réforme de l’orthographe, approuvée par l’Académie française, dont l’inénarrable et réac Maurice Druon, n’est jamais passée dans les mœurs (les meurs ?) Une langue n’évolue pas à coups de décrets mais par l’usage. Le jour où 100% de Français diront « après qu’il soit venu » au lieu de « après qu’il est venu », on instaurera – pourquoi pas ? – une nouvelle règle. Le subjonctif tombera peut-être en désuétude et la langue sera officiellement un peu moins précise. Faudra que ça va !

 

Si tant d’étrangers cultivés souhaitent connaître le français dans toutes ses nuances, c’est parce que c’est une vieille langue qui repose sur un socle très solide, le latin (que l’on n’enseigne quasiment plus aujourd’hui, sauf par bribes), et qu’elle a beaucoup évolué en s’enrichissant de nombreux apports. Il en va du français comme de toutes les langues : la langue, c’est l’histoire. L’histoire de la langue, c’est la langue de l’histoire.

 

Comme toutes les langues, le français est difficile. Elle n’a pas de déclinaisons comme l’allemand, mais elle a, par exemple, un subjonctif très pénible à manier. Imaginons un jeune Anglais devant la difficulté à terminer – en respectant la consordance des temps – la phrase suivante : « J’aurais voulu que tu [coudre] », alors que dans sa langue, « coudre » sera rendu tout bêtement par l’infinitif. En revanche, le petit Français aura des problèmes avec les temps du passé en anglais – les fameux « for, since, ago » de mon enfance, alors que, justement, ces temps sont globalement plus logiques en anglais qu’en français. Autre étrangeté : la première fois qu’un Anglais (ou un Turc) rencontre la phrase banale « Je reviens » alors que le locuteur exprime un processus futur et qu’il n’est même pas parti, sa réaction première est de se demander si les compatriotes de Descartes ne sont pas un peu fous. Et je ne parle pas, car c’est une broutille, d’« événement  » qui se prononce « évènement  ». Simplement, semble-t-il, parce que le mot vient du latin evenire, qu’il est arrivé dans la langue trois siècles après « avènement  », dont il a dû (du ?) se singulariser, mais que, par paresse, on a fini par prononcer comme on ne l’écrit pas.

 

Hé bien, justement, c’est ça le génie de la langue. 999 fois sur 1 000, les bizarreries, les difficultés sont justifiées et elles ont, de toute façon, une origine historique. Le 1 sur 1 000, c’est « chariot-charrette ». Et alors ? Se coltiner à cette petite difficulté, c’est la poilade (poilâde ?), non ? Surtout quand on apprend les mots en situation, dans un contexte soit ludique soit utilitaire, soit les deux.

 

Du temps où j’étais encore en exercice, un étudiant me demanda pourquoi en français « hommage » prenait deux m alors qu’il n’en prend qu’un en anglais. Aujourd’hui, j’aurais d’abord marqué mon étonnement que les féministes politiquement correct.e.s, ceux.elles qui exigent des barbarismes du style « auteure » ou « tou.s.tes les militan.s.tes » (mais qu’on n’a pas vraiment entendu.e.s à l’occasion des agressions sexuelles en Allemagne) n’aient pas encore exigé de remplacer « mes hommages » par mes « femmages ». A l’époque, j’avais tout simplement expliqué qu’« hommage » venait d’« homme », que, le suffixe « age » désignant une action, l’hommage était le fait de devenir l’homme d’un suzerain. Et j’avais ajouté qu’en anglais, « homage » venait du vieux français « omage », lui-même descendant du latin « homo », sans h aspiré. Il n’est pas rare que, dans la langue anglaise, l’orthographe d’un mot, ou le mot lui-même, soit plus proche du vieux français ou du latin que du français moderne. Dans l’anglais « pineapple » (en français « ananas » qui vient de la langue guarani), « pine » a pour origine le vieil anglais pin, qui vient du latin pinus signifiant un pin. C’est comme ça. De même, les Britanniques ont préféré umbrella, du latin umbrella et de l’italien ombrello, à parapluie. Ce n’est pas aussi important que les causes et les conséquences de la bataille de Lépante, mais tout de même…

 

De cette histoire, de notre histoire, les sociauxlibéraux se contre-fichent (contrefichent ?) comme de leur première liquette.

 

Ce sont en effet des spécialistes de la « réforme  » (à l’usage, le mot « réforme  » va disparaître du dictionnaire : il ne restera plus que « contreréforme  »), comme quand ils s’attaquent au Code du travail ou aux allocations chômage. Un nénuphar va donc (re)devenir un nénufar. Qu’en sera-t-il du far breton que l’on déguste au pied du fare de Brest ? C’est d’autant plus urgent que nenufar vient de l’arabe et que la désinence ph est grecque. Faisons vite disparaître (disparaitre ?) ces oripeaux (du latin aurera (« d’or ») et pellis (« peau ») de la culture. Les sociauxlibéraux n’ont apparemment pas touché aux Nymphéas de Monet. Petits bras !

 

Ce qui me choque le plus, c’est la disparition des accents circonflexes. Avec quelques exceptions. On dira toujours : « Après le jeûne », il s’est tapé un.e jeune ». Le « il » en question n’aura donc eu qu’un.e seul.e partenaire sexuel.le et pas deux. L’accent circonflexe est un marqueur historique du français. Quand on écrit, il ne faut pas l’oublier en route. Il est assurément aussi difficile à bien placer que de retenir les dates de l’histoire de France. Je rejoins la plainte de Martine Billard (en corrigeant gentiment deux fautes qu’elle a commises en écrivant « ethymologie », mais ça arrive à tout le monde) : « L’accent de cime est tombé dans l’abîme ; l’étymologie dit toute l’histoire d’une langue et d’un pays. » Et j’apprécie l’humour de Christophe Robin :

 

Adam n’a plus la cote ; il est moins sûr, Eve.

Adam n’a plus la côte ; il est moins sur Eve.

 

 

 

 

Aidons-nous de Wikipedia :

 

L’accent circonflexe, du latin circumflexus, « fléchi autour » est un diacritique [signe qui modifie le son d’une lettre ou d’un graphème] de l’alphabet latin hérité de l’accent circonflexe grec. Cette moustache, qui nous vient de loin, combine un accent aigu et un accent grave. Il est apparu dans le français du XVIe siècle. En 1560, l’imprimeur de Saint-Avertin Plantin systématisa son usage pour remplacer la lettre s que l’on trouve dans teste ou dans hospital. On trouve une survivance de ce s dans de nombreux mots : hospitalier, festoyer, forestier (mais pas testicule). L’ajout d’un accent circonflexe modifie la prononciation : « jeûne » ne se prononce pas comme « jeune ». Hein, les djeuns ?

 

Moins de la moitié des Français maîtrisent (maitrisent ?) correctement les règles de l’ortograf. On peut s’attendre à un joyeux bordel lorsque l’ortograf « réformée » et l’ancienne cohabiteront. Les enseignants auront deux fois plus de travail, mais ils ont l’habitude. Comme quand ils devront expliquer que « fantôme » a donné « fantomatique », mais peut aussi s’écrire « fantome ». Ce sera simple car cette étrangeté n’est en rien exceptionnelle : elle est le résultat d’une logique implacable, le produit d’une alternance vocalique consécutive au déplacement de l’accent tonique dans l’adjectif ([fan-tô-m’], [fɑ̃tomatik]).

 

Dans ce domaine, comme dans d’autres (voir la manière dont il a gracié Madame Sauvage sans la gracier tout en la graciant), Hollande est infoutu (c’est français, ça ?) de prendre une vraie décision. Tant qu’il sera mentalement coincé entre papa et maman, il en sera ainsi.

 

 

Mais l’important est que la gauche socialelibérale, la gauche « américaine », comme disait Chevènement, veut nous couper de notre histoire (voir l’enseignement de plus en plus congru et tachiste de cette matière à l’école) parce qu’elle veut que notre pays ne soit plus une nation mais simplement un immense parking de supermarché aux ordres de la finance gouverné par des fonctionnaires anonymes “ européens ”.

 

http://bernard-gensane.over-blog.com/2016/02/ortograf-et-gauche-sociale-liberale-socialeliberale.html

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Messages

  • "Les noms propres n’ont pas d’orthographe" et maintenant certains mots aussi !!!
    Merci aux libéraux de gauche et leur ministre Madame Belle Qu’a Sème

    • le respect n ’est certainement pas dans l’orthographe officielle.
      j’ai souvenir que mon prof de Français se tuait à nous dire que le verbe "pallier" est transitif direct.
      J’applique cette régle,et chaque fois je me fais reprendre ,qui dit encore "pallier quelquechôse" ? la régle est devenue caduque,vais je m’en offusquer ?
      Non comme des dizaines de mots et de régles,l’évolution se fait,je continue de respecter cette régle pour le verbe "pallier" tout en ne respectant pas d’autres régles passées d’usage aussi.
      se braquer ,se figer (au nom de quoi d’ailleurs),sur une étape de cette évolution de la langue écrite est réac.

  • « Comme toutes les langues, le français est difficile. Elle n’a pas de déclinaisons comme l’allemand, mais elle a, par exemple, un subjonctif très pénible à manier. »

    J’ai toujours oublié pas mal d’accents, en particulier circonflexes et eu des problèmes d’orthographe dite « d’usage », comme les doubles consonnes. Par contre, j’ai toujours été choqué qu’on ne sache pas distinguer « parler » de « parlé » et par les fautes grammaticales en général. Même si j’en fais à l’ordinateur qui ne m’arriveraient pas à la main...

    Mis à part votre faute de grammaire (Le français = Elle ???), sans doute due au traitement de texte qui nous entraîne à modifier le début d’une phrase en oubliant de corriger la fin, il faut arrêter de fantasmer sur les langues avec ou sans déclinaison.

    Allemand « ich » = français « je », « j’ », ou « moi »

    Allemand « mich » = français « me », « m’ », ou « moi »

    Allemand « mir » = français « me », « m’ », ou « à moi »

    Bref, dans une langue « à déclinaison », on peut en faire un tableau clair dans une leçon de grammaire, alors que dans une langue « facile » car sans déclinaison, on a un sac de nœuds.

    Zaparça, une réforme de l’orthographe, il en faudrait une, qui sera d’autant plus pénible qu’on a trop tardé. On écrit avec l’orthographe de Victor Hugo, alors qu’il n’écrivait pas avec celle de Molière, ni même celle de Voltaire. Quant à Rabelais, la grande édition moderne est carrément bilingue !

    Du coup, plus de la moitié des mots français s ‘écrivent différemment de leur prononciation. Notre écriture sera bientôt idéogrammatique si on ne fait rien.

    La grande question, c’est : est-ce que cette réforme doit se faire de haut en bas, comme c’est l’habitude en France depuis Vaugelas et Richelieu ?

    Les Allemands, depuis l’époque où un ordinateur moins puissant qu’un smartphone tenait dans un hangar, possèdent un corpus d’étude de leur langue, de la plus littéraire à la plus triviale, et la grammaire officielle s’adapte plus facilement à l’usage réel.

    La réforme des années 1990 en Allemagne a supprimé quelques exceptions et elle a transformé en mots corrects certaines « fautes » couramment commises par les germanophones eux-mêmes et par les germanistes étrangers.

    Faut dire que la tradition est différente. Plus de 100 ans avant que Molière ne se moque des directives trop normatives de Vaugelas, Luther recommandait aux écrivains allemands d’aller chercher leur langue dans « la gueule du peuple ».

    En France, les fautes, elles servent à écrire des bêtisiers qui font rires les gens instruits et néanmoins snobinards à la con. Il serait temps d’en faire un outil linguistique dont on pourrait tirer d’abord les mots dont il faut modifier l’orthographe, ensuite, les règles qu’il faut à tout prix apprendre à l’école.

    Pour le moment, nous faisons le contraire : nos instits perdent du temps à enseigner la belle logique qu’un chariot s’écrit avec un seul r parce qu’il sert à charrier qui s’écrit avec deux, mais les élèves arrivent en 6ème sans savoir quand il faut écrire « charrier, charrié (-ée, -és, -ées), charriai, charriais, charriait ou charriaient ».

    La réforme actuelle est-elle bonne ou mauvaise ? En tout cas, elle a un bon aspect, surtout vu le retard pris, c’est d’instituer la tolérance entre le forme ancienne et nouvelle. Car seul le temps permettra d’imposer ce que le grammairien Grevisse appelait « le bon usage ».

    J’ai sûrement laissé quelques phàûtes, etscuzez-moi, comme on prononce dans ma région natale.

    • "Pour le moment, nous faisons le contraire : nos instits perdent du temps à enseigner la belle logique qu’un chariot s’écrit avec un seul r "

      Tu crois vraiment cela ?

      Tu ne dois pas être bien jeune...

    • Non, je ne suis pas jeune du tout, mais comme j’ai été un père tardif, j’ai suivi l’affaire de près il y a quelques années.

      Je sais que les mômes ne savent hélas pas combien il faut de R à chariot.

      Mais je suis plus choqué par le fait qu’ils ne sachent pas conjuguer le premier groupe.

      Et on en trouve même dont le langage est tellement déstructuré qu’ils ne savent pas distinguer par exemple "sait" de "c’est".

      De toute façon, mon exemple avec "chariot" et "charrier" se voulait surtout imagé. C’est une sale manie chez moi. Désolé !