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Remaniement. Hollande renvoie les femmes aux foyers

par Revolutionpermanente

Publie le vendredi 12 février 2016 par Revolutionpermanente - Open-Publishing
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La tradition, c’est maintenant !

Ariane Tristan

Au menu du remaniement ministériel, un nouveau ministère : celui du Droits des Femmes...de la Famille et de l’Enfance. Un bel appel du pied aux réactionnaires en tout genre, qui n’auraient pas fait mieux. A quand le Ministère du Droit des Femmes à rester aux fourneaux ?

Hollande s’était notamment fait élire en 2012 en réussissant à se donner une sorte d’image « progressiste » sur les sujets dits « sociétaux ». Il avait ainsi promis que ses gouvernements seraient paritaires. Il ne nous avait pourtant pas dit à quel prix ! Après les reculades en tous genres, notamment sur la Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour les couples lesbiens, le dernier remaniement nous offre la perle réactionnaire qu’il manquait à son gouvernement déjà bien lepenisé.

Ainsi, alors que lors de son premier gouvernement il avait fait une entrée en fanfare pour un nouveau ministère des Droits des Femmes dirigé par Najat Vallaud-Belkacem, ce poste avait dû rapidement prendre en charge « la Ville, la Jeunesse et les Sports », jusqu’à n’être plus qu’un Secretariat d’Etat rattaché au Ministère de la Santé. Or, les changements de dénomination pour les Ministère ont toujours deux grands objectifs : d’une part, découper les budgets selon les grandes lignes politiques voulues par le gouvernement, et d’autre part, annoncer un symbole. En premier lieu donc, cette annonce est inscrite dans la poursuite de la relégation des questions féministes dans la politique du gouvernement, en l’intégrant à d’autres sujets. En second lieu, le symbole est clair, transparent : en terme de Droits des Femmes, il ne s’agira certainement pas de résoudre le problème brutal de la précarité des femmes au travail ou celui du harcèlement qu’elles subissent dans la rue. Il ne s’agira évidemment pas non plus de rouvrir les centres IVG qui ont fermé sous les coups de l’austérité ni de renforcer les droits des femmes face aux époux violents. Non, la Famille avant tout !

Une insulte au mouvement féministe

N’en déplaise à Hollande qui prétend, en étant à la tête d’un gouvernement paritaire, donner un dernier vernis féministe à la fin de son mandat, ce remaniement ministériel sonne comme une insulte faite aux batailles menées par des milliers de femmes depuis des décennies. Des batailles pour avoir le droit à exister dans l’espace public, à ne pas être relégué au bon entretien du foyer, à avoir le droit de décider de fonder une famille ou non. La Famille n’a pourtant jamais cessé d’être une institution de reproduction de l’ordre social hétéronormé, le lieu du travail gratuit des femmes et le cadre de contention des désirs d’émancipation. Comment ne pas voir dans cette dénomination une référence explicite aux thèmes de l’extrême-droite, que le gouvernement ne cesse de reprendre ces derniers temps ?

Cette insulte se transforme en trahison lorsque les médias présentent désormais Laurence Rossignol, désignée à ce poste, comme une « féministe convaincue » ou bien encore une « âme révolutionnaire », comme la surnomme Madame Figaro. La nouvelle élue se targue en effet d’avoir participé au Mouvement de Libération des Femmes dans les années 70 et d’avoir milité à la Ligue Communiste Révolutionnaire jusqu’en 1981. Une date qui n’est pas anodine : à cette époque déjà, après avoir conquis de nombreux droits pour les femmes dans les années 70 grâce à des mobilisations de masse (droit à l’avortement, à la contraception, etc...), toute une partie du mouvement féministe avait répondu aux sirènes d’un gouvernement, celui de Mitterrand, ce qui avait entraîné l’intégration de ce secteur aux institutions qui appliquent aujourd’hui la politique de la casse des services publics de santé, de la précarisation au travail et de la remise en cause des droits des femmes. Dans les années 80 comme aujourd’hui, pour défendre les droits des femmes travailleuses et des classes populaires, il n’y a pas grand chose à attendre de ce type de gouvernement, qui derrière le vernis ne fait aujourd’hui que reprendre les discours des franges les plus réactionnaires.

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