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Chili : le sort de 580 disparus révélé par l’ex-chef de la police secrète de Pinochet

Publie le samedi 14 mai 2005 par Open-Publishing

Le sort de 580 disparus a été révélé vendredi à la justice chilienne par le général à la retraite Manuel Contreras, ex-chef de la police secrète sous la dictature (1973-1990) d’Augusto Pinochet. Ce dernier est désigné par Manuel Contreras comme le principal responsable de la répression contre les opposants à son régime.

Une liste de disparus, avec des détails sur leur détention et leur sort, a été remise à la Cour suprême de justice chilienne, au ministère de la Justice et au Conseil de défense de l’Etat par Juan Carlos Manns, avocat de Manuel Contreras. Ce dernier purge douze ans de prison pour la disparition du militant d’extrême gauche Miguel Angel Rodriguez.

Ex-chef de la DINA (Direction du renseignement national), Manuel Contreras a consigné sur plusieurs dizaines de pages l’organisme responsable de chaque détention, la date de l’arrestation, le nom, la destination initiale et le sort final de chacun des 580 disparus. Outre quelque 30.000 cas de torture, plus de trois mille assassinats ou disparitions sont imputés au régime militaire de Pinochet.

Alberto Leiva Vargas ouvre la liste des 580 disparus. Selon Manuel Contreras, il fut arrêté par une patrouille militaire le 14 septembre 1973 et détenu au camp Chena de l’Ecole d’infanterie. On le lança dans l’océan Pacifique face à la côte de Pichilemu.

Toujours selon Manuel Contreras, la militante d’extrême gauche Diana Aron mourut en combattant lors de son arrestation par la DINA le 19 novembre 1974. On remit son cadavre à l’Institut de médecine légiste avant de l’enterrer au Cimetière général sous les initiales N.N.

Dans une introduction précédant la liste des disparus, Manuel Contreras écrit que son initiative vise à soustraire "à la barbarie judiciaire et publicitaire" des "personnes innocentes" qui étaient sous son commandement.

S’il veut donc innocenter des officiers subalternes condamnés ou poursuivis, l’ex-chef de la police secrète désigne en revanche Augusto Pinochet comme le principal responsable de la violation des droits de l’homme sous la dictature.

Le général Pinochet et la junte militaire, affirme Manuel Contreras, donnèrent tous les ordres visant à réprimer lors des premières années de la dictature "les groupes de gauche qui pouvaient générer une opposition au gouvernement".
Des sources judiciaires et des journalistes chiliens estiment que les révélations de Manuel Contreras conduiront à la désignation d’un magistrat spécial pour en vérifier l’authenticité.

En janvier dernier, après sa condamnation à 12 ans de prison, Manuel Contreras avait déjà accusé Augusto Pinochet d’avoir été "la coupole de la DINA". Il avait en outre reproché à l’ex-dictateur de transgresser le code d’honneur militaire en abandonnant ceux, y compris Manuel Contreras lui-même, à qui il avait ordonné de faire le travail sale de la dictature.

Augusto Pinochet, âgé de 89 ans, est actuellement en liberté sous caution. Il est poursuivi pour les crimes de l’Opération Condor, menée de manière coordonnée dans les années 1970 et 1980 par les dictatures d’Amérique du Sud pour éliminer physiquement leurs opposants de gauche.

Les révélations de Manuel Contreras risquent d’accroître les problèmes judiciaires de l’ex-dictateur. SANTIAGO DU CHILI (LatinReporters.com)