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Dénonciation calomnieuse au collège de Biscarrosse : les parents se justifient

Publie le vendredi 15 avril 2016 par Open-Publishing
3 commentaires

Mardi, la majorité des parents d’élèves présents à la barre ont justifié leurs plaintes ou lettres de dénonciation de janvier 2013. Jugement le 19 avril

Six heures. Six des dix heures d’audience ont été accordées mardi par le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan aux témoignages des 37 parents d’élèves du collège départemental de Biscarrosse (aujourd’hui collège Nelson-Mandela) poursuivis pour dénonciation calomnieuse.

Les signataires de plaintes ou de lettres mettant en avant des « violences, brimades et humiliations quotidiennes » subies par les collégiens ont pu s’expliquer sur les accusations portées contre des professeurs et personnels d’encadrement et finalement classées sans suite par le parquet de Mont-de-Marsan.

En toile de fond, tout au long de l’audience, un autre professeur du collège présenté par beaucoup comme l’instigateur du collectif de parents à l’origine des plaintes.

« Mauvais profs »

Qu’a-t-il été écrit ou dit par la vingtaine de présents, puis leurs six avocats, intervenus à partir de 21h30 ? Il a été question de « mauvais profs » (de sport, d’anglais et d’histoire-géographie), « méprisants », « insultants ». Des professeurs « injustes », qui « mettent des mauvaises notes ». Claude Monferran, professeur d’éducation physique de 59 ans, était plus particulièrement ciblé. Lui appartenait à « la vieille école », il « humiliait », « entrait dans les vestiaires alors que les enfants étaient nus sous les douches », « jetait les affaires dehors et obligeait les enfants à sortir en caleçon devant tout le monde ».

La « présidente nommée » du collectif jure ne pas exagérer lorsqu’elle se souvient de « filles en pleurs » et de « garçons criant « Aidez nous ! » ». Il violentait aussi, accusé d’avoir mis « une giffle », d’en avoir « pris un autre par le col » et à plusieurs reprises d’« attraper les enfants pas le bras »…
« Peur qu’il y ait un drame »

De quelles preuves disposent-ils pour avancer tout ça alors même que les rapports de notations du fonctionnaire ne comportent ni rature ni bavure ?« On est bien obligés de s’en tenir à ce que disent nos enfants m’enfin quand même, 30 témoignages concordants, reconnaissez que c’est troublant », résume l’un des parents. « Nous avions peur qu’il y ait un drame, peur qu’il détruise nos enfants », surenchérit un autre.

L’« absence de réaction » de l’ancienne principale (et de l’académie) est pointée du doigt. « C’est inadmissible ce qu’elle a fait, rien ne bougeait, et on voulait que ça se sache », appuie encore un papa. « On s’est associé au collectif parce qu’il nous a vraiment semblé que les témoignages des autres parents étaient sincères et authentiques », enchaîne un autre.
« Ça déviait… »

Certains adultes sont revenus sur leurs déclarations, conscients de s’être faits « embobiner ». Et d’autres sont moins catégoriques. « On a vite quitté le groupe », entend-on à plusieurs reprises. « Je me doute que certains en ont rajouté, dit une autre prévenue. Ça déviait. A la fin ça parlait même de viol. Après, qu’est ce qui est vrai, qu’est qui n’est pas vrai ? »

Bien plus sûr de lui, le procureur rappelle qu’aucune des accusations prêtées au professeur arrêté depuis les faits n’ont pu être vérifiées. Et il tique sur un point. « Et ça ne vous a pas étonné que ce soit un professeur qui vous appelle pour constituer un collectif de parents ? Certains ont dit s’être faits rouler dans la farine. C’est bien M. Dumortier qui vous appelle ? On est d’accord, c’est ce même M. Dumortier qui dit à la gendarmerie "Moi je n’y suis pour rien"… », ironise le magistrat.

La procédure met effectivement en évidence un enseignant demandant lui-même de rédiger des lettres et animant en personne les rencontres de parents. L’homme en conflit ouvert avec l’autre professeur de 59 ans depuis avait aussi beaucoup parlé aux collégiens et aux médias. Mais qu’importe, il n’était pas personnellement inquiété pour dénonciation calomnieuse. Même donne pour le troisième professeur de sport, Thierry Carrère.
« Parents irresponsables »

Vers 21 heures, l’avocate des cinq personnels s’estimant calomniés a redit à quel point cette histoire avait « mis en charpie » ses clients. Particulièrement Claude Monferran, « complètement détruit psychologiquement et incapable de reprendre son activité d’enseignant », appuyait Me Laure Darzacq en évoquant des « parents totalement irresponsables », « qui ont loupé les fondamentaux de l’éducation ».

Dans ce procès de l’autorité et de l’école revues et critiquées par des parents d’élèves prenant fait et cause pour leurs enfants, majoritairement turbulents ou en difficulté, le procureur de la République a concédé que la plupart des signataires avaient « certainement cru bien faire ». Le magistrat a toutefois requis des peines d’amendes avec sursis pour « ceux qui se seront rendus coupables d’exagération manifeste, avec la volonté délibéré de nuire ».

Les six avocats des vingt parents représentés, dont un qui défend également les intérêts des deux autres professeurs de sport, ont ensuite plaidé « la bonne foi » de leurs clients. Le procès s’est terminé à 23h25. Le jugement a été mis en délibéré au 19 avril.

http://www.sudouest.fr/2016/03/02/biscarrosse-40-les-parents-d-eleves-repondent-a-l-accusation-de-denonciation-calomnieuse-2289197-3452.php

Messages

  • Pas seulement à Bsicarosse...!
    Dans le Lot, aussi :

    EN FINIR AVEC L’IMPUNITE DES CALOMNIATEURS !

    Le professeur titulaire en Histoire-Géographie arrivé en septembre 2015 au collège de Prayssac, également en service à Cahors, en charge d’environ 150 élèves, a été victime une semaine après sa prise de service d’une cabale menée par une petite camarilla de parents d’élèves du collège de Prayssac.

    Ces derniers ont produit quelques torchons, qui relèvent sur le plan strictement pénal, de la dénonciation calomnieuse.

    Ces pratiques tendent hélas à se développer dans l’Education nationale.
    Cette évolution ne sert pas l’intérêt général.

    De telles tentatives d’éviction d’un professeur compétent nuisent au service public d’éducation et donc aux familles.

    Nous exigeons qu’il soit mis un terme à l’impunité de ces individus, et que le professeur victime de cette triste compagnie soit pleinement réhabilité par son administration.

  • Certains parents d’élèves, de plus en plus nombreux, sont incapables d’éduquer leur progéniture. Il faudrait que l’administration le comprenne...

    • Arrêt des lynchages dans l’Education Nationale !

      Les enseignants livrés à la meute sans respect des principes de droit doivent être réhabilités. Je ne suis pas du tout certain que le SNES défende réellement les enseignants mis en cause dans l’exercice de leur fonction...

      "Profs trop payés", "pas assez d’heures de travail"...ca fait plus de 20 ans que ces campagnes de dénigrement de la profession sont organisés par les médias du capital et relayées par les associations de parents d’élèves.

      Il arrive hélas de plus en plus souvent que certains "parents d’élève" trouvent une compensation par rapport aux difficultés auxquels ils font face dans leur vie professionnelle et dans l’éducation de leur enfants, avec la complaisance de l’Education Nationale, en endossant le rôle de l’inspecteur (sans en avoir évidement ni les qualifications ni les prérogatives) en "se payant" un professeur, surtout si celui ou celle-ci s’obstine à évaluer le niveau de élèves de manière sincère.