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Caen : les contrôleurs obligés de compter les migrants à bord du bus

par Nowen Lejeune

Publie le mardi 3 mai 2016 par Nowen Lejeune - Open-Publishing

Caen : les contrôleurs obligés de compter les migrants à bord du bus

Par Nolwenn Le Jeune, France Bleu Normandie (Calvados - Orne) et France Bleu
mardi 3 mai 2016 à 8:00

La ligne 61 relie le centre ville de Caen à la gare maritime de Ouistréham.
La ligne 61 relie le centre ville de Caen à la gare maritime de Ouistréham. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

Des contrôleurs de bus obligés de compter le nombre de migrants présents à bord du bus. Ca se passe sur la ligne 61 qui relie le centre ville de Caen à la gare maritime de Ouistréham. La direction de la compagnie caennaise Twisto agirait à la demande de la préfecture du Calvados.

Les syndicats de Twisto n’en reviennent pas. Les contrôleurs de la ligne de bus 61, qui assure la liaison Caen-Ouistréham, sont obligés de compter les migrants. Ils ont porté l’affaire devant le CHSCT.

Des documents précis et sans équivoque

La CGT dispose de deux documents. Le premier est un tableau sur lequel les contrôleurs doivent inscrire le nombre de migrants contrôlés, et éventuellement verbalisés. Le terme "migrants" y figure clairement. Le second est une note manuscrite. La direction y demande à ses agents de "faire deux contrôles sur la ligne 61 par équipe. La préfecture nous demande de maintenir ce niveau de présence. Si vous suspectez la mise en place de squats, merci de remonter l’information (lieu précis)".

Le tableau distribué aux contrôleurs de bus sur la ligne 61. - Radio France
Le tableau distribué aux contrôleurs de bus sur la ligne 61. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

La note manuscrite émanant de la direction de Twisto. - Radio France
La note manuscrite émanant de la direction de Twisto. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

Un comptage qui dérange

La CGT dénonce une mesure inacceptable. Une mesure qui lui en rappelle d’autres : "Quand par décret le gouvernement de l’époque a réquisitionné des bus pour procéder à ce qu’on a appelé la rafle", s’emporte Thierry Poullennec, ancien contrôleur de bus aujourd’hui retraité. "Des agents nous ont alertés" explique Samuel Varnier, secrétaire CGT du CHSCT (comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail) de Twisto. "Ils sont très mal à l’aise, certains refusent d’ailleurs de faire ce comptage".

Samuel Varnier, élu CGT chez Twisto, et Thierry Poullennec, ancien contrôleur. - Radio France
Samuel Varnier, élu CGT chez Twisto, et Thierry Poullennec, ancien contrôleur. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

La direction de Twisto a assuré aux représentants du personnel qu’elle a agi sur injonction de la préfecture. Sur notre antenne, le préfet a réfuté toute injonction même s’il reconnaît une demande d’information.

"En tant que préfet du Calvados, je ne fais pas d’injonction aux personnels de Twisto, a précisé Laurent Fiscus. En revanche, les contrôleurs et les conducteurs de tous les transports publics peuvent apporter un certain nombre d’informations que ce soit sur les migrants ou d’autres problèmes. On demande qu’on nous le signale mais qu’on signale aussi d’autre sujets qui peuvent arriver. La police nationale et la police municipale sont là et ont besoin de ce type d’information."