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1er mai. "Il y avait tellement de lacrymogènes que les CRS eux-mêmes vomissaient"

par HUMANITE.FR

Publie le vendredi 6 mai 2016 par HUMANITE.FR - Open-Publishing
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"Je suis étudiante en anglais à Londres et je suis venue spécialement ce week-end pour défiler pour le 1er mai. J’étais au rassemblement de Nuit Debout samedi soir, qui s’est bien passé, et donc à la manif dimanche. Et ce que j’ai vu m’a vraiment choquée. Dans le trajet entre Bastille et Nation, les CRS ont choisi de couper le défilé en deux, officiellement pour séparer les casseurs des manifestants. Le déploiement de CRS était impressionnant, il y en avait au moins cinq lignes partout. Après avoir coupé la manif en deux, ils nous ont fait attendre environ 45 minutes, une heure, en nous faisant avancer, puis reculer. Forcément, ça s’est tendu un peu. Les CRS nous obligeaient à nous tenir à distance et ont commencé pour ça à lancer des grenades lacrymogènes. J’ai vu un homme d’une quarantaine d’années qui a été gazé, et s’est évanoui aux pieds des CRS. Les services de secours essayaient de le récupérer, mais dès qu’ils approchaient, ils recevaient des bombes à poivre. Il a fini par être évacué, mais dans une grande violence. Et, là où j’étais, des casseurs, je n’en ai pas vu. Pourtant, on a été gazés toute la journée... On a quand même fini par arriver à Nation. Les gens étaient plutôt tranquilles, discutaient dans l’herbe, distribuaient des tracts. Et d’un seul coup, les CRS ont décidé d’évacuer en gazant l’intégralité de la place, jusque dans les bouches de métro, pour faire partir les gens.

Je suis habituée des manifestations, à Lyon dont je suis originaire. Mais là, j’ai été vraiment surprise par la violence et l’utilisation des massive des lacrymogènes. Il y en avait tellement que j’ai vu deux CRS vomir. Et puis ils étaient extrêmement agressifs, certains matraquaient les gens. Voir tout ça un 1er mai, pour la fête du travail, un rassemblement traditionnel, bon enfant, tranquille, est très surprenant. Je n’avais vraiment pas prévu de passer ma journée avec les yeux en feu et envie de vomir.

Je suis retournée à Nuit Debout le soir, et là aussi, ça s’est dégradé. Je n’ai jamais vu une telle violence dans ma vie. Il y avait une vingtaine de casseurs qui provoquaient des cordons de CRS, qui étaient tout autour de la place. Ca s’est transformé en bataille rangée, les uns lançant des canettes ou des bouteilles, les autres des lacrymogènes. Et au milieu, les participants à Nuit Debout, dont je faisais partie, qui étaient entre les deux ’fronts’, les mains levées. A 22h30, un arrêté préfectoral a autorisé l’évacuation de la place. Et ça a été très violent. Au moins 500 à 600 CRS se sont avancés, des fonctionnaires de la BAC sont sortis de leurs rangs, nous couraient dessus avec des matraques, j’ai vu plusieurs personnes se faire frapper au sol, les insultes fusaient. Vers 23 heures, j’étais quelques rues plus loin. Et il y avait un peu une atmosphère de guerre civile. On voyait encore des petits groupes de CRS courir après d’autres petits groupes de jeunes. Au total, j’ai été choquée par la violence, des deux côtés, celle des policiers, et celle aussi d’une poignée de personnes, qui n’ont rien à voir avec Nuit Debout, mais profitent de ce rassemblement pour en découdre avec la police. Mais ce qui est sûr, c’est que plus il ya de policiers, plus la tension monte."

http://www.humanite.fr/1er-mai-il-y-avait-tellement-de-lacrymogenes-que-les-crs-eux-memes-vomissaient-606405

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