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Loi Travail : jusqu’où la crise ?

par JDD

Publie le dimanche 22 mai 2016 par JDD - Open-Publishing
4 commentaires

La rue grogne, la CGT appelle à la grève générale, des piquets de grève bloquent des raffineries, des casseurs mettent la police sur les dents. "Notre système est à bout de souffle", dénonce Thierry Mandon.

Et maintenant… les raffineries ! La moitié ouest de la France sous la menace de la panne d’essence et à l’heure des rationnements. Des queues impressionnantes ont commencé ce week-end en Bretagne, en Normandie, dans la Somme et le Nord. Vendredi, l’effigie de François Hollande a été brûlée à Albi. "Gardes rouges ou légions brunes, très mauvais présage", a twitté le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis, qui n’avait "jamais vu cela en France". À droite comme à gauche, dans les rangs des manifestants comme dans ceux qui dénoncent "la chienlit qui s’installe", tous sont d’accord pour décrire une situation "tendue".

Brûler l’effigie du président de la République à Albi : gardes rouges ou légions brunes ? Très mauvais présage.

"On danse sur un volcan…", admet un des leaders de la majorité, constatant qu’"il n’y a aucune porte de sortie". Certes, la grogne contre la loi travail faiblit par son ampleur, mais dans le même temps elle se durcit. C’est même le paradoxe de la situation actuelle : un mouvement de plus en plus impopulaire, comme le sont les casseurs, mais tout autant que la loi elle-même… Résultat, le gouvernement poursuit sa réforme (même si samedi un pas a été fait en direction des routiers avec promesse de sanctuarisation de leurs heures supplémentaires), et les manifestants demandent son retrait. Prochaine manif jeudi et affrontements à prévoir jusqu’à début juillet… Avec, dans l’intervalle, un Euro de foot, et des possibilités d’actions en mondovision.

"La CGT se bat pour sa survie"

La France s’installe donc dans une crise longue dont elle a le secret. Comment en est-on arrivé là ? "Suite à la droitisation du pouvoir en place, d’abord avec la déchéance de nationalité, puis sur le terrain social, un énorme espace politique s’est ouvert à gauche, et tout s’y engouffre, de Hamon à Mélenchon en passant par Montebourg", analyse le sociologue Michel Wieviorka. Selon lui, le discours de François Hollande, "la gauche, c’est moi", a fini de "radicaliser tout cet espace jusque-là en sommeil". Pour d’autres, le mouvement actuel s’explique avant tout par "l’agonie de la CGT, qui se bat pour sa survie, puisque, si la loi El Khomri passe, la centrale risque de tout perdre sur le terrain au profit de la CFDT…"

Pour Thierry Mandon, élu de banlieue depuis près de trente ans et ministre depuis deux ans, la crise à l’œuvre est "beaucoup plus profonde". Secrétaire d’État en exercice, il annonce au JDD qu’il remettra un rapport au président et au Premier ministre d’ici à la fin du mois. Selon lui, le mouvement trouve ses racines dans les ratés "de notre machine à décider"… "Notre système est à bout de souffle, obsolète, il faut avoir le courage de repenser notre façon de gouverner", dit Mandon, n’hésitant pas à reconnaître que la gauche, en 2012, "n’avait pas pris la mesure" des changements qu’il fallait conduire. "La gouvernance a été réformée dans toute l’Europe, et nous, en France, on est passé à côté de ce mouvement", regrette-t-il. Le ministre "des étudiants et de la connaissance" admet au passage que la loi El Khomri, "le moins que l’on puisse dire", est le produit de toutes ces dérives… Une critique venue de l’intérieur. Ferme et accablante à la fois.

http://www.lejdd.fr/Societe/Social/Loi-Travail-jusqu-ou-la-crise-786899

Messages

  • Après avoir écarté en avril l’idée de grève générale, Philippe Martinez, a appelé cette semaine à "généraliser les grèves".

    Est ce la panique d’un pouvoir aux abois ,du PS & de la bourgeoisie ?

    • il faut avoir le courage de repenser notre façon de gouverner", dit Mandon, n’hésitant pas à reconnaître que la gauche, en 2012, "n’avait pas pris la mesure" des changements qu’il fallait conduire. "La gouvernance a été réformée dans toute l’Europe, et nous, en France, on est passé à côté de ce mouvement", regrette-t-il.

      Je ne vois rien de concret ici mais toujours de la langue de bois du "changement pour rien changer" Mais je ne demande qu’à me tromper ! Faudra autre chose qu’une phraséologie sans contenu !

    • Tout compte fait, Mandron va voter Mélenchon !

  • comme l’a révélé l’utilisation du 49.3 , l’éxécutif "socialiste" ressemble de plus en plus à l’image de valls , cassant...Si la pression continue de monter et que ne nous cédons pas à une violence qui discrédite et dévoie la finalité de cette lutte . hollande retirera sa loi , ce qui entrainera la démission du gouvernement .Alors " cédant aux revendications populaires "il sera bien obligé de nommer un premier ministre engageant d’autres perspectives que celles voulues par la commission européenne et le medef.