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Mai 2016 : Le peuple français et son oligarchie

par CD

Publie le jeudi 26 mai 2016 par CD - Open-Publishing
2 commentaires

Mai 2016 : Le peuple français et son oligarchie

Il y a une ambiguïté dans l’expression "peuple français", évoquée pour le refus de 2005 (avec des votes de droite, de gauche et du FN) en rapport avec les recommandations de l’oligarchie de l’Union européenne. Aujourd’hui ceux qui luttent contre la loi El Khoury luttent d’abord contre une oligarchie nationale qui fusionne le MEDEF, le gouvernement pro-PS et les élites néolibérales du 1% d’en-haut. C’est secondairement que l’oligarchie de l’UE est visée et quand elle l’est, ce n’est pas en oubliant la nationale, façon FN.

En fait cette expression "peuple français" met avant soit une idée de "PEUPLE 100%" soit une dimension NATIONALE et, dans les deux cas, cela vient écraser la dimension SOCIALE (ie d’en-bas) au profit d’un "tous ensemble" unissant une fraction du peuple-classe 99% avec (et derrière) l’oligarchie nationale (une bonne ?) c’est pourquoi il faut préciser quel peuple lutte contre notre propre oligarchie (en plus de celle de l’Union européenne) car cette oligarchie essaie fatalement (pour continuer d’assurer sa domination) d’étendre sa base de soutien.

Cette oligarchie a plusieurs cercles de soutien, au-delà du premier cercle du 1% en-haut, au-delà du second cercle qui vise les couches sociales du dernier décile soit les 10% d’en-haut. Elle vise, en effet, à vouloir récompenser (faussement) les DCTE , à savoir les "dynamiques", les "compétents", les "travailleurs" et les divers "entrepreneurs" qui peuvent être de tout niveau économique.

Les autres membres de la société, autres que les "DCTE" (dynamiques, compétents, travailleurs, entrepreneurs) ne sont que des charges, des "bras cassés" (1994), des assistés (d’en-bas), des "pouvant rester collé au smic plus de 35 ans " (un smic non revalorisé voire à supprimer). Ils peuvent crever dehors comme précaire ou chômeur, avec la charité privée des bonnes âmes !

Et quand ils manifestent, ils ne sont que de la racaille ! Formule dangereuse car la dite racaille n’est plus celle réduite à la rapine mais des individus possèdent un certain savoir critique sur la société à défaut d’avoir une place protégée des agressions de ceux qui déploient ce qu’une littéraire a appelé il y a 20 ans "l’horreur économique".

48 ans après Mai 68 le peuple 99% mène une révolution d’un nouveau type !

Chris D

Messages

  • Le problème du souverainisme

    Idéologie d’un discours : Le souverainisme ne vaut et ne tient que par les échecs des partis de gauche (à gauche du PS), des syndicats de travailleurs, des forum alter-europe (Malmoë et Istanbul) et du mouvement altermondialiste face à l’intensification de la guerre sociale menèe par les petites minorités oligarchiques. C’est donc pour l’essentiel un discours de repli et une forme de cécité sur ce qui se fait en interne, car il y a accord sur le danger externe.

    I - L’effet convergent du double discours du souverainisme

    Le souverainisme- discours sur la souveraineté que l’on va discuter plus loin - met l’accent (en général) sur deux points : - l’un en interne sur la démocratie (réellement existante ie telle qu’elle se manifeste via ses élus ou plus rarement de façon réaménagèe ; - l’autre en externe contre un ennemi extérieur, par exemple l’oligarchie allemande ou l’oligarchie européenne (thèmatique de gauche) mais l’ennemi extérieur peut être "l’Allemagne" (globalement) ou les migrants (thématique de droite nationale).

    Ce faisant, le souverainisme - par ce double discours - recentre le discours et la vision du monde et de ses conflits sur la Nation, sur un "Nous" faussement uni et fraternel, au détriment du "social", montrant lui une conflictualité interne plus ou moins forte entre les classes sociales, entre la classe dominante et le reste de la société . Autrement dit le souverainisme montre un ennemi extérieur mais point d’ennemi intérieur et si exception il y a - ex Sarkozy -, alors ce ne sera pas l’oligarchie nationale (version gauche) mais plutôt (version droite extrême) les résidents étrangers, les jeunes des banlieues, les fonctionnaires en grève, la CGT , etc, bref des gens d’en-bas ! Il y a surtout donc oubli des rapports de force internes entre capital et travail (in Que faire de l’Europe ? Désobéïr pour reconstruire ATTAC et Fondation Copernic - page 104 - Ed LLL 2014). Et c’est un oubli grave dans la période de double agression du peuple-classe 99% !

    II - Souveraineté de quoi ? Lordon et Sapir 2013.

    Classiquement, en droit public et en science politique, on distingue "souveraineté de la nation" et "souveraineté du peuple" On doit à F Lordon sa réactualisation en disant que la première (la nationale) est "de droite" car la Nation comme tout abstrait se ramène en fin d’explicitation aux élus et aux élites qui commandent et reproduisent l’ordre néolibéral existant et la seconde (la populaire) est "de gauche" car le en-haut et le en-bas sont ici réintroduits au profit du peuple contre les élites et ici les élites ne sont que des commis devant satisfaire les besoins sociaux du peuple via des institutions comme le service public, l’appropriation publique, la planification démocratique, etc.

    Les position de JLM sont assez proches de cette conception . Ce n’est alors pas une minorité oligarchique prédatrice qui se sert d’abord (clientélisme et corruption) et qui devient "ploutocratie de marché" système qu’elle défend bec et ongles au nom de la liberté économique de l’entreprise mais l’activité d’une sorte d’élite bienveillante (éthique), tournèe vers son peuple dans toutes ses composantes. Mais l’infrastructure systèmique freine l’émergence de ce type d’élites "éthique" qui certes dominent toujours mais autrement, en "bon père de famille" comme disent les civilistes. Un "bon capitalisme" n’est plus guère concevable. Il faut en faire le deuil, tout autant d’ailleurs que du vieux socialisme bureaucratique façon Staline afin de s’aventurer sur des pistes nouvelles. L’alternative systèmique est faites des alternatives sectorielles cumulèes, massivement défendues par ceux d’en-bas, par les différentes classes et couches populaires.

    Revenons à F Lordon : Le problème dans la dynamique concrète actuelle est souligné par J Sapir (qui répond à F Lordon) qu’il faut d’abord la souveraineté comme condition d’une démocratie qui en quelque sorte ne vient qu’apès et pour un résultat variable (2013). Pour lui, "il n’y a qu’un souverainisme" et il enfonce le clou en disant qu’il n’y a pas fonctionnellement de différence radicale entre "souveraineté nationale de droite" et "souveraineté populaire de gauche" à ce niveau d’analyse.

    III - Sortir du souverainisme : voir les rapports sociaux et peser pour l’Alternative et les émancipations.

    Les souverainistes disent souvent "Il y a un "peuple français" en 2005 qui a refusé le TCE " mais il n’a pas forcèment refusé le mode de production capitaliste, soutenu par le MEDEF en France. Par contre il est possible de mobiliser un peuple-classe 99% contre les petites minorités oligarchiques, aussi bien celle de France que celle de l’Union européenne. Le registre de l’émancipation, même sommairement abordé, implique aussi d’intégrer la lutte antisexiste et antiraciste. Et là, sur le plan de la lutte contre l’islamophobie il convient de ne pas soutenir l’intégrisme musulman sexoséparatiste. C’est important de tenir les deux bouts de la lutte.