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"Salut les cons, passez-moi Staline-Martinez" : une journée au standard de la CGT

Publie le samedi 25 juin 2016 par Open-Publishing
11 commentaires

REPORTAGE - Alors que le mouvement contre la loi Travail se poursuit, le standard téléphonique de la CGT se retrouve assiégé d’appels de personnes insatisfaites. Le plus souvent sans faire dans la dentelle.

"Ça va faire une semaine que ça dure", râle Nickye, recroquevillée dans son fauteuil de bureau. Jeudi, au siège de la Confédération Générale de Travail, à Montreuil, le téléphone de l’accueil n’arrête pas de sonner. La standardiste prend une profonde inspiration avant de décrocher. "CGT, bonjour". Une voix nasillarde réplique du tac-au-tac : "Bonjour, je suis monsieur Connard, je viens m’inscrire à la CGT, je pense que j’y ai ma place", puis raccroche dans la précipitation. Nickye repose le combiné et sourit, un peu gênée : "Ça va, c’est gentil. D’habitude c’est plutôt : ‘Salope, on va venir vous démonter.’" 

Plus de 2.000 appels en une journée

Une bonne dose de calme. Voilà ce qu’il faut désormais pour répondre au téléphone du syndicat en duel avec le gouvernement sur la loi Travail. Depuis le durcissement de la ligne Philippe Martinez (blocage des raffineries, grèves reconductibles à la SNCF, appel à "amplifier les mobilisations"), celui-ci est littéralement submergé d’appels. Vendredi 27 mai, pendant l’épisode de la pénurie de carburant, plus de 2.000 appels ont été enregistrés, rapporte Rafik Mansouria, responsable de l’accueil du siège de la centrale. Le plus souvent sans faire dans la dentelle.

Un concentré de tension qui illustre la défiance que suscite le syndicat. Selon un sondage du Parisien, 63% des Français ont une mauvaise opinion de la CGT. Un climat d’exaspération qui se nourrit également d’absence de mesure de certains, comme le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui a comparé les méthodes du syndicat à celles de "voyous" et de "terroristes"

Entre bureau des plaintes, insultes et menaces, Nickye et Marie (les deux standardistes n’ont pas souhaité donner leur nom pour ne pas s’exposer davantage) sont aux premières loges d’un dialogue social plus que jamais grippé.

Motifs : "Insultes, essence, colère"...

Sur l’écran de la plateforme d’appel, on ne compte plus les numéros à six chiffres en train de clignoter. De toute manière, Nickye et Marie ont arrêté de compter. Il y a quelques jours encore, les deux standardistes noircissaient des pages et des pages avec les motifs des coups de fils relevés : "Insultes, essence, colère"… 

Cliquez sur l’image pour voir un exemple de relevé d’appels

(Axel Roux pour le JDD)

"J’ai jamais connu ça", souffle Nickye entre deux appels. Elle décroche à nouveau. "Coucou les enculés, vous allez continuer à prendre la France en otage encore longtemps ?", lance un homme avant de raccrocher aussi sec. Un autre, quinze secondes après : "Salut les cons, passez-moi Staline-Martinez". 

Au standard de la CGT depuis 1983, elle a eu son lot d’appels colériques à chaque conflit social. Ces derniers temps, elle l’assure, "c’est mille fois plus que d’habitude". Et pour cause, sur les réseaux sociaux, des messages incitent clairement à "faire sauter" le standard du syndicat. Un harcèlement qui n’est sans conséquence sur le moral des deux standardistes. "Les insultes, ça fait toujours mal. Vous avez beau faire, ça a dû mal à passer."

Du harcèlement passible de prison et d’amendes

Rappelons qu’en France, "le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité" est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende

Ce gigantesque défouloir frise parfois le cas psychiatrique. Comme avec cette personne qui appellera plusieurs fois pour chanter L’Internationale dans le creux du combiné :


"J’ai arrêté de compter les menaces de mort"

Si certains messages relèvent du canular potache - "Bonjour, je suis barbier, je viens raser la moustache de Martinez" -, d’autres sont en revanche plus inquiétants. "Mercredi, une personne a appelé pour dire qu’elle arrivait avec des copains pour tout casser", explique Marie, à l’accueil depuis une vingtaine d’années. La menace a été suffisamment prise au sérieux pour que le service d’ordre du siège soit réquisitionné et posté à l’entrée. 

Malgré tout, Marie relativise : "On en parle entre nous, mais ce n’est pas non plus la psychose". Nickye confirme : "J’ai arrêté de compter les menaces de mort. De toute façon, ils appellent mais ne viennent pas." Ce qu’elles redoutent plus en revanche, c’est qu’une personne mal intentionnée débarque sans préavis. Marie : "Il y a des caméras à l’entrée, si une bande arrive, la sécurité intervient vite. Par contre, un fou tout seul…"

Des témoignages très loin d’être anodins. En France, le fait de menacer quiconque de mort est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende

"Est-ce que vous pensez à vos enfants, Monsieur ?"

En dehors des insultes et des menaces, quelques personnes appellent parfois pour parler du mouvement social. Jeudi après-midi, les soutiens se comptaient sur les doigts d’une main. Laissant le plus souvent deux visions du monde suspendues au bout du fil : 

Marie : "Vous avez des vacances, une retraite… Vous pensez que cela a été obtenu comment ?

— Arrêtez, le contexte n’est pas le même. Vous pensez vraiment que les patrons licencient de gaieté de cœur ?

— Ce que je sais, c’est que cette loi donne trop de pouvoir au patronat.

— Mais on ne peut plus rien réformer en France... Regardez, ailleurs, tout bouge dans les autres pays.

— Peut-être, mais est-ce que vous pensez à vos enfants, Monsieur ? Vous aimeriez qu’ils soient des salariés jetables ? Je suis à dix mois de la retraite, je pourrais très bien laisser faire. Eh bien non, je me bats pour eux. Pour leurs acquis.

— Les acquis, les acquis... Je vais vous dire : mes enfants, j’y pense tous les jours. Aujourd’hui, je suis sûr d’une chose. Au moins l’un d’entre eux ira faire carrière ailleurs qu’en France..."

http://www.lejdd.fr/Societe/Salut-les-cons-passez-moi-Staline-Martinez-une-journee-au-standard-de-la-CGT-788755

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Messages

  • " Mais on ne peut plus rien réformer en France... Regardez, ailleurs, tout bouge dans les autres pays"... ça c’est une phrase type du BdB

    • Ouais...

      Tout bouge

      En Afrique, au Moyen Orient dans le monde entier tout bouge pour le plus grand bien du Capital et des USA et de Wall-Street.

      Et c’est c’est mêmes cons qui menacent des salariés au standard du Syndicat et qui envoient 20 euros en Ethiopie pour les emplâtres sur les jambes de bois coupées avec les avions de Dassult, ou qui alimentent les caisses de la Ligue contre le cancer pour enrichir Big Pharma.

      Finalement je me demande si avant de changer quoique ça soit il serait pas mieux d’aider tous ces connards incultes à tomber au fond du trou. Y aurait qu’à laisser glisser. Comme dans une cuvette de W.C.

      Parce que si tu change quelque chose aujourd’hui en bien pour eux ils sont capables d’en gratifier l’extrème droite et de te virer pour une MLP...

      Demain ils regarderont ces pourris nous fusiller en bloc en applaudissant pour nous faire payer le litre de super qui leur aura manqué pour aller voir l’Euro de Foot.

      Comme disait quelqu’un de réaliste : Il leur manque un peu d’Hitler ou de Daesh au cul pour comprendre ou ça fait VRAIMENT mal.

      Et la pauvre standardiste qu s’inquiète pour "leurs petits enfants".

      Elle a tort : Des cons pareils ça ne peut que faire pire qu’eux comme descendance.

      Des esclaves et des prostituées.

      Vaï Tutti Fanculo !!!!

      Pauvre France.

      G.L.

    • Tout bouge !!

      On peut jeter un coup d’œil sur les réactions payantes et la haine des abonnés du Monde contre la CGT afin de comprendre qui sont les abonnés du Monde et comment ils pensent .

      Il parait que le modérateur du Monde a supprimé certaines réactions les plus extrémistes des militants du FN ou des amis de Valls !

      http://www.lemonde.fr/economie-francaise/reactions/2016/06/25/le-siege-de-la-cgt-a-montreuil-vandalise_4958166_1656968_2.html

  • Hier, vendredi 24 juin 2016 dans l’après-midi à Paris, Rue de Parme à côté du Commissariat où est retenu Adil le postier, sur le trottoir on peut entendre un homme dire : "Je suis patron ; il faut que les grèves s’arrêtent !", et un autre encore plus extrémiste : " Y en a marre ! Y nous emm. ! ça va finir par des bruits de bottes !"...Un soutien lui répond avec humour : " Les bruits de bottes ils sont déjà là" ; en effet la centaine de soutiens pour Adil devant le commissariat est déjà entourée de très nombreux membres des forces de l’ordre.... Il apparaît de plus en plus clairement que le gouvernement actuel est un mélange de capitalisme et de fascisme : Il réprime la contestation d’un côté, il entraîne une partie de la population vers le fascisme de l’autre ; alors comment s’étonner que comme par hazard les vitres de la CGT aient volés en éclats ? C’est dans la droite ligne de la désinformation qui se répand autour du gouvernement. Que d’histoires de vitres !! : Vitres des banques qui volent en éclats pendant les manifestations, vitres de l’Hopital Necker, vitres de la CFDT Boulevard de la Villette, et maintenant vitres de la CGT à Montreuil ; une sorte de guerre des vitres a lieu, mais les vitres brisées de la CGT ressemblent fort à un réglement de compte contre la contestation ; alors que les autres vitres brisées étaient le fruit de la contestation. Ce n’est pas pareil ! Ne nous laissons pas abuser encore une fois. Ne tombons pas dans le piège des manipulations d’un pouvoir aux ramifications de plus en plus dictatoriales. Au fond la contestation de ces derniers mois vise à plus de justice sociale, et c’est cela qui dérange le pouvoir qui réprime et avec lui l’ensemble des forces réactionnaires. Justice sociale d’un côté, dictature de l’autre. Voilà la situation actuelle ! Voilà le défi que nous devons relever sous peine de nous faire totalement écraser.

  • Entre parenthèse, et pour soulager un peu nos camarades standardistes, je ne comprend pas pourquoi la Conf n’a pas installé un filtre qui déclare avant toute prise de communication : "Vote appel pour des raison de sécurité sera enregistré".

    Et pourquoi tous les appels ne font pas l’objet d’un enregistrement automatique comportant le numéro qui est à l’origine de l’appel. Et que ne sont pas rejetés les numéros sous "x".

    Un, ça serait dissuasif, même s’il y a des moyens de contourner, que peu connaissent.

    Deux, ça permettrait de cibler les cons et les malveillants à travers les divers annuaires.

    Il faudrait un peu sortir du monde des jeux de rôle virtuels et comprendre qu’on est en guerre. Pour de bon.

    G.L.

  • PAUVRE CON TOI-MÊME : quand les capitalistes n’auront plus besoin de toi comme larbin nettoyeur de chiot , ils te jetteront à la poubelle . Salut chien des quais .

  • La CGT a prouvé une fois de plus qu’elle est l’organisation qui défend le mieux les salariés mais aussi la démocratie et les libertés en France . Alors comment se fait il qu’il y ait tant de menaces et d’invectives contre la CGT ?

    Comment se fait il qu’il y ait tant d’articles contre la CGT afin de soutenir les puissants , les milliardaires , ceux qui licencient et délocalisent , ceux qui emploient la répression et le mensonge contre les salariés et les ouvriers ?

    Comment se fait il qu’il y ait tant de commentaires réactionnaires sur les journaux comme le Monde , le Figaro , le JDD,l’Express etc , pour justifier les menaces et les injures contre la CGT le premier syndicat de France, ?

    Est ce l’effet de la manipulation continue et des mensonges au quotidien des medias de masse ?
    Est-ce la servitude volontaire ?