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BREXIT : le bal des démagogues

par Charles

Publie le lundi 27 juin 2016 par Charles - Open-Publishing
8 commentaires

Le référendum organisé au Royaume-Uni a donné une majorité pour quitter l’Union européenne. C’est une victoire pour tout ce que la Grande-Bretagne et l’Europe compte de réactionnaires anti-immigrés, de nationalistes et de souverainistes. Et il suffit de voir la mine réjouie d’une Marine Le Pen pour comprendre que cela ne va pas dans le bon sens.

Dans ce référendum, les intérêts des travailleurs n’étaient représentés ni par un camp, ni par l’autre. Le camp du « in » défendait l’appartenance à une Europe faite pour les capitalistes et les banquiers. Les travailleurs conscients d’avoir affaire à une caste politique et à des institutions qui n’ont jamais été de leur côté ne pouvaient pas l’approuver.

Mais se ranger dans le camp du Brexit revenait à conforter le vote anti-immigration et raciste et à cautionner les calomnies déversées sur les immigrés accusés de profiter des aides sociales et de prendre l’emploi des Britanniques. C’était, dans les deux cas, un mauvais choix.

Le monde ouvrier a déjà perdu beaucoup car la campagne pour le Brexit a aggravé les divisions qui opposent les travailleurs britanniques aux travailleurs européens ; les immigrés de longue date à ceux récemment arrivés. Cette évolution réactionnaire est un danger qui menace tous les travailleurs d’Europe.

Partout, l’extrême droite propose de suivre l’exemple britannique. C’est le cas du Front national qui agite le chiffon rouge de l’immigration et fait de Bruxelles le bouc-émissaire de tous nos maux pour vanter le retour à la « souveraineté nationale ».

Mais que peut signifier cette souveraineté nationale pour les exploités quand leur emploi, leur salaire, leur retraite sont dépendants du bon vouloir patronal ! Et comment peut-on croire que le retour au franc améliorerait le niveau de vie des travailleurs quand les patrons n’ont de cesse de le baisser !

Que ce soit dans l’Union européenne ou en dehors, un banquier reste un banquier, un patron reste un patron. Faire croire aux travailleurs qu’ils pourraient échapper à l’exploitation ou trouver un peu
de protection auprès de leur État national est un leurre.

Sur le plan économique, le « divorce » engendré par le Brexit ne sera que de pure forme. Les capitalistes britanniques et européens ont intérêt à préserver leurs relations économiques. Dès demain, ils s’activeront pour que leurs représentants politiques écrivent d’autres traités et signent d’autres accords. Mais, pour les exploités, ce sera toujours le même chantage à la compétitivité.

Si les travailleurs se laissent détourner de leurs intérêts de classe avec de faux débats, ils seront toujours perdants. Et ils risquent de l’être une fois de plus, avec la nouvelle vague spéculative que le Brexit a déclenchée. Car nous avons vu comment la tempête boursière de 2008 a débouché sur une crise économique mondiale, payée par les travailleurs au travers des licenciements et des fermetures d’usines.

Les politiciens britanniques sont aussi menteurs et démagogues que ceux d’ici. Boris Johnson, l’ancien maire de Londres, qui était il y a quelques années partisan de l’UE, s’est transformé, le temps de la campagne, en un de ses plus farouches adversaires. Maintenant que le Brexit est voté, il est beaucoup moins pressé de quitter l’UE ! Ce Monsieur est en effet surtout pressé de remplacer David Cameron au poste de Premier ministre.

On pourrait en dire autant de bien d’autres, ici en France. Le rejet des institutions européennes sert de tremplin pour accéder au pouvoir. Il faut se méfier comme de la peste de ces démagogues qui détournent la colère sociale des véritables responsables et qui distillent le poison de la division dans la classe ouvrière.

La seule façon d’aller de l’avant est de préparer les travailleurs à combattre leur ennemi intérieur, les patrons, leurs gouvernements et leur système. En s’unissant, quelle que soit leur nationalité, ils représentent une force capable de se défendre. C’est sur le terrain de la lutte de classe que se jouent les intérêts des exploités. C’est sur ce terrain qu’ils doivent se battre.

LO L’éditorial du lundi 27 Juin 2016

Messages

  • J’ai lu cet article avant d’en découvrir l’auteur. Pas de préjugés donc. Je ne peux que souscrire à 100 pour 100

  • D’après certains, la sortie de l’Union Européenne pourrait placer directement la Grande Bretagne dans l’orbite de l’impérialisme américain avec le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, constituant un bloc impérialiste agressif.
    Il est vrai qu’Obama a nettement pris position contre le Brexit mais Trump s’en est bruyamment félicité.

  • gravissime un tel aveuglement lutte ouvriere est vraiment au fond du trou

  • http://laregledujeu.org/2016/06/25/29456/bernard-henri-levy-etrange-defaite-a-londres/
    Si on considère BHL comme une sorte de boussole qui indiquerait le sud, on devrait se féliciter du Brexit.

  • Toutes les banalités qui font de LO un représentant d’une idéologie figée depuis des décennies dans les mêmes catégories d’analyse.

    Si on en croit cet article, la géographie du vote britannique ferait des plus pauvres les meilleurs défenseurs du capitalisme mondial. Autrement dit, ce sont vraiment les plus incultes et les plus abrutis qui ont voté OUI !

    Non, la réalité n’est pas si stupide et le vote britannique incite à une réflexion moins sommaire.

    De manière récurrente, les référendums successifs ont donné une majorité de non à la politique européenne et tous ont été récusés. Qu’en sera-t-il du vote britannique ? tous les espoirs sont permis pour ceux qui détiennent tous les pouvoirs nationaux et européens.

    Mais ce refus persistant des peuples doit cependant être pris en compte. Il arrive un moment où le déni de démocratie n’est plus supportable. Et tous ceux qui ont voté non doivent être respectés.

    Si aucune perspective révolutionnaire ne se greffe sur ce mouvement d’opposition, oui le désespoir et la soumission seront facilement exploitables.

    • Les plus pauvres, en Angleterre et au Pays de Galles, ont voté consciemment ou non, pour un capitalisme plutôt "national" que mondial. On peut certes le regretter mais la crainte d’une concurrence avec les immigrés a indéniablement joué.
      En tout cas, ni le IN ni le OUT n’étaient des votes anticapitalistes. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on a obligatoirement une conscience de classe, on en sait quelque chose en France ! Tous les gens cultivés ne sont pas non plus des révolutionnaires prolétariens internationalistes.

    • Ne pas comprendre que toutes les poussées nationalistes en Europe, dont le brexit n’est un exemple, ne renforcent pas, loin de là, le camp des travailleurs, c’est étonnant pour un marxiste.
      Plus que jamais, c’est la perspective communiste internationaliste qui doit être défendue et le moins que l’on puisse dire c’est que les ressorts déterminants du brexit ne vont pas dans ce sens.
      Les courants d’extrême-droite, à commencer par ceux de GB ou le FN en France ne s’y trompent pas. Ils vont continuer de détourner les colères des exploités contre les travailleurs d’autres pays en protégeant leurs vrais ennemis, leur propre bourgeoisie et le système capitaliste.

      Alors, parler de "banalités", pourquoi pas, si c’était vrai ?
      Il n’en est rien hélas et une grande partie du mouvement ouvrier continue de véhiculer des illusions souverainistes, protectionnistes, voire xenophobes au sein des classes populaires...et ces diversions propagées par les réformistes, en GB ou en France, c’est aussi une "ideologie figée depuis des décennies", et celle là est un poison mortel pour la classe ouvrière si elle se laisse duper par des démagogues d’extrême-droite, de droite ou...de gauche.