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Turquie : qui sont les 50000 personnes frappées par la purge ?

Publie le mercredi 20 juillet 2016 par Open-Publishing
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Le tribunal d’Istanbul hautement gardé par des policiers, quelques jours après le coup d’Etat manqué en Turquie.BULENT KILIC / AFP

Médias, enseignants, policiers, fonctionnaires... 50 000 personnes ont été limogées ou suspendues en Turquie, en réaction au coup d’Etat manqué. Et au moins 25 000 sont poursuivis par la justice.

15 000 personnes arrêtées, 25 000 poursuivies par la justice, 50 000 limogées ou suspendues... Les purges opérées par le pouvoir turc depuis la tentative de coup d’Etat frappent des pans entiers de la société, de l’armée aux médias en passant par le monde de l’éducation. Ces chiffres sont provisoires, et risquent d’évoluer à la hausse dans les prochaines semaines. Mercredi, ces mesures ont été jugées « contraires » à l’Etat de droit, selon le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel.

Alors que le président Recep Tayyip Erdogan évoque un possible rétablissement de la peine de mort, l’épuration cible des proches présumés du prédicateur musulman Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999, accusé d’être l’instigateur du putsch.

Mercredi, le quotidien turc Hürriyet chiffrait à 48 800 le nombre de personnes limogées ou suspendues. Au moins 15 000 ont été emprisonnées, via le régime de la garde à vue ou en détention préventive. Et au moins 9 322 militaires, magistrats et policiers, auxquels il faut ajouter 15 200 employés de l’Education nationale ont fait l’objet d’une « procédure judiciaire », d’après le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus. On ignorait dans l’immédiat si ces personnes étaient comptabilisées dans les 48 800 personnes, un chiffre qui pourrait donc grimper.

Education, police, armée, et justice sont les plus durement frappés

Education. Le monde de l’éducation paye le plus lourd tribu avec 38 500 personnes limogés, dont 15 200 fonctionnaires du ministère de l’Education nationale qui font l’objet font l’objet d’une procédure judiciaire. Les missions à l’étranger des universitaires sont également interdites.

Police. La police est également durement frappée : 8 000 policiers ont été limogés et 6 000 placés en garde à vue.

Armée. L’armée, dont un groupe est à l’origine du coup d’Etat, voit 6 000 militaires placés derrière les barreaux. Sans compter les 118 généraux et amiraux placés en garde à vue, soit un tiers des 360 officiers de ces rangs.

Justice. La justice n’est pas épargnée : environ 3 000 juges et procureurs sont visés par un mandat d’arrêt. A noter que le vice-président de la Cour constitutionnelle a été également arrêté. Ce qui n’est pas anodin, lorsqu’on sait que cette Cour est censée examiner (avec le Parlement) l’éventuelle proposition de rétablissement de la peine de mort.

Médias. Enfin, dans les médias, 24 chaînes de télévision et de radio ont perdu leur licence d’émettre. Le Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) a estimé que ces médias soutenaient le « FETÖ/PDY », acronymes désignant le mouvement de Gülen. 34 journalistes, considérés proches de ce religieux, ont également été privés de leur carte de presse. En mars dernier, le quotidien Zaman et l’agence de presse Cihan avaient été saisis et leur direction confiée à des administrateurs de l’Etat.

Bilan des purges (mercredi 20 juillet)

Limogées ou suspendus

 Education

 21 000 enseignants du secteur privé perdent leur licence et reçoivent interdiction d’exercer (Hürriyet/AFP)
 15 200 employés de l’Education nationale sont renvoyés (également poursuivi par la justice, selon AFP), dont 95 rien qu’à l’université d’Istanbul (TRT)
 1 577 doyens et recteurs d’universités publiques et rattachées à une fondation privée (Anadolu/AFP)

 Ministères

 9 000 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur (dont 8 000 policiers) limogés (AFP)
 500 fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses (AFP)
 200 (AFP) à 257 (Reuters/AP) agents des services du Premier ministre
 100 agents du renseignement (Reuters)

 Médias

 34 journalistes ont perdu leur accréditation (Anadolu/AFP)
 24 chaînes de télévision ont perdu leur licence d’émettre (Anadolu/AFP)
 Un nombre inconnu de journaux n’ont plus le droit d’émettre (Anadolu/AFP)

En prison

 Armée : environ 6 000 militaires arrêtés

 6 000 militaires (AFP)
 118 généraux et amiraux (Anadolu)

 Police et Justice : environ 10 000 personnes arrêtées (AFP)

 6 890 policiers
 2 854 juges et procureurs

Entre les mains de la justice

 15 200 fonctionnaires de l’Education nationale (AFP)
 9 322 (au moins) militaires, policiers ou magistrats (AFP)

http://www.leparisien.fr/international/turquie-qui-sont-les-50000-personnes-frappees-par-la-purge-20-07-2016-5982281.php

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