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Cette abominable violence policière…

par Paige Aylan Palmer

Publie le vendredi 22 juillet 2016 par Paige Aylan Palmer - Open-Publishing
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Ce matin, nous avons appris qu’un jeune homme de 24 ans, Adama Traoré, trouvait la mort à la suite d’une interpellation à Beaumont Sur Oise. La mort, me direz-vous, n’a, en soi, rien d’extraordinaire : la faucheuse finira bien par nous rendre visite et nous décoller à la vie. Cependant, cette mort s’inscrit dans une longue liste de morts devenues ordinaires, largement commentées et analysées lorsqu’il s’agit des USA mais très peu relayées et critiquées avec la même verve lorsqu’elles se passent sur notre sol. “On est pas aux Etats Unis, quand même”. Ouais et alors ? Alors, rien.

 

Qui était Adama Traoré ? Un homme noir de 24 ans, interpellé par les forces de l’ordre, fugitif avant de se rendre finalement et de mourir en garde à vue. D’après tous les témoignages récoltés par ses proches ainsi que des témoin, Adama aurait été passé à tabac avant de rendre l’âme. Le jour de son anniversaire. Et depuis ce matin, les témoignages à se tordre de tristesse pleuvent.

L’histoire vous rappelle quelque chose ? Beaucoup pourraient soupirer un « oui », prononcé tête baissée et dans la douleur. Actuellement, je ne suis capable de répondre qu’avec une rage dont je sens la force jusque la pointe de mes doigts et que seule l’écriture d’un billet pourrait calmer. Jusqu’au suivant. Puis au suivant, au suivant, toujours au suivant, encore au suivant jusqu’à perdre complètement espoir, jusqu’à me sentir couler dans une mare de pessimisme dans laquelle nos cris semblent inaudibles. Entre temps, on tentera par tous les moyens de nous calmer. On entendra tout et n’importe quoi, depuis la bouche de n’importe qui, en taisant la parole des principaux concernés, certainement parce qu’on n’aime pas les écouter les principaux concernés. On sait tellement mieux que les principaux concernés, trop émotifs et virulents. Et puis, depuis quand est-ce que ça compte, dans l’univers « médiatico-journalistico-mediatique », la parole des concernés ?

 

Arrivé à ce point, j’ai deux choix. Je pouvais me livrer à une analyse de cette triste nouvelle affaire, une de plus, en reprenant à mon compte ce qui a été déjà dit et répété à maintes reprises, en critiquant la couverture médiatique mais ce serait vous offrir une subjectivité des plus arrogantes et intervenir dans une histoire dont je ne suis que simple spectateur horrifié. Je préfère prendre un recul et apporter mon propre témoignage sur ce qu’il convient d’appeler les violences policières. Je ne souhaite pas récupérer ce drame pour m’assurer une quelconque promotion personnelle, argument sans cesse répété à l’encontre de ceux dont on veut accabler le témoignage et déformer la démarche. Je souhaite, exceptionnellement, vous livrer ici mon récit, basé sur ma réalité personnelle, mon cœur et ma chair, afin de lever le voile sur ce qui se passe et dont on ne parle qu’avec détachement et mépris. Par mesure de sécurité préventive, je tiens à préciser que, même si « nous ne sommes pas aux USA, quand même ! », je vais faire usage des mots blancs, racisé-e, de couleur et autres qualificatifs qui donnent la nausée à beaucoup de gens. Mais, comme je le dis assez souvent, la vérité vous libèrera… Enfin après vous avoir foutu les nerfs, quand même.

 

Je suis ce qui convient d’appeler un arabe « pas comme les autres » : dans l’espace public, j’ai souvent échappé aux doux qualificatifs de racaille ou de lascars, voir même de beur, probablement à cause d’un faciès lisse et d’un comportement tout aussi lisse, à la masculinité approximative, ce qui rassure encore pas mal de monde. Le genre d’arabe qu’on brandi avec fierté pour contrer la caricature de l’arabe méchant et terrifiant, ignorant à quel point ce procédé est raciste, condescendant et méprisant. Le genre d’arabe qui aurait pu toucher un pactole en embrassant une carrière d’arabe républicain de service pour la droite comme pour la gauche. Si je n’avais pas de conscience…

J’ai grandi en banlieue, auprès de personnes de toutes origines, dans un paradis de la carnation pour toute maquilleuse moderne, là où seul ce qu’on est à la face des autres, connu ou inconnu, compte.

Loin de moi l’idée de justifier le comportement que je souhaite dénoncer mais je tiens à préciser encore que je n’ai jamais été l’image type de l’arabe de banlieue dont sont friands nos médias et nos politiques (ne détournez pas le regard, vous savez bien de quoi je parle. Allez, un petit effort…). Je pensais, dans mes années de délicieuse ignorance, que ce statut d’arabe rassurant constituerait une protection qui m’éviterait bien des bricoles puisque je n’étais pas eux ! Comme je me trompais : étant arabe aux yeux de certains avant d’être un citoyen, j’étais par essence le véhicule de bons nombre de fantasmes, jamais articulés avec mon consentement ou à ma gloire.

Dvd is the new VHS. Vous la voyez, ma superbe arme du crime ?

Cela a commencé par une soirée où je rentrais d’un vidéoclub après avoir loué une VHS d’un concert en la compagnie de mon meilleur ami. Nous avions décidé de nous poser sur un banc un court instant avant d’aller regarder notre chère cassette. En pleine discussion sur un sujet dont je ne me souviens plus, je lâchai un « c’est bon ! » qui, hasard malheureux de la vie, fut interprété comme un « sale con ! » par un passant qui faisait son jogging. Rapidement, nous nous embrouillons jusqu’à ce que le jogger finisse par reconnaitre ses torts, allant jusqu’à sourire mais c’était trop tard : une voiture de la bac passant par là, il fallait intervenir. En moins de deux minutes, ma tête de mes quinze ans a reçu un coup de matraque et je me suis retrouvé sur le sol, serrant contre moi ma VHS empruntée tandis que mon meilleur ami, un blanc qui pourrait passer pour le fils de Nicole Kidman, était écarté et avait le droit à un interrogatoire bien plus respectueux. Le jogger tenta de s’interposer en nous défendant. On réfuta sa parole – “c’est de la racaille” – et on me confisqua la casette dans laquelle on voulait voir si je ne planquais pas une arme. Malheureusement pour les policiers, on me rendit ma VHS, accompagnée d’un « mouais… » imprégné de doute : un adolescent, arabe, qui loue un concert n’a jamais le droit de convaincre totalement de son innocence. Le jogger disparu et une femme, à qui je dois bien plus qu’une boite de chocolats, vint prendre notre défense. Immédiatement, elle évoqua une intervention abusive, qu’elle avait suivie depuis sa voiture avant de nous rejoindre. La scène, avec le recul, était drôle. Du moins, aujourd’hui, c’est avec cette observation que je tente de colmater ma peine encore vivace. Face à elles, on ne mouftait pas, on gardait son sang froid et j’eus même le droit à un « salut les jeunes ! » balancé en toute légèreté par le policier qui m’avait matraqué, sensé enterrer les coups que j’avais reçu et certainement jouer le rôle de l’excuse qui n’a pas eu lieu.

Le reste de l’histoire importe peu. En revanche, ce qui a germé en moi depuis ce jour et qui n’a cessé de grandir à la suite d’événements quasi similaires compte et comptera toujours. Parce que figurez-vous qu’un événement de ce genre là, ça ne s’oublie pas. Pour évoquer ce soir là, je n’ai jamais parlé de violences policières, de bavure, de brutalité. Pendant longtemps, j’y ai fait référence sous le nom de « l’embrouille » car, au fond, j’étais dans le brouillard le plus complet. Pendant longtemps, je me suis interrogé sans interroger ceux qui se sont fait plaisir sur mon dos pensant que j’étais seul responsable de mon propre épisode malheureux. Pendant longtemps, je me suis détesté, méprisé dans ce que j’avais, consciemment ou non, donné à voir de ma personne, me demandant pourquoi Rémi, David ou Flavien (mes amis d’enfance, très corps traditionnel français et je ne m’en excuse pas) n’avaient jamais subi d’expérience comparable. Pendant longtemps, je me suis trouvé des torts parce que j’étais élevé au pays de l’égalité et qu’il était impensable pour moi que des agents de l’état puissent être du mauvais côté. Je crois même avoir pensé, l’espace d’un instant, que j’aurais été de ceux qui disent aujourd’hui, pour couper court à toute autocritique que nous n’étions pas aux USA, quand même.

 

Flash express : nous retrouvons au beau milieu des années 2000, cinq ans après mon infortune. Depuis, j’ai cumulé des expériences désastreuses avec la police mais, dans mon malheur, je me suis éduqué en prenant connaissance de l’existence de cas de brutalités policières. Je ne me reprochais plus rien même si je savais que je demeurais perdant quoiqu’il arrive alors je tâchais au maximum de ne rien laisser arriver. Quand on laissait passer la foule en gare Saint Lazare mais qu’on filtrait les arabes et les noirs, comme un coup de peigne dans une chevelure parasitée par des poux, pour nous fouiller, je la fermais. Quand un flic me reprenait, pour une clope mal éteinte ou un objet jeté dans une poubelle qui finissait par glisser vers le sol, à base de propos hallucinants par leur liberté de ton et leur racisme (« tu t’es cru chez ta mère ? » , « Hey Zoubida, tu t’es cru au bled ? »), je la fermais. Quand on m’interpellait avant de me déshabiller jusqu’au caleçon (Quartier de l’Opera) parce que j’avais le malheur de passer un portique en gare du nord et de me faire bousculer par une tête blonde qui profitait de mon passage sans mon consentement, je fermais ma gueule. Quand, sur l’esplanade de la défense, on me contrôlait juste avant le boulot et qu’on se permettait de fouiller ma sacoche, mes poches et même le contenu de mon paquet de clopes, je la fermais. Quand une dame se faisait arracher le sac à cent mètres de moi par un blanc et qu’on se jetait littéralement sur moi (malgré les cris de la victime qui leur disait « mais non, c’est pas lui, c’est pas lui ! ») pour me foutre la paix après m’avoir quand même contrôlé avec brutalité sans même s’en excuser, je la fermais. Quand, surpris de me voir seul à manger une glace en lisant un magasine pour ados sur un banc du parc de Bercy comme tant d’autres on me contrôlait sans justification, je la fermais. Et quand un flic décelait un peu de rage et de tristesse en moi et qu’il me disait “si t’es pas content, va te plaindre mais qui va te croire, hein ? Qui va t’écouter ?” en riant devant ses collègues, je la fermais et je souffrais en silence sans établir de contact avec le monde extérieur par peur de croiser ce regard compatissant mais qui enferme dans le désespoir.

Vous dire pourquoi je la fermais relève d’une seule chose : la famille. Désolé mais, pour moi, la garde à vue ne figurant pas au rang des objectifs à atteindre, j’ai toujours refusé d’empirer ma situation car je n’avais pas les moyens de me battre. J’ai grandi avec des parents humains et respectueux de la Sainte République égalitaire, bernés par l’illusion de la justice, au point d’intérioriser la même culpabilité qui était la mienne. Finir en garde à vue signifiait finir en garde à vue, une action qui n’a pas le droit à un autre chose qu’un arrière goût amer d’échec. Parce qu’on a tous grandi avec une idée, ma foi très fermée, sur le rapport à la Police, cette institution qui nous protège tous, s’occupe d’arrêter les malfrats, de nettoyer les rues, blablabla…. Parce qu’on a intériorisé la loi du cliché, pensant que la police a le droit de mal me traiter parce que j’ai le tort d’avoir la même couleur que ceux qu’on pointe du doigt ou de venir d’un endroit pensé comme siège social de la délinquance d’île de France. Et puis, j’étais déjà incarcéré dans un fantasme injuste et sale, pourquoi prolonger l’incarcération “pour de vrai” ?

Je vais vous faire une confession honteuse : sur la question du rapport à la police, j’ai longtemps souffert du syndrome de Stockholm, leur trouvant des justifications quand il n’y avait que matière à s’indigner. J’avais intégré le fameux « et on s’etonne après qu’ils soient racistes », horrible raisonnement par la culpabilité où à force de clichés, on finit par se nier dans ses droits juste pour sauver sa face et se sortir du lot. Être le bon citoyen, arabe lisse, si l’on veut. Avoir tellement envie et besoin d’être respecté qu’on arrive à tout tolérer à commencer par le pire… Quand un flic m’interpellait en plein été et, devinant que je n’étais qu’une taffiole, je riais à ses blagues profondément homophobes et racistes ; quand il me palpait en me parlant de la gay pride en toute légèreté et me traitant de tous les noms, m’informant au passage qu’il savait que j’aimais ça, je prenais son parti contre moi. Quand l’un d’entre eux, après contrôle, devinais que je n’étais pas de la norme sexuelle majoritaire, se prenait de sympathie pour moi et mon sort de pédé de cité (“mon pauvre, j’imagine ces racailles qui doivent te harceler, tu devrais t’en plaindre….”) je prenais son parti. Quand un flic allait jusqu’à fouiller ma play list sur mon Iphone (rue de Maubeuge, Gare du Nord), émettant des commentaires salaces sur mes choix musicaux, je la fermais et je prenais son parti. Tout ça au nom du “ferme ta gueule, ça t’évitera des emmerdes”.

Puis, j’en dégueulais de rage, quand j’étais seul en face à face avec ma conscience, mais avais-je d’autre choix que de me plier à l’autorité en essayant de me mettre à leur place ?

 

Puis sont venues les premières affaires de violences policières en banlieue. Terrifiantes. Même si j’étais un arabe lisse, un arabe pédale avec de l’argent sur lui, qui jouait les folles devant les flics pour s’éviter un contrôle abusif – une taffiole n’est capable de rien de bien dangereux, c’est bien connu -, j’apprenais que j’avais échappé à la mort. Les choses pouvaient en arriver jusque là. La tentation de fuir me brulait à chaque fois, mais je préférais tout sauf perdre ma vie car je savais que la mort pouvait m’arrêter dans ma fuite.

Parce que, quoi qu’on en dise, dans le rapport à la police, on est toujours du mauvais côté quand on est racisé. Le rebelle, celui dont on dira qu’il a osé un affront, un outrage, celui dont on ne minimisera jamais les actions dans les chroniques, celui dont on ne peut accepter le statut de victime, sera moi. Et la police, quand elle faute, aura le droit à tous les euphémismes, tous les dédouanements possibles. Doit-on encore parler des policiers qui ont été acquittés dans des histoires de meurtres ?

Pourquoi est-ce que des jeunes racisés sont prêts à tout pour échapper à un contrôle de police ? Tout simplement parce qu’on sait qu’on sera toujours perdants. Parce que dès le premier contact, on sait parfaitement qu’on a tout contre nous et on ne remerciera jamais toute la propagande qui nous a rendu coupable avant, pendant et après le rapport policier. On restera jugés avant même d’être accusés, qu’on soit en jean, jogging ou en costume.

 

Bien du temps est passé mais les hématomes sont toujours là. J’ai vécu avec cette tâche sur ma vie qu’aucun produit n’arrivera à effacer, sans même nourrir l’espoir de l’enlever.Et tout qui se passe ici, pas qu’aux Etats Unis, ne fait que la noircir et me rappeler à mes premières mésaventures.

On se gargarise à longueur de journée sur la liberté de penser, de circuler, de critiquer mais pourquoi un tel silence ? Pourquoi se refuser à un comparatif accablant entre la France et les USA sur cette question ? Parce que ça parle de race et de classe, deux notions à bannir parce que ça serait raciste ? D’ailleurs qui a décidé et au nom de qui de ce qui était raciste ou non ? Pourquoi un tel tabou ?

A nos amis blancs de Nuit Debout qui veulent de nous, les racisés, uniquement en renfort comme jadis on voulait de nous pour les pâtisseries à l’école lors des kermesses, pourquoi avoir réfuté cette réalité et l’avoir finalement validée quand elle s’est invitée sous votre nez ? Vous étiez où quand on hurlait notre désespoir ? Pourquoi est-ce qu’un problème n’a le droit d’exister légitimement et sans la moindre suspicion que lorsque vous en faites l’objet ? Et vous voudriez qu’on oublie continuer à nier l’existence des couleurs, des hiérarchies raciales sans même reconnaître l’erreur ?

Mention spéciale tout de même au flic racisé qui exauce les vœux de ventriloques racistes quand il se montre deux fois plus dur avec nous, – un nous qui renvoie aux victimes racisées -, prenant la liberté de nous tutoyer, de placer quelques mots d’arabe des fois, histoire de bien montré qu’il n’est pas de notre camp mais qu’il nous connait, avec nos vices et nos entourloupes. Je ne saurai éprouver autre chose que de la pitié pour toi , exactement comme ces hommes et femmes politiques racisés alibis dont on devine au premier mot la seule fonction…

 

J’aimerais revenir à Adama Traoré pour conclure. Espérer que son âme trouve la paix, finir en beauté comme si c’était possible mais je n’en ai pas la force. Espérer la justice même quand on sait qu’elle aime se dérober à certains d’entre nous. A travers Adama, j’aimerais aussi revenir à toutes ces morts lâches, brutales et injustifiées mais qu’on a apprit à encaisser mais qu’on ne voudra plus jamais tolérer. Attendons que l’enquête sur sa mort aboutisse et ignorons, à titre exceptionnel, le démon du pessimisme qui vit dans un coin de nos têtes et qui aime nous susurrer notre impuissance. Oublions tout ça.

Après avoir été condamné pour discrimination, notre cher Etat ne semble pas souhaiter vouloir se pencher sur la question. Et quand une activiste comme Sihame Assbague ose amener le problème sur la table, on l’accusera plus ou moins de faire monter le FN ou d’exacerber les tensions. Comme si le FN allait changer quelque chose à votre vie… Il n’est pas question de marquer au fer l’intégralité des policiers pour qui j’ai du respect mais de pointer des brutalités et des discriminations qui peuvent entraîner la mort. On n’éprouve aucun mal à pointer du doigt les musulmans pour un attentat, à demander des actes de désolidarisation (comme si, en substance, on sous entendait une solidarité inconditionnelle, presque tribale), qu’attend-on pour agir concrètement ? Qu’attend-t-on pour parler du racisme ? Qu’attend-t-on pour parler du rôle de l’état dans toute cette mascarade ? Combien de morts vous faut-il ? Combien de familles endeuillées vous faut-il ?

Quant à ceux qui se passionnent avec sincérité sur le sujet, auquel ils sont étrangers, mais qui ont le moyen de rédiger des tribunes et des livres, qu’attendez-vous pour lâcher le micro, renoncer à un peu de narcissisme et donner la parole aux concerné-e-s ? Et pour ceux qui, malgré la mort, continuent de trainer les victimes de violences policières dans la boue, comment avez-vous pu renoncer à votre humanité ? Aux aveugles de la couleur, comment pouvez-vous d’une main nous renvoyer à nos origines pour relativiser notre humiliation (« Arrête de te plaindre : au bled, ça doit être pire… ») et nous demander d’être nu de toute appartenance ethnique (c’est assez difficile de passer pour un blanc quand on est bronzé de nature, croyez-moi) ? Aux médias, je sais que vous travaillez sous la pression du journalisme qui fait frissonner mais ayez un peu d’intégrité et dites les choses franchement, sans langue de bois, pour une fois. Quant aux responsables politiques, gênez-vous : vous êtes capable du pire du pire (et la liste est longue), alors, franchement, une petite réforme de la police, qui apaisera bien du monde et des deux côtés, ne ferait pas de mal…

Oui, je parlais de la fameuse promesse sur laquelle certains se sont fait élire.

PS : Pas la peine de venir m’instruire, moi le bougnoule subjectif sur les vertus de la police que j’ignorerais, de me parler des syndicats policiers LGBT, de m’inviter à se tenir la main en écoutant John Lennon, de me demander d’adoucir ma critique ou mon récit, de me faire le classique procès en hystérie, de m’inviter à rêver d’un autre monde, de me demander de retourner dans un “chez-moi” fantasmé sur les bords de la Méditerranée ou de me parler de racisme antiblanc. Par contre, j’invite tout le monde à sortir de sa zone de confort et à regarder la vérité bien en face. Ca pourrait sauver des vies…

http://paigepalmer.neowp.fr/2016/07/20/cette-abominable-violence-policiere/

Portfolio

Messages

  • Notre pays n’est pas encore guéri de ses guerres coloniales perdues et moi aussi, je sais de quoi je parle, comme les milliers de Français qui ont eu un père dans l’armée, qui fut prisonnier et vaincu par ceux qu’il disait mépriser et qui crut un temps avoir cause commune avec les colons et le menu peuple exilé de "là-bas" qui en épousa l’idéologie.
    L’idéologie, celle du Capital, celle de la soumission aux puissances du fric entraîne le mépris de l’autre, ce plus pauvre ou aussi pauvre que moi, ce pauvre, cet incapable, ce barbare : et en effet il s’agit bien de classe, quand des policiers eux-mêmes enfants de prolétaires partent à la chasse de ces autres enfants de prolétaires où qu’ils passent, ils bénéficient d’une forme de tolérance d’Etat qui surfe avec l’angoisse sécuritaire que ses politiciens Droite et PS développent grâce aux médias (sauf une petite minorité de journaux) pour sacrifier notre Peuple aux intérêts du CAC 40 ici et dans le monde. .