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La France n’est pas le gendarme du monde, l’ONU doit intervenir

par Chloé Maurel

Publie le samedi 23 juillet 2016 par Chloé Maurel - Open-Publishing
10 commentaires

La tuerie de Nice le 14 juillet 2016 (83 morts), après celle du Bataclan le 15 novembre 2015 (130 morts) et celles de Charlie Hebdo et de l’hyper cacher de la porte de Vincennes en janvier 2015, confirme un peu plus, aux yeux de beaucoup de nos compatriotes, que nous sommes engagés dans une guerre. Effectivement, la France est clairement engagée militairement en Syrie et en Irak, et ce sur un mode croissant : depuis les débuts de l’opération « Chammal » en septembre 2014, la France a effectué plus de 4 000 sorties aériennes et a mené plus de 600 frappes, dont le bilan fourni par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian le 21 janvier 2016 était de 1 000 djihadistes de l’organisation Etat islamique. Et le président Hollande a affirmé récemment vouloir encore intensifier ces frappes. Il a aussi annoncé vouloir intensifier l’opération « Barkhane » au Sahel, qui est en cours depuis plusieurs mois contre les groupes djihadistes dans le nord du Mali.

Plutôt que d’intensifier ces attaques aériennes qui ont fait des dizaines de victimes civiles innocentes, notamment des femmes et des enfants, il faut arrêter ces frappes en Irak et en Syrie ! Sinon nous serons pris dans une spirale infernale, celle d’une guerre qui frappera de plus en plus de civils, en Syrie comme en France. Et cela pourrait bien entraîner un éclatement de la société française, un repli des communautés sur elles-mêmes, une xénophobie croissante, et même l’arrivée du fascisme au pouvoir !
C’est justement ce que veulent aussi bien les islamistes que l’extrême droite : scinder la société, exacerber les clivages, les haines entre musulmans et non-musulmans, entre Occidentaux et réfugiés…

Ce n’est pas à la France de faire le gendarme du monde. Il existe une organisation internationale depuis plus de 70 ans, l’Organisation des Nations Unies, créée pour éviter que de telles dérives se produisent. L’ONU est souvent taxée d’impuissance et d’inefficacité, et c’est vrai qu’elle est parfois insuffisamment efficace ou court-circuitée par d’autres instances (OTAN, G7, OCDE…). C’est à nous, les États, les peuples, de rendre à l’ONU tout le rôle qui lui a été attribué dans la Charte de 1945, très beau texte et toujours d’actualité. L’ONU a créé en 1948 les « casques bleus », qui depuis leur création ont été engagés dans une soixantaine de missions de paix, et ont souvent permis de régler des conflits épineux. Ils ont d’ailleurs obtenu le Prix Nobel de la Paix en 1988. L’ONU est aussi à même de faire de la « consolidation de la paix » (peacebuilding), comme l’a théorisé son secrétaire général Boutros Boutros-Ghali en 1992, c’est-à-dire aider un pays à (re) construire sur le long terme un de droit démocratique, en organisant des élections, en formant les citoyens aux idées démocratiques, etc. Depuis 2001, l’ONU a développé l’idée de la « responsabilité de protéger », qui affirme que si un État n’est pas en mesure de protéger sa population, il revient à la communauté internationale, donc à l’ONU, de le faire. Ainsi, l’ONU est particulièrement bien placée pour intervenir dans le conflit syrien.

Attitude contradictoire

Au lieu de dépenser des sommes colossales dans l’armement et dans ces frappes meurtrières à l’étranger, la France devrait consacrer son argent à financer davantage les services publics comme la santé, l’éducation, la culture, l’aide à l’emploi… Ainsi, cela réduirait la fracture au sein de la société, le sentiment de beaucoup de Français de se sentir exclu, la frustration et l’amertume qui conduit bien des jeunes à se réfugier dans la radicalisation islamiste, et d’autres à adopter des réflexes xénophobes et à écouter les sirènes fascistes. En outre, il y a une contradiction dans l’attitude de la France : alors que le président Hollande affirme vouloir lutter contre Daech, il entretient de bonnes relations avec l’Arabie saoudite, pays qui défend le wahhabisme, islamisme puritain et sectaire dont se nourrit Daech. Le président Hollande a ainsi en mars 2016 décoré de la légion d’honneur le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Nayef, également ministre de l’Intérieur de son pays, alors que rien ne justifiait cette décoration, au contraire. De plus, la France a conclu d’importants contrats d’armement avec l’Arabie saoudite. Comme l’affirme l’écrivain algérien Kamel Daoud, l’Arabie saoudite n’est que la face propre et respectable de Daesh : « Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre », écrivait-il après les attentats du 13 novembre 2015 dans le New York Times.

À l’appui de ce jugement, dans une tribune publiée par Le Monde le 17 novembre 2015, les historiens Sophie Bessis et Mohammed Harbi ont montré, également, l’existence d’une filiation idéologique entre l’organisation État islamique et l’Arabie saoudite : « Exigeons que la France mette un terme à ses relations privilégiées avec l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux monarchies où l’islam wahhabite est la religion officielle, tant qu’elles n’auront pas coupé tout lien avec leurs épigones djihadistes, tant que leurs lois et leurs pratiques iront à l’encontre d’un minimum décent d’humanité ». Il faut donc au plus vite que la France et les autres pays occidentaux mettent un terme à leur attitude contradictoire qui fait que nous, les Occidentaux, entretenons de bonnes relations avec l’Arabie saoudite, qui fait le lit du djihadisme, et que nous vendons (indirectement certes, mais quand même) des armes à l’organisation État islamique et lui achetons (indirectement certes mais quand même). Si tous les pays occidentaux coupent ces financements et si l’on confie à l’ONU la mission de rétablir la paix en Syrie et d’y organiser des élections et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement démocratique, on pourra sortir de ce dangereux guêpier.

Chloé Maurel (docteure en histoire, spécialiste des Nations Unies)

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/22/la-france-n-est-pas-le-gendarme-du-monde-l-onu-doit-intervenir_4973286_3232.html

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Messages

  • Les responsables français seraient cette semaine en déplacement à Washington pour demander l’autorisation et de coordonner d’un déploiement militaire encore plus important en Irak et Syrie !

  • L’ONU est constituée d’Etats pour beaucoup impérialistes (d’ailleurs, pour les marxistes les plus sévèrement "orthodoxes", tous les Etats sont aujourd’hui impérialistes). Les impérialismes les plus puissants y ont même des positions clés. Une caution de l’ONU ne sera pas forcément un certificat d’internationalisme ou d’anti-impérialisme.
    Y a-t-il forcément besoin d’une caution internationale pour "écrabouiller Daesh" comme dit Mélenchon ? C’est un autre débat.
    Cela dit, l’alliance stratégique entre la bourgeoisie française et l’Arabie Saoudite et le Qatar est effectivement un gros problème.

  • Il ne faut pas perdre de vue l’injuste intervention de l’OTAN en Syrie par rapport à la Russie . L’OTAN ne reconnait pas le Gouvernement Syrien parce que c’est la position des Etats féodaux pétroliers ! Partant cette intervention de l’OTAN se fait sans l’accord de ce Gouvernement et viole donc la Souveraineté Syrienne . L’OTAN soutient donc des dissidences terroristes au prétexte qu’elles seraient hostiles aussi à l’E.I. ? Si cela était pourquoi donc ces dissidents refusent d’oeuvrer pour la paix avec le Gouvernement qui met comme préalable aux élections la paix retrouvée ? Ils auraient donc si peur qu’ils reconnaissent ainsi sa popularité majoritaire dans le pays ? Manifestement ils ne sont pas décidés à combattre enfin par le Suffrage Universel ! La grande facilité de l’intervention Russe c’est qu’elle se fait avec l’aide sur le terrain de combattant et de la population hostile à l’E.I. Et que en général les frappes tombent justes et non à la légère comme souvent l’OTAN qui à l’audace d’en accuser la Russie ! Heureuse est l’ intervention Russe, sans elle le terrorisme serait sans doute à Damas avec l’appui ou la bienveillance de l’OTAN ! Enfin ne pas oublier non plus les millions de réfugiés Palestiniens qui se battent au côté du Gouvernement qui n’a jamais renier à leur apporter assistance face à la tyrannie Israëlienne ! Et dans ce domaine là s’il le fallait "j’embrasserai un soldat Russe" pour le sacrifice en cours de ses soldats. Comme hier à Stalingrad !

    • Heureuse est l’ intervention Russe, sans elle le terrorisme serait sans doute à Damas

      Disons qu’un terrorisme (islamique) aurait remplacé à Damas un autre terrorisme (d’état) qui, c’est un fait et non une opinion, a tué beaucoup plus de civils et d’innocents que l’autre.

      C’est pas parce qu’il y a des méchants qu’en face ce sont des gentils, ça serait trop simple. La Russie n’est pas l’URSS, la guerre en Syrie n’est pas la guerre du Vietnam.

    • Bon, il faudrait alors croire en toutes les allégations et fabulations de M. Fabius lorsqu’il fut Ministre des A.E. ! Et répétées 100 fois par les médias aux ordres. C’était le chiffre avancé par l’ex-ministre hitlérien pour gagner la crédibilité dans la population ! Mon jugement se base sur des faits et non des suppositions d’un ex-ministre pro-Israëlien ! Pour moi la souffrance du Peuple Palestinien passe avant les "on dit" Vous devriez savoir que les pays meilleurs défenseurs de la cause Palestinienne sont l’Iran, le Liban et la Syrie ! Des preuves irréfutables des méfaits du Gouvernement Syrien contre son Peuple dont on l’accuse n’ont jamais été fournies . Et qu’il ait répliqué des les hostilités déclenchées par l’E.I. c’est certain, était-il vraiment coupable des crimes qu’on lui attribue ? Il faut bien savoir comme vous semblez l’ignorer que les crimes de la tyrannie d’Israël sont la plupart du temps passés à la trappe par les médias aux ordres de l’OTAN. Alors la vérité du côté seulement des fossoyeurs Israëliens et des féodaux arabes pétroliers, merci, trop peu pour moi ! Chacun à choisir son camp !

    • Que le régime de Damas ait tué beaucoup plus de civils et d’innocents que Daesh (qui ne contrôle qu’une partie du pays) reste à prouver.
      Cela dit, le régime syrien est indéniablement une dictature que la majorité de la population soutient parce que de deux ou trois maux, il faut choisir le moindre. Encore que le parti communiste - les deux en fait - soient associés au pouvoir, ils sont d’ailleurs plus nationalistes que communistes quoique historiquement moins "jacobins" que le Baas, d’où leur succès chez les Kurdes, Arméniens et Circassiens.

    • Il faut bien savoir comme vous semblez l’ignorer que les crimes de la tyrannie d’Israël sont la plupart du temps passés à la trappe par les médias aux ordres de l’OTAN.

      Ce n’est plus de la caricature, c’est du n’importe quoi. Tant pis, on aurait pu débattre. (ça fait 40 ans que je lutte pour la cause palestinienne, que veux-tu que je pense de tes allégations fantaisistes. Moi quand je débats j’essaie d’être un peu sérieux, je n’utilise pas un forum comme un défouloir.)

      Des preuves irréfutables des méfaits du Gouvernement Syrien contre son Peuple dont on l’accuse n’ont jamais été fournies .

      Oui, c’est ce qu’on répondait à ceux qui dénonçaient les camps d’extermination nazis. C’est aussi ce qu’on répondait à ceux qui dénonçaient les goulags.
      C’est écoeurant.

      Et qu’il ait répliqué des les hostilités déclenchées par l’E.I. c’est certain,

      Erreur factuelle (je n’ose imaginer mensonge ou manipulation). C’est contre une opposition démocratique et des manifestations populaires pacifiques qu’il a répondu par la terreur, les massacres, la torture. Ensuite les rats de daesh ont su intelligemment exploiter la situation et l’écrasement des premières révoltes contre la dictature.

      Comme toujours on peut adapter la réalité à ses opinions pré-existantes. Mais je dote qu’à terme cela serve la bonne cause...

  • La bourgeoisie et ses représentants , Hollande , Valls, Sarkozy , savent très bien que l’intensification de l’intervention militaire française est non seulement inefficace mais qu’elle pousse dans les bras des djihadistes de nouveaux fous de dieu et de nouveaux acte monstrueux !