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Entre des cascades et des restes archéologiques. Le Parc de la Gregoriana, à Tivoli, a été rouvert

Publie le jeudi 19 mai 2005 par Open-Publishing

La magie d’une villa qui n’existe pas.

de MARINA FRESA traduit de l’italien par karl&rosa

Le 13 mai a été rouvert au public le parc Villa Gregoriana à Tivoli, après une décennie d’abandon et de détérioration. Le nom de Villa Grégoriana peut nous induire en erreur : il n’y a là aucune villa, il n’y a pas de parc non plus, puisque les sentiers et les parcours panoramiques qui descendent vers le fond de la vallée côtoient un gouffre profond de 120 mètres, où se jette bruyamment le fleuve Aniene. Ce que nous visitons aujourd’hui est, plutôt qu’un parc, le résultat des travaux commandés par le pape Grégoire XVI, dont la villa prend le nom.

Un ouvrage d’ingénierie hydraulique , réalisé après une énième inondation de l’Aniene en 1826. En construisant un double tunnel dans le mont Catillo, l’ingénieur Foschi et des centaines d’ouvriers acheminèrent les eaux du fleuve au-delà de la cité, en créant la grande cascade qu’on voit en parcourant les sentiers du parc. En même temps, pendant que l’exceptionnel ouvrage hydraulique était bâti, on mit en route tout autour d’importants travaux pour redonner au paysage "l’idée d’une naturalité spontanée".

Mais il ne s’agissait pas d’une aire quelconque : déjà à l’époque républicaine impériale, le long des côtés de l’étroit affaissement, on avait bâti de nombreuses villas romaines dont subsistent plusieurs restes ; sur le sommet, au I et au II siècle, deux temples avaient été érigés, tandis que dans les grottes naturelles plus en aval Neptune et la sibylle Albunea avaient trouvé un abri. Ainsi, sur toute cette stratification d’histoires, d’architectures, de nature et de mythes sont réalisés des parcours d’une grande suggestion, entre des parois escarpées, des formations calcaires et les centaines de nouvelles essences végétales plantées pour construire un extraordinaire jardin naturel, où se situent les restes archéologiques mis à jour pendant qu’on creusait les tunnels hydrauliques.

A la différence de la villa d’Hadrien et de la villa d’Este de Tivoli, qui naissent comme résidences fastueuses d’hommes de pouvoir, le parc de Villa Gregoriana naît comme parc public, construit "pour la délectation de la communauté" pas seulement locale. Le parc, propriété domaniale, a été restauré et rouvert grâce à l’engagement du Fai (Fondo per l’ambiente italiano - Fond italien pour l’environnement, NdT), qui a su entraîner dans son projet la banque UniCredit et les Institutions locales, dont la participation était indispensable pour la restauration du site. En effet, les irresponsables transformations de l’usage du territoire avaient transformé ce lieu ravissant en un égout/décharge à ciel ouvert.

Quelques chiffres concernant les travaux donnent une idée de l’état de détérioration du parc : du lit du fleuve ont été extraites 5 tonnes de ferraille (des machines à laver, des frigos, des bicyclettes !), 2.300 arbres ont été soignés, 350 tonnes de bois et de feuillage ont été éliminés. La Mairie de Tivoli a réalisé les égouts de la petite ville et la Région Latium est engagée dans la réalisation de la station d’épuration. Il semble donc qu’un cercle vertueux se soit activé, prémisse indispensable à une gestion correcte de ce bien. Mais au-delà des indispensables accords institutionnels et du beau projet de connaissance et de conservation du patrimoine vert de l’architecte Tatiana K. Kirova, la chose la plus intéressante et agréable, c’est justement de visiter le parc, et de se perdre entre les lumières, ombres, arbres, haies, tunnels, grottes, giclées et grondements. Sur les panneaux explicatifs qui ponctuent discrètement les parcours, des conseils et des interdictions sont illustrés (mettez des chaussures de basket, dans le parc on ne fume pas) et à côté du plan du parc avec le petit cercle du "vous êtes ici" est écrit : "Nous vous demandons de parcourir les sentiers en respectant la magie qui naît du silence ; ce n’est qu’ainsi que l’esprit du lieu pourra transmettre ce sens de beauté de plus en plus difficile à saisir dans le monde d’aujourd’hui".

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