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(video) « Tu dégages ! » : la vidéo d’une femme et de son enfant rudoyés par des CRS

par Emilie Brouze

Publie le lundi 25 juillet 2016 par Emilie Brouze - Open-Publishing

« Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont certains policiers parlaient aux migrants », raconte le journaliste qui a tourné la vidéo.

Sur le trottoir, près d’une bouche de métro, un CRS pousse violemment une femme en lui criant :

« Tu dégages, tu as compris ? [...] Rien à foutre, tu vas pas me faire chier longtemps. Tu dégages. »

L’auteur de ces images (voir ci-dessous), le journaliste colombien Ricardo Abdahllah, correspondant en France du quotidien El Espectador, suivait l’évacuation vendredi 22 juillet dernier de 2 628 migrants qui campaient entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, au Nord de Paris. Les forces de l’ordre bouclaient le périmètre, interdit aux journalistes « non accrédités ».

« Je suis arrivé et j’ai vu un CRS s’énerver et donner trois coups de pied dans la poussette où se trouvait un enfant. C’est ce qui explique la rage de cette femme », retrace au téléphone Ricardo Abdahllah, qui commence à filmer juste après. Il affirme qu’il y avait une petite vingtaine de témoins.

Ce matin pendant l’expulsion des migrants du campement de Jaurès à Paris. Le policier qu’on voit rigoler à la fin de la vidéo avait juste avant donné trois coups de pied à la poussette avec le bébé dedans, ce qui explique la rage de la dame.

Esta mañana durante la expulsión de los migrantes del campo de Jaurès en Paris. El policía que aparece riéndose al final del video acababa de darle tres patadas al cochecito con el bebé adentro, lo que explica la rabia de la señora.

Alors qu’une CRS semble s’interposer calmement pour discuter avec la réfugiée en anglais, le même premier policier s’approche de la mère, doigt tendu, et répète, agressif :

« Tu dégages maintenant, vite. Tu pars là-bas je t’ai dit, c’est moi qui commande, tu dégages. »

La mère, qui voulait simplement récupérer des affaires dans le camp, sort de son portefeuille ce qui semble être un passeport et le tend à la femme CRS. « J’ai une carte d’identité », dit-elle en anglais avant de prendre sa tête entre les mains, en pleurant. « Il n’y a pas une larme qui sort », rigole derrière un policier.

Contactée par L’Express, la préfecture de police de Paris n’a pas souhaité réagir à ces images.

La vidéo, publiée sur Facebook par son auteur, a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux et suscité de la colère (et des commentaires racistes). Ricardo Abdahllah :

« Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont certains policiers parlaient aux migrants – tutoiement direct, moqueries. J’ai fait plein de manifs et je ne vois jamais les gens être traités avec ce mépris. »

Il retrouve cette femme

Bwt OneRadex, un internaute qui se présente comme un jeune citoyen engagé, a lancé sur Twitter un appel pour identifier la femme et obtenir plus d’informations en vue de contacter le Défenseur des droits. Il assure à Rue89 l’avoir depuis retrouvée grâce à une association active sur le terrain :

« J’attends de ses nouvelles dans la journée (elle est un peu effrayée). Je sais que cette femme a obtenu le statut de réfugié, qu’elle est déjà depuis plusieurs mois en France. »

Il a parallèlement lancé une cagnotte en solidarité avec cette femme et son enfant. 377 euros ont déjà été récoltés.

« Après cette humiliation, il est temps pour eux de démarrer une nouvelle vie. Ma France à moi est une terre d’accueil, généreuse, ouverte sur le monde, capable de faire de grandes choses alors MOBILISONS-NOUS. »

Dans un texte accompagnant plusieurs photos, Ricardo Abdahllah écrivait que plusieurs accrochages ont eu lieu avec les forces de l’ordre ce vendredi matin :

« [...] Notamment des gens qui ne pouvaient pas récupérer leurs affaires ou ne souhaitaient pas être embarqués par la force dans les cars affrétés dont les sièges ont été recouverts d’une pellicule plastique. Plusieurs migrants montraient des documents qui prouvaient des rendez-vous administratifs ce matin (y compris en préfecture) ont été empêchés de quitter la zone bouclée et bousculades et moqueries de la part des CRS n’ont pas été rares. »

http://rue89.nouvelobs.com/2016/07/24/degages-femme-enfant-rudoyes-crs-264758

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