Accueil > le soupir de la créature opprimée

le soupir de la créature opprimée

par hdm

Publie le mardi 27 septembre 2016 par hdm - Open-Publishing

CE MERCREDI 28 SEPTEMBRE 2016

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

Il y a parfois, à gauche, dans la manière de voir le fait religieux, un aveuglement et un fanatisme qui rejoignent la pensée magique des intégristes les plus obtus. Ainsi donc, il y aurait, indiscutable et sacrée, une République et sa laïcité, à défendre contre l’ennemi désigné.

Peu importe que ladite République soit vécue comme une oppression pour les millions de chômeurs, de précaires, de travailleurs et d’enfants de colonisés, qui forment ce qu’on appelait jadis, quand on avait un peu de vocabulaire, la classe ouvrière. Peu importe, il y a des principes au-delà de cet ici-bas où l’on s’écrase…

Cet acte de foi envers les « valeurs de notre pays » - et qui prend pour prétexte les avancées bien réelles que nous avons conquises sous le régime de la République bourgeoise - sous les dehors d’une défense de « notre modèle » et dans les habits d’une gauche confortable, finit par rejoindre, dans les faits, les poncifs franchouillards les plus éculés et, à la fin, le fascisme.

D’aucuns se souvenant encore que la lutte des classes demeure le moteur de l’Histoire, jugent avec davantage de hauteur le fait religieux. D’un point de vue matérialiste, une dizaine de maillots de bain reste un épiphénomène sociologique. D’un point de vue religieux, c’est une grave atteinte à « notre » mode de vie.

Faudrait-il dès lors minimiser l’intégrisme religieux ? Ne pas voir en quoi il est éminemment réactionnaire ? Serions-nous, en dignes descendants des judéo-bolcheviks, ces islamo-gauchistes « collabos », incapables de deviner, par lâcheté, derrière les barbes et derrière les voiles, les divisions grandissantes que l’ennemi masse à nos frontières ?

Mais que faisions-nous lorsque « la gauche » soutenait la livraison de pays entiers aux barbes mercenaires de l’impérialisme ? Qui s’est élevé dès le début contre la destruction de la Syrie ? Et qui a chanté la destruction de la Libye au nom de « nos valeurs » ? Qui a soutenu, et soutient encore, de fait, la réaction la plus sordide qui verrouille les puits de pétrole et les gisements de gaz ?

Ceux qui refusent aujourd’hui qu’on mène ce pays à la guerre contre une partie de la classe ouvrière, sur des bases religieuses, ne sont pas ceux qui ont acquiescé aux aventures impérialistes françaises, dont les derniers avatars viennent s’échouer sur la Promenade des Anglais et peupler nos cauchemars.

Il y a quelques mois encore, ce déchaînement incessant de propagande antisémite était impensable. (Islamophobe, pas antisémite, mais ce lapsus devrait faire réfléchir, on le garde…). Qui construit cet « ennemi de l’intérieur » et qui nourrit cette politique de la peur ? Qui va y gagner ? Qui en sera victime ? Ce n’est pas la laïcité qui va y gagner, et « nos valeurs », même de gauche, risquent étrangement de ressembler à l’image que nous en renvoient Zemmour et les autres à sa suite, si nombreux et cacophoniques qu’on n’entend plus Le Pen…

Si l’on en reste à une analyse de classe, au réel plutôt qu’à son au-delà, ceux qui nous mènent à la détestation, à la peur et à la guerre sont ceux-là même qui cassent notre droit du travail et toutes nos conquêtes sociales, et avec le même objectif : casser tout ce qui pourrait nous unir contre eux. Celles et ceux qui auront à en souffrir les premiers, derrière les barbes et derrière les voiles, appartiennent à la classe des exploités. Et c’est toute cette classe qui va y perdre…

On aime à citer Marx sur le fait religieux, bien souvent en ne le citant pas en entier. Volontairement, nous ne citerons que ce qui est habituellement tu : "La misère religieuse est tout à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. »

C’est l’heure de l’mettre ! En visant bien…

(Ce mercredi, nous nous entretenons avec Saïd Bouamama : https://bouamamas.wordpress.com/)