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La gauche réunie passe par le "non"

Publie le mercredi 25 mai 2005 par Open-Publishing
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de Thomas Lemahieu

« Mon père était tellement de gauche, que, quand il est parti, la gauche, elle est partie aussi... » C’est l’histoire d’un enfant comme un autre, ou presque, racontée avec les accents burlesques mais chaleureux de l’adulte qu’il est devenu : son papa communiste, l’école buissonnière dans les réunions de section, des vacances à l’Est, l’hiver, parce que le gris, ça tranche mieux sur le blanc, avec la Sibérie comme Disneyland, et le discernement « en option », et quand le mur de Berlin croule, ce papa-là qui va chez Castorama acheter des parpaings.

Que de jeunes tout d’un coup !

Devant plus de 15 000 personnes rassemblées, sur la place de la République à - Paris, Ivan - forcément « Ivan » -, l’un des deux chanteurs des Fatals Picards, livre, sur la grande scène et en musique, un diagnostic imparable sur la situation à une semaine du référendum : « La gauche, elle est partie aussi...
Mais elle pourrait bien revenir, il suffirait d’un bon gros "non" le 29 mai ! » Tonnerre d’applaudissements pour ce passage de relais d’une génération à l’autre - que de jeunes tout d’un coup ! -, pour cette illustration de l’appétit politique et démocratique qui s’est emparé des citoyens, pour cette volonté de reprendre la place. Car, bien sûr, la gauche, elle est d’ores et déjà là, unie comme rarement, pour ce qui restera comme la plus grande mobilisation populaire en vue du référendum sur le projet de constitution européenne, pour cette joliment dite « fête du "non" de toutes nos forces ».

« Toutes nos forces » ? Des socialistes aux libertaires et aux trotskistes, des communistes aux écologistes et aux radicaux de gauche, des syndicalistes, des paysans, des altermondialistes, des précaires, des salariés d’entreprises « délocalisées » (LU, Sediver, ST Micro, IBM, Lustucru, Timing...) qui viennent de lancer un appel à voter « non ». Et puis, des sans étiquettes, des qui « s’apparentent » le temps d’une campagne, histoire de préserver, de développer une gauche qui ne renonce pas une fois de plus. Tout cela donne un troupeau massif de « moutons noirs » (selon l’insulte utilisée par Chirac, renversée avec fierté par la compagnie Jolie Môme dans son tube du « non » éponyme et par les badges d’ATTAC que l’on s’arrache). Ou mieux : une formidable « chaîne humaine » sans complexes qui va « libérer toute sa colère » (Marie-George Buffet), qui porte un message sans ambiguïtés résumé par « merde au libéralisme » (Olivier Besancenot), qui considère que « c’est le "non" qui rassemble la gauche alors que le "oui" la divise » (Marc Dolez), qui veut « abattre ce rideau d’épines derrière lequel nous étions des acteurs à la langue coupée » (René Char évoqué par Christiane Taubira), qui croit qu’« il n’y a que les imbéciles qui tombent quand, sur leur bicyclette, ils arrêtent de pédaler » (Yves Salesse, répondant à l’argument oui-ouiste selon lequel, « l’Europe, c’est comme le vélo, si l’on arrête d’avancer, on tombe »), qui, comme en 1789 à la Bastille, entend « démonter la prison néo-libérale qu’on veut nous imposer » (José Bové).

La gauche euphorique

À un moment, alors que les leaders du « non » de gauche posent pour les photographes, le murmure gagne dans la foule, un choeur s’improvise pour battre le rythme et scander : « Tous ensemble, tous ensemble, non, non ! » Partie, la gauche ? En tout cas, elle revient, elle a la patate, et c’est incontestable, elle passe par le « non ».

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • Vive l’alternative à gauche !

    Sur cette lancée il faudra continuer et essayer de combattre tous ensemble et pourquoi pas de créer une véritable alternative à gauche ! Après le 29 les échanges ne doivent pas cesser, de nouveaux combats sont à mener ensemble, la lutte continue ! Une dynamique est née et il faut l’entretenir !

    Quentin Dulieu, membre du collectif des 200 du 19e et des Alternatifs.