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Affaire Fillon : qui est Fouad Mahkzoumi, le sulfureux ami libanais de Fillon ?

par Jules Pecnard

Publie le mercredi 22 mars 2017 par Jules Pecnard - Open-Publishing

Fournisseur de pipelines des grandes monarchies du Golfe, Fouad Mahkzoumi est soupçonné d’avoir joué les entremetteurs entre le candidat LR à la présidentielle française et Vladimir Poutine.

Son nom apparaît désormais en gros caractères dans l’affaire Fillon. Fouad Mahkzoumi, homme d’affaires libanais et dirigeant de Future Pipe Industries (FPI), leader mondial de la fabrication de pipelines en fibre de verre, est soupçonné d’avoir passé un contrat de 50 000 dollars avec 2F Conseil, société de conseil de François Fillon. Il s’agirait, selon Mediapart, d’un contrat de lobbying passé avec la société de François Fillon afin qu’il joue les entremetteurs pour organiser une rencontre avec l’industriel, le PDG de Total et le président russe, Vladimir Poutine.

Comme l’a rapporté le site d’information le 14 mars, Fouad Mahkzoumi, dont la société est domiciliée aux Emirats arabes unis, n’est pas une connaissance comme les autres. Outre le fait qu’il fournit les principales pétromonarchies du Golfe, par rapport auxquelles François Fillon a maintes fois répété qu’il souhaitait "clarifier" leurs relations avec la France, il s’agit d’un homme impliqué dans un scandale de corruption au Royaume-Uni dans les années 90.

Le tombeur d’un ministre britannique

Dans les années 80, Jonathan Aitken -futur ministre de la Défense du gouvernement conservateur de John Major- avait rejoint le conseil d’administration d’une des sociétés de Fouad Mahkzoumi, sans le déclarer par la suite. Une fois devenu membre du cabinet Major, le ministre conservateur a scellé un contrat d’armement avec l’homme d’affaires qui prévoyait entre autres, comme le raconte le quotidien britannique The Independent, la livraison de 3000 fusils d’assaut à l’armée libanaise.

Un deal qui, en 1995, a mené à la démission de Jonathan Aitken et, quatre ans plus tard, à sa condamnation pour parjure. Par ailleurs, la famille Mahkzoumi fait toujours partie des grands donateurs du Parti conservateur du Royaume-Uni. Selon le Guardian, elle aurait fait don de plus d’un million de livres sterling aux Tories de 2010 à 2013.

Des liens avec le clan el-Assad

Les zones d’ombre du philanthrope libanais ne s’arrêtent pas là. D’après Le Monde, Fouad Mahkzoumi entretient des liens avec le régime syrien. À cet effet, l’entrepreneur a créé, tout au long des années 90 et 2000, de nombreuses sociétés offshore immatriculées aux îles Vierges britanniques et au Panama, dont certaines sont toujours actives.

L’une des sociétés-écrans, domiciliée au Panama de 1990 à 1998, s’appelle Oil Services and Suppliers Inc. et compte, parmi ses directeurs, Fouad Mahkzoumi et deux proches du clan el-Assad. Il y a Salim Hassan, proche de Hafez el-Assad, père de Bachar el-Assad, et Khaled Hboubati, entrepreneur proche de l’actuel président syrien.

Le "pouvoir d’influence" de Fillon

Sunnite et anglophone, longtemps résidant en Arabie Saoudite, Fouad Mahkzoumi dirige aujourd’hui au Liban le Parti national du Dialogue, qu’il a fondé en 2004. Un parti centriste qui promeut la sociale-démocratie séculaire, mais qui ne dispose d’aucun siège au Parlement de Beyrouth. Interrogé par Le Monde, l’entourage du milliardaire affirme que le contrat passé avec 2F Conseil, valide du 10 juin 2015 au 10 juin 2016, n’a pas été reconduit au-delà de sa date d’échéance.

Ce contrat, qui n’a pas été déclaré par François Fillon, député de Paris, au déontologue de l’Assemblée nationale, pourrait désormais attirer l’attention des enquêteurs. Agacé par les nombreux soupçons qui pèsent désormais sur le candidat LR (dont certains sont visés par le motif de "trafic d’influence"), un proche du patron de FPI a lâché au Monde : "Tout est réglo, si M. Fillon a commis quelque chose d’illégal, ce sera son sujet, pas le nôtre".

Côté russe, Vladimir Poutine a fait savoir ce mercredi qu’il n’avait pas besoin "d’intermédiaire" pour rencontrer de puissants dirigeants d’entreprise comme Patrick Pouyanné, PDG de Total, ou Fouad Mahkzoumi. Sauf que le "pouvoir d’influence" mis à disposition par François Fillon -à travers le contrat passé par 2F Conseil avec FPI- était destiné, comme le rappelle Le Monde, à l’homme d’affaires libanais. Et non pas au maître du Kremlin.

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/affaire-fillon-qui-est-fouad-mahkzoumi-le-sulfureux-ami-libanais-de-francois_1891677.html

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