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Macron, de l’illusion à l’usurpation

par Francois Cocq

Publie le jeudi 18 mai 2017 par Francois Cocq - Open-Publishing

Macron vient donc de nommer Edouard Philippe à Matignon. Qui peut croire qu’une large part, sans doute une majorité, de celles et ceux qui ont voté il y a 8 jours pour M. Macron souhaitaient se retrouver ce lundi avec un premier Ministre de droite ? Une fois encore, le sens de la consultation populaire a été détourné sitôt celle-ci achevée. La démocratie à la sauce 5ème République est devenue l’art de la tartufferie : « Votez pour moi, je suis le roi, une fois élu, vous êtes cocus ».

Du début à la fin cette élection présidentielle aura été une farce. N’ayons pas la mémoire courte : on nous a d’abord invités à voter Juppé pour éviter Le Pen ; nous avons eu Fillon. Puis on nous a invités à nous inscrire dans la primaire du PS ; nous avons eu Macron. Puis quand le paysage de l’élection fut dessiné, on nous a invités à voter Macron dès le premier tour pour éviter Le Pen ; au contraire, c’est ce qui a permis à cette dernière de se trouver au second en profitant du tir de barrage contre Jean-Luc Mélenchon quand celui-ci était en passe de l’éjecter de la suite de la compétition électorale. Il fallait enfin voter encore Macron au second tour pour certes battre Mme Le Pen mais aussi donner une victoire confortable à M. Macron ; il en a déduit qu’il pouvait prendre Edouard Philippe à Matignon.

Au final, les bien-pensants et agrégés de politique télévisuelle qui nous élaborent depuis le printemps 2016 ces stratagèmes si rusés retombent quand même sur leurs pattes. Certes les stratégies sensées permettre d’éviter Mme Le Pen l’ont conduite au 2nd tour. Mais le ni Fillon ni Le Pen qui les a suivies a installé à Matignon un représentant des Républicains et pas n’importe lequel : le porte-parole d’Alain Juppé pendant la primaire de la droite. La boucle est bouclée. Face aux rebuffades populaires, le système a de la suite dans les idées et ramène toujours pas la fenêtre ce que le peuple a dégagé par la porte.

Les élections législatives seront donc pour le peuple une nouvelle étape pour dégager cette politique du pareil au même que la Caste s’escrime à nous faire avaler de gré ou de force. Notez que la situation a désormais ceci d’ubuesque que le député-maire LR de ce matin mais premier ministre de cet après-midi va désormais conduire la campagne des élections législatives comme chef de file de la majorité présidentielle.Et donc contre le parti, et donc le programme de LR, qu’il a pourtant soutenu jusqu’à aujourd’hui. De là à affirmer qu’il y a une compatibilité entre celui-ci et celui de M. Macron, il n’y a bien sûr qu’un pas. Et quand on apprend comme le décrit le journal Le Monde que le PS a rendu lui son programme « Macron compatible », on voit bien en quoi M. Macron règne désormais en maître incontesté des idées du vieux monde.

Il est jusqu’aux pratiques politiques où M. Macron sème l’illusion et récolte la confusion. Celui qui prétend faire de la politique autrement nous donne surtout à voir qu’il est d’abord un adepte des coups politiciens à trois bandes qui visent à dépouiller ceux qui l’entourent plutôt que de porter un projet qui le définit. Avec Edouard Philippe , M. Macron exploite la politique d’opportunité qui a désenchanté la politique de conviction. Celui-là n’a-t-il pas milité deux ans au PS avant de se voir proposer un plan de carrière par la droite ? Banco ! Toute ressemblance avec l’autre tête de l’exécutif…

Notons pareillement que M. Macron, si en verve pendant quinze jours pour jouer de la peur du FN, fait sitôt l’élection passée bien peu de cas de celui-ci. Car où conduira le domino qui vise à rapatrier sous sa bannière une frange de la droite sinon à émietter celle-ci et redonner du souffle à une extrême-droite qui va bénéficier de cet appel d’air ? A moins que le calcul du nouveau Président pour les législatives soit justement celui-ci….

M. Macron a pris possession de l’ancien monde en aliénant étape après étape la volonté populaire à la reproduction de celui-ci. En juin, les pleins pouvoirs doivent lui être refusés, sauf à voir se perpétuer le règne de l’ancien sous le sceau de l’unité recomposée. Ca tombe bien, c’est du cadre d’élaboration de la Loi, expression de la volonté générale, dont il sera question aux élections législatives. L’occasion pour les gens, avec une Assemblée insoumise, de recouvrer une volonté qui ne soit plus biaisée et qu’on pourrait enfin appeler souveraineté

https://francoiscocq.fr/2017/05/15/macron-de-lillusion-a-lusurpation/

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