Accueil > Le PCF et la France insoumise
Beaucoup d’électeurs de Mélenchon déplorent, à juste titre, la division du PCF et de la France insoumise : ces deux organisations ont des candidats concurrents dans un très grand nombre de circonscriptions. Leurs dirigeants s’accusent mutuellement d’avoir rompu les négociations.
En réalité, le détail de ces négociations n’a pas grande importance. Il faut partir de la dynamique politique réelle. Le fait est que la France insoumise est parvenue à susciter un mouvement de soutien massif et enthousiaste, ce que la direction du PCF s’est avérée incapable de faire ces dernières décennies. Pire : la direction du PCF n’a « soutenu » la candidature de Mélenchon qu’au dernier moment, en trainant des pieds et après d’interminables tergiversations. A présent, elle voudrait encaisser les bénéfices du succès de Mélenchon, tout en scellant des alliances locales avec le PS et EELV. C’est irresponsable et cela ne peut qu’affaiblir davantage le PCF.
Si la direction du PCF avait eu vraiment à cœur de faire élire un maximum de députés de la « gauche radicale », elle aurait pris acte de la dynamique des « insoumis » et aurait proposé que soient investis, sous la bannière de la France insoumise, un certain nombre de candidats issus du PCF. Elle aurait également proposé de mener une campagne commune avec la France insoumise dans toutes les circonscriptions. Cela n’aurait pas affaibli le PCF, mais l’aurait au contraire renforcé – y compris, sans doute, en termes de représentation parlementaire.
La farce du « front républicain »
Pendant l’entre-deux-tours, les sirènes du « front républicain contre le FN » ont retenti sans discontinuer. Or ce « front » était constitué, pour l’essentiel, de dirigeants politiques qui sont personnellement et directement responsables de la montée du FN au cours des vingt dernières années. Leur hypocrisie et leur cynisme n’ayant aucune limite, ils se sont indignés sur tous les tons de la position de Mélenchon sur le deuxième tour. Le dirigeant de la France insoumise a eu raison de résister à ces pressions et de ne pas rallier le bourbier du « front républicain », car ce « front » fait le jeu du FN en lui donnant l’occasion de se présenter comme le « seul et unique ennemi du système ». Par exemple, le 7 mai au soir, Marine Le Pen déclarait : « les formations politiques qui ont pris la responsabilité de faire élire monsieur Macron se sont discréditées elles-mêmes et ont perdu toute légitimité à représenter une force d’alternance ou même d’opposition crédible ».
Le 7 mai, Marine Le Pen a recueilli 10,6 millions de voix, soit 5,1 millions de plus que son père en mai 2002. Par ailleurs, en 2002, Jean-Marie Le Pen n’avait progressé que de 700 000 voix entre les deux tours ; cette fois-ci, Marine Le Pen a progressé de 3 millions de voix entre les deux tours. Beau succès du « front républicain », en vérité !
La direction du PCF a appelé à voter Macron dès le soir du 23 avril. Elle expliquait qu’immédiatement après avoir voté pour Macron, le 7 mai, elle lutterait contre sa politique. Mais cela ne tient pas debout. Le premier tour des élections législatives va déboucher sur un certain nombre de duels entre la droite (En Marche ! ou LR) et le FN. Si la direction du PCF maintient sa position sur le « front républicain », elle appellera en toute logique à voter pour la droite dans ces circonscriptions, afin de « faire barrage au FN », une fois de plus. En résumé, la direction du PCF propose de « lutter » contre la droite – sauf quand elle appelle à voter pour la droite !
Le résultat de la consultation interne de la France insoumise, le mardi 2 mai, a montré que la farce du « front républicain » est rejetée par un nombre croissant de jeunes et de travailleurs. Les 65 % de militants « insoumis » qui ont refusé le vote Macron au deuxième tour ont donné un signal fort. On ne lutte pas contre le FN en appelant à voter pour des partis de droite. Une lutte sérieuse contre le FN suppose de mobiliser la jeunesse et les salariés sur un programme de rupture avec le capitalisme, car c’est la crise de ce système qui nourrit le vote FN. C’est aussi l’impuissance des différents gouvernements « de gauche » à régler les problèmes des masses. La gauche et le mouvement ouvrier doivent renouer avec les idées et le programme d’une transformation révolutionnaire de la société.
Les élections législatives
Cela dit, les élections législatives des 11 et 18 juin prochains sont très ouvertes. La puissante dynamique de la France insoumise, qui a porté Mélenchon à 19,6 % des voix, peut se poursuivre et s’amplifier. La France insoumise doit mener une campagne offensive, radicale et qui affiche clairement son ambition de l’emporter. Ses candidats peuvent être présents au deuxième tour dans un très grand nombre de circonscriptions. De son côté, le PS se livre à différents types d’alliances et d’arrangements véreux avec le mouvement de Macron, lequel cherche aussi des soutiens sur sa droite. Cette tambouille au « centre » ouvre un espace important à gauche.
La France insoumise peut aussi continuer d’affaiblir le Front National. Les résultats détaillés du premier tour montrent que la campagne radicale de Mélenchon a permis d’arracher au vote FN – et plus encore à l’abstention – des travailleurs ulcérés par la corruption et l’impuissance des « partis de gouvernement ». Ce mouvement peut et doit se poursuivre.
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Messages
1. Le PCF et la France insoumise , 19 mai 2017, 18:28, par JOclaude
En symbiose complète avec cette analyse marxiste. Il est de fait que MARX n’a jamais fixé de délai pour une lutte victorieuse anti-capitaliste ni comment il fallait mener une Révolution ! Je crois avoir bien traduit dans ses écrits que tout ce qui pouvait affaiblir le capitalisme était à prendre, mais bien sûr avec un cachet réellement Révolutionnaire ! L’essentiel étant un combat pour des améliorations des conditions de vie des travailleurs . A charge pour le Peuple à veiller au maintien de ses conquêtes, là est la question pour l’historique ! J’observe quand même que le programme de La France Insoumise est beaucoup plus vaste par exemple que celui du Front Populaire de 1936 qui présenta quelques revendications de taille reprisent d’ailleurs après 1945 , mais les gérants du capitalisme surent ensuite contourner ces conquêtes de la classe ouvrières, sans que ses privilèges ne soient remis en cause ou si peu qu’ils se poursuivent de nos jours avec des profits considérables alors que des millions de travailleurs sont jetés dans la pauvreté ou dans la plus extrême ! Alors s’attaquer aux profits pour un élan de justice sociale il semblerait bien qu’un mouvement de grande ampleur soit amorcé, souhaitons lui un succès d’abord pour stopper les ambitions des voleurs qui ont amassé des fortunes colossales : voir le nombre de multinationales de nos jours en comparaison d’il y a un siècle !
1. Le PCF et la France insoumise , 25 mai 2017, 09:12, par pascale
En 1936, le PCF était un parti RÉVOLUTIONNAIRE, TRÈS ORGANISÉ, qui comptait entre 200 000 et 300 000 adhérents dont un grand nombre de véritables MILITANTS (contre 55 000 "cotisants" répertoriés en 2016). Ce parti révolutionnaire pouvait donc venir en contrepoint et pousser le programme du front populaire, à terme...ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. En effet, il me semble que les communistes-révolutionnaires (ça devrait être un pléonasme, hélas) sont plus nombreux à l’extérieur du PC qu’à l’intérieur. La dynamique créée par un homme charismatique est très intéressante, mais la FI reste un mouvement "basique" (ce n’est pas un gros mot) : on verra bien ce qui va se passer. L’essentiel ne se trouve pas dans les urnes, mais sur le terrain de toutes façons (mais avec une organisation aux reins solides...)