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Législatives : à Marseille, Bernard Borgialli (France insoumise) est là pour apprendre

par Coralie Bonnefoy

Publie le lundi 22 mai 2017 par Coralie Bonnefoy - Open-Publishing

Alors qu’un renouvellement important s’annonce à l’Assemblée nationale, toutes les formations misent sur de nouvelles têtes. Reportage à Marseille où Bernard Borgialli (France insoumise) fait campagne.

Le badge rouge frappé du « phi » (la lettre grecque) de la France insoumise épinglé sur la chemise en lin, Bernard Borgialli se retrouve pour la première fois de sa vie dans la peau d’un candidat à une élection. Ce qui l’oblige à une certaine modestie : « Il faut être à la hauteur de ce que cela représente… » dit ce cheminot de 45 ans, marié et père de deux fils, investi à Marseille, dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Au premier tour des présidentielles, Jean-Luc Mélenchon a réalisé là un score de 19,5 %. Mais l’aspirant député sait qu’il aura fort à faire pour exister face à la sortante LR, Valérie Boyer, ex-porte-parole de François Fillon et au Front national (29,7 % des suffrages au premier tour).

Bernard se heurte à la méconnaissance du rôle du député

Ce matin-là, le conducteur de trains a garé sa camionnette rouge devant la cité du Bosquet (11e), dans les quartiers Est de Marseille. La sono crachote des tubes des années 80 et quelques militants distribuent des tracts. Une voiture passe en klaxonnant. « On est avec vous, les amis ! », s’exclame le conducteur, hilare. « Les gens viennent à nous spontanément », sourit Bernard, un peu surpris. Astrid s’approche, une affichette de Mélenchon à la main. « Je sais pourquoi il a perdu, ce couillon, s’agace-t-elle. Il n’a pas écouté ce que le peuple avait à dire sur la fermeture des frontières. » Astrid n’est « pas raciste, mais… » Bernard Borgialli et Marie-Hélène Rice, sa suppléante novice elle aussi, dialoguent avec la vieille dame. Ils évoquent l’immigration, la France-Afrique, la guerre en Syrie et la colonisation. Les concepts sont parfois pointus, loin des préoccupations d’Astrid. La retraitée repart, « pas convaincue ».

Bernard Borgialli n’a pas grandi dans un milieu de gauche. « Mon père, gardien de prison, était de droite. » Ancien élu du syndicat Sud Rail, toujours adhérent, le cheminot s’est engagé dans la France insoumise après avoir été attiré par l’esprit participatif d’EELV, puis avoir milité fugacement au PS. « Mais les partis sont trop verrouillés de l’intérieur. On y pense à ce qui va servir le parti et pas ce qui va servir aux gens », regrette-t-il.

Il doit désormais faire face aux tracas de tout apprenti député : ingérer le glossaire de 96 pages, trouver un mandataire financier, gérer le compte de campagne… « Tout ça fait un peu peur, faut pas se planter ! » Bernard se heurte aussi à la méconnaissance du rôle du député. Dans un bar de la Valentine, une dame lui réclame un appartement. Au Bosquet, on l’interpelle sur ces voitures immobilisées ou abandonnées sur le parking. « Je ne me vois pas faire une promesse à chacun, souffle le candidat. On leur a menti longtemps, à ces gens, pour qu’ils pensent qu’un député sert à ça… »

Une gamine passe devant la camionnette ; regrette de ne pas y apercevoir « Mélenchon, le vrai ». Malgré son déficit d’image, Bernard ne voit pas que des désavantages à être un visage neuf : « Je ne peux pas me vanter d’avoir voté telle loi. Mais je peux dire que j’ai connu la galère et vécu en HLM. » Le cheminot conclut : « Je dis aux gens :”Je n’ai jamais fait de politique. Mais je vais apprendre avec vous !” »

http://www.la-croix.com/France/Politique/Legislatives-Marseille-Bernard-Borgialli-France-insoumise-apprendre-2017-05-22-1200849093

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