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Souvenir : PCF les bons élèves de la primaire

Publie le mercredi 24 mai 2017 par Open-Publishing

de Noémie Rousseau — 15 avril 2016

Le Parti communiste maintient le cap sur la primaire d’ici à son congrès, début juin, témoignant de sa détermination quand les autres se tortillent.

Et si le PCF faisait une OPA sur la primaire à gauche ? C’est comme si depuis que le PS avait donné son feu vert sur le principe, les communistes se montraient plus motivés que jamais pour participer à ce processus censé accoucher à Noël d’un candidat unique pour la gauche. Enfin, un candidat de gauche. Parce que Mélenchon saison 2017 se dispense cette fois de passer par la case rassemblement des forces de gauche. Il a pris tout le monde de cours en se « proposant » directement pour le premier tour de la présidentielle. Et puis il n’y aura pas non plus Nathalie Arthaud, ni Philippe Poutou. Ceux-là aussi zappent la primaire, chacun y va avec son parti. Mais la primaire accouchera d’un candidat de ce champ qui veut bien se rassembler à gauche.

« Née du rejet de François Hollande »

Enfin, reste à s’entendre sur la définition du mot « gauche ». Autant le dire tout de suite, pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, les membres de l’exécutif potentiellement prétendant à 2017, n’ont pas le droit au qualificatif. « Macron se dit lui-même ni de droite ni de gauche, et à lire Valls dans Libé, il n’a pas l’air non plus de vouloir se positionner à gauche », observe-t-il. Quant à Hollande, Oliver Dartigolles, porte-parole du PCF, rappelle simplement : « L’idée même de cette primaire est née du rejet de François Hollande, en plein débat sur la déchéance de nationalité, il est apparu clairement qu’il ne pouvait être le candidat naturel. » Et Pierre Laurent de souligner : « Il s’agit de construire une candidature avec les Français et chaque jour qui passe, les gens sont de moins en moins nombreux à le soutenir […]. Si on prend les choses dans l’ordre, tout va se régler naturellement. »

Cambadélis, le patron des socialistes, n’envisage pourtant pas d’autre scénario qu’un Hollande vainqueur si le chef de l’Etat briguait un second mandat et s’il décidait d’en passer par la primaire et s’il l’annonce suffisamment tôt, en tout cas avant que le processus ne s’autodétruise, rongé par ces mêmes « si ». Dartigolles se coltine toutes les réunions d’organisation du jeudi sur la primaire. Et il les a vus, les socialistes : « Depuis que la direction du PS a intégré les réunions, elle dit vouloir participer mais ne cesse d’essayer de la planter. »

Le débat d’abord, le candidat ensuite

Alors le PCF déploie une énergie monstre pour se démarquer, prouver sa bonne volonté. Pierre Laurent souligne qu’il est le seul responsable de parti politique à avoir accepté le débat demain, au forum organisé par Libé. Les autres ont décliné. « Nous, nous avançons, et nous ne laisserons pas enterrer le processus citoyen », lance Pierre Laurent. Hors de question de se laisser dicter le tempo par les socialistes. La résolution adoptée par le conseil national vendredi le répète, les communistes sont « disponibles ». Mais, comme les autres, quoi qu’en dise le PCF, c’est un « oui, mais ». Une fois que l’ordre naturel se sera chargé de Hollande, il faudra un « processus citoyen » pour « construire une candidature capable de porter ce contrat politique de changement ». Le débat d’abord, le candidat ensuite. Le PCF tend toujurs la main « à toutes les forces de gauche », notamment les trois qui font cavaliers seuls : Mélenchon, Poutou, Arthaud.

Le PCF commence le travail de la primaire et rappelle le lancement de sa grande consultation citoyenne. Cinq cent mille personnes rencontrées individuellement, sur le terrain, pour répondre à un long questionnaire. S’ensuivront une série de restitutions publiques jusqu’à la grande restitution, bouquet finale de l’opération « Que demande le peuple ? » prévue à la Fête de l’Huma en septembre. C’est à partir de cette matière que sera construit le « contrat politique de changement » qui engagera le candidat sortant de la primaire. Le PCF prévoit aussi des rencontres nationales, quatre grands débats autour des questions d’emploi, de travail, d’évasion fiscale, de la refondation d’une nouvelle République, de l’Europe…

Le message est clair : le PCF se met en route quand le PS tergiverse. « Il n’y a aucune condition au démarrage des débats citoyens, alors commençons ! » lance Pierre Laurent, notant que les mobilisations de salariés, d’étudiants et du mouvement Nuit debout « prennent de l’ampleur ». « Nous vérifierons tous ensemble l’appétit qui existe dans le pays pour le processus. » Manière de dire que jouer la montre face à un peuple qui a soif de démocratie, ce n’est pas seulement « flinguer la primaire », comme aime à le répéter Yannick Jadot, mais c’est aussi se tirer une balle dans le pied.

http://www.liberation.fr/france/2016/04/15/pcf-les-bons-eleves-de-la-primaire_1446623