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La révolution et l’Etat

Publie le lundi 17 mars 2003 par Open-Publishing

Autore : Paolo Persichetti et Oreste Scalzone
Prezzo : EURO 18.29
Anno : 2000
Editore : Dagorno

Descrizione : La révolte qui a balayé l’Italie dans les années 70, et dont les échos ont retenti jusqu’à la fin des années 80, a été, par sa dimension et par sa profondeur sociale, par son ampleur temporelle et géographique, par son intensité politique, l’entreprise révolutionnaire la plus significative advenue en Europe occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale (...)

La réponse à la révolte sociale fut l’édification d’un "système de l’urgence". La notion d’urgence conçue initialement comme une exigence économique, devint une catégorie mentale, pour ensuite s’étendre aux domaines juridique, social et politique (...)

La réaction de la société politique de même que celle des milieux de la finance et de l’industrie à l’ascension des mouvements sociaux traversés par une galaxie de groupes politiques subversifs ont impliqué une véritable contradiction dans les termes : ce fut l’édification d’un Etat d’urgence permanent qui, contrairement à l’état d’exception classique, se dissimulait sous l’apparence de la norme juridique.

L’exception ayant ainsi été transformée en règle, la norme s’était dissoute dans un vaste ensemble d’exceptions. Ce modèle d’urgence sui generis fut en quelque sorte le prototype à partir duquel des pratiques d’exception ont été produites en série. Francesco Cossiga, ministre de l’Intérieur de 1976 jusqu’à la mort d’Aldo Moro, fut l’architecte des lois spéciales et, quelques années plus tard, président de la République. Il raconte qu’en 1978 Michel Poniatowski, son homologue français, lui avait conseillé de déclarer officiellement l’état d’exception, ce qui aurait donné le feu vert à une juridiction spéciale.
Mais, dans les années du "compromis historique", des gouvernements d’unité nationale, et plus tard du "préambule" et du pentapartito, la classe politique, face à un ennemi qui, paradoxalement, demandait à son adversaire des signes de reconnaissance politique, ne voulut pas risquer d’admettre l’existence d’une guerre sociale et civile latente. Elle fit donc en sorte que l’ensemble de la question reste confiné dans une typologie de droit commun.
Mais cette attitude fut largement contredite sur le plan pratique. S’il s’était agi d’une criminalité purement de droit commun, l’Etat n’aurait pas eu besoin de déployer une multitude de lois spéciales, trace formelle de l’instauration de pratiques d’exception, de mettre en place de tels dispositifs et traitement hors norme, d’interpréter des lois ordinaires selon un contexte "spécial", ni d’appliquer des circonstances aggravantes ou de modifier les procédures et le Code Pénal en y intégrant des nouveaux délits (...)

 l’Humanite