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Le string et le sexy face à la sexyphobie réactionnaire

par Christian DELARUE

Publie le dimanche 24 décembre 2017 par Christian DELARUE - Open-Publishing
2 commentaires

Le string et le sexy face à la sexyphobie réactionnaire

Préalable : Sexyphobie réactionnaire c’est largement un pléonasme (comme exhibitionnisme ostensible) mais son usage vaut comme renforcement du sens négatif . On peut penser à la rigueur à une sexyphobie progressiste contre de l’imposition de vêtement très sexy aux gamines de 5 à 12 ans pour les exhiber dans les concours (capitalo-patriarcat), mais le terme semble inadéquat, impropre. A ce sujet, notons que les intégristes religieux instrumentalisent les gamines en les voilant pour les accoutumer. Cela devrait être interdit.

La séduction et la sexualisation du corps ne devrait être possible qu’à l’âge des rencontres adultes ou presqu’adultes, vers 15 ans (cf exposition des gamines ci-dessus). Elle suppose un minimum d’éducation pour s’exercer sans dérive. En tout état de cause il s’agit d’éduquer les jeunes adolescents au « double regard ». Cette éducation suppose une orientation de vie entre çà débridé et surmoi sévère.

Le titre initial d’un texte déjà publié mais en moins développé sur altermd est :

Le string, « un vêtement comme un autre » (comme le burkini) ?

http://altermd.blogspot.fr/2017/08/le-string-un-vetement-comme-un-autre.html

La question s’est posée ainsi dans le contexte de l’été 2016 : Le string est-il comme le burkini selon Edwy Plenel « un vêtement comme un autre » ? (voir Mediapart 2016)

Le string est plutôt porté par des femmes mais aussi par des hommes (dont moi ci-dessus quand çà me plaît et quand j’en ai le droit). C’est donc du mixte - entendez pour les hommes et les femmes - et c’est donc bien « un vêtement comme les autres » sous cet angle, même si c’est le « vêtement du diable » pour les intégristes religieux et toutes les personnes ayant un « surmoi » sévère, prête à condamner d’emblée ce genre de vêtement trop hypotextile (chair humaine apparente) ou trop sexy (joli - beau - attirant) selon le contexte et les regards. C’est un vêtement comme les autres même s’il se porte rarement seul, sans rien d’autre au-dessus, en extérieur.

 STRING ET SEINS

Le problème du string n’est pas tant qu’il laisse voir les fesses - rien de catastrophique ici - c’est qu’il laisse voir les seins des femmes. Et là évidemment, il y a refus autant chez beaucoup femmes que chez beaucoup hommes. Les seins ne sont pourtant pas les organes sexuels (masculins et féminins) qui sont ordinairement cachés dans toutes les civilisations (caractères sexuels primaires dit-on) sauf chez les nudistes (en zone réservées).

Les seins (des femmes) sont jugés trop attractifs sexuellement. Pas tous sans doute mais il suffit que certains le soient pour qu’il y ait danger. Ce sexy trop fort est jugé dangereux pour la société (ce qui ne signifie pas immoral en soi - intégrisme religieux). Pas dangereux à cause du soleil (il y a des crèmes) mais à cause de l’incapacité dominante de trop d’hommes à bien se tenir, c’est à dire regarder sans insister et se taire . Malgré un mouvement de forte relativisation de cet aspect dangereux dans les années 68 - 90, grâce aux seins nus sur les plages, la banalisation ne s’est pas diffusée dans toute la société. Il reste un secteur peu ouvert, crispé et méfiant, voire agressif, tant chez les femmes que chez les hommes .

Pire avec la montée du voile islamique un contre-mouvement plus nettement régressif de forte pudibonderie s’est avancé. Je dis régressif ou réactionnaire car il porte de l’intolérance générale à l’hypotextile et à tout ce qui peut être séduisant ou sexy, un peu ou beaucoup. De nos jours, même un décolleté ou une mini-jupe sera l’objet de critiques pour des intégristes religieux. Ce contre-mouvement porte en lui une police des moeurs qui vise plus le corps d’autrui que l’éducation de sa propre perception. Il est profondément réactionnaire.

 SEXYPHOBIE D’ETAT

Néanmoins, en été sur les plages le string seins nus est possible en France et dans la plupart des pays non contaminés par l’autoritarisme de moeurs contre l’hypotextile ! Mais cela ne va guère plus loin que la plage car il existe une sexyphobie d’Etat (en plus d’une sexyphobie venue de certains secteurs de la population).

Il devrait être possible de prendre un verre en string seulement à la terrasse d’un café de l’autre côté du boulevard de mer sans être en infraction !

 BURKINI - VOILE - TALONS

Revenons au burkini. Il n’est pas plus un vêtement ordinaire que le voile de la musulmane car ces vêtements religieux ostensibles - net exhibitionnisme de sa religion en pays sécularisé - ne sont portés que par des femmes. Comme les talons hauts disent certains mais je me souviens d’avoir porté des chaussures compensés à talons moyennement hauts dans les années 72-78. Ce n’était pas des talons aiguilles ni des talons de 14 cas mais de gros talons. Moins joli mais passons ! Et cela ne faisait pas problème ni pour mon dos ni pour la société.

Aujourd’hui les talons hauts sont portés par des femmes comme bon leur semble - regardez Cécile Duflot avec ses hauts talons de 14 cms et sa robe à fleurs bleues en Assemblée Nationale en 2012 - et il est très rare que cela soit un port obligatoire sous peine de perte d’emploi. Bien souvent, il n’en va pas de même du voile qui est porté constamment, chaque jour qui passe du matin au soir et de 5 à 75 ans. Il est prescrit de plus en plus tôt. Souvent avec une jupe ultra-longue ! Ou avec un pantalon mais alors avec une tunique cache-cul. Là est l’aliénation. Pas dans le fait de porter un voile mais de le porter constamment par soumission hiérocratique.

 SEXYPHOBIE DES INTEGRISTES RELIGIEUX

De plus de part le monde, l’hypertextile est très fortement prescrit par les intégristes religieux musulmans et juifs haredim. Ces intégristes religieux sont sexoséparatistes et gravement sexyphobiques. Ils portent une haine incoercible contre le corps féminin, sa chair, ses formes, ses vêtements ! Ce mécanisme d’oppression sexiste vient d’une interprétation réactionnaire du Coran assez massivement diffusée. Mais tous les musulmans ne l’adoptent pas. Ils s’y soumettent plus ou moins facilement.

 LUTTES TEXTILES

Il importe de lutter pour la liberté textile, tant l’hypertextile que l’hypotextile mais dans un cadre qui permet vraiment le port de l’hypotextile sans insulte ni agression. On en est loin.

Par ailleurs, il est normal que ce principe de liberté textile connaisse des interdictions légales. La loi française de mars 2004 contre les signes religieux ostensible à l’école permet d’enlever en milieu scolaire ce voile comme kappa et grosses croix. Les accompagnatrices scolaires bénévoles devraient être soumises aux même règles de neutralité.

Dans l’entreprise le port d’un signe religieux ostensible peut gêner en proximal tout comme un badge syndical ou un badge politique. La religion n’est pas neutre. Cela vaut en réception des clients.

Quand la religion porte une conception hyper-pudibonde et hypertextile pour les femmes il y a danger ! Luttons contre l’hypertextilisation du monde ! Et l’islamisation se résume beaucoup à l’hypertextilisation du monde . Il y a aussi la nourriture halal mais cela se raccroche au débat sur la condition animale.

Hypertextilisation de la moitié du monde : nous refusons ce contre-mouvement qui mène vers un hyperpatriarcat en lien avec le sexoséparatisme.

Christian DELARUE

Messages

  • Donc si j’ai bien compris la stringophilie mène à l’hypopatriarcat voir à l’hypermatriarcat.
    Laisse tomber le drapeau rouge cammarade⋅e⋅s et lève bien haut le string pour la victoire du prolétariat !

    • QUESTION TEXTILE : Quelle déstigmatisation des « extrêmes textiles » (string - voile) ?

      A quelles conditions cette déstigmatisation est possible ?

      XX

      La déstigmatisation est une catégorie psychosociologique utilisable par les militants antiracistes et antisexistes, par des militants progressistes humanistes, ouverts d’esprit et universalistes. Le néo-campisme incite à une dé-stigmatisation unilatérale que nous contestons : le voile serait à respecter éventuellement sous couvert d’islamophobie mais pas le string seulement qui serait à fustiger !

      La double dé-stigmatisation – côté hypotextile et côté hypertextile – est nécessaire par respect du principe de réciprocité culturelle textile. Il permet la diversité des apparences textiles.

      On peut partir du fait que les « extrêmes textiles », l’hypertextile (le voile) et l’hypotextile (le string seulement ) sont très souvent objet d’une critique sévère, d’une critique stigmatisante . Il y a à distinguer la critique du ou des vêtement(s) de la critique des personnes qui les portent.

      Il y a lieu de savoir si ce port de l’hypotextile (une mini-jupe et talons) ou si ce port de l’hypertextile (voile et jupe longue) est libre ou contraint. C’est un point très important. Il est évident que la critique est possible et doit le rester contre celles et ceux qui imposent des tenues aux femmes, y compris si c’est un autoritarisme venu de la religion . La religion ne saurait servir de bouclier pour empêcher cette critique. La critique doit au contraire être maintenue et développée.

      Concernant la gêne portant sur la vue de cette « différence textile », elle peut porter sur l’un ou l’autre du spectre textile (string ou voile) et il n’y a pas de raison qu’une gêne soit jugée plus respectable qu’une autre.

      S’agissant d’un port libre, à fortiori d’une personne adulte, il convient de respecter cette personne et de pratiquer le « double regard  » : voir la personne sexuée (voile ou string) et voir aussi et surtout la personne humaine digne comme toute autre.

      S’agissant d’un port libre, à fortiori d’une personne adulte, la déstigmatisation sur un mode universaliste doit alors porter sur les deux extrêmes du spectre textile. Dans une telle perspective militante universaliste anti-stigmatisation on ne saurait se montrer choqué pour une tenue et pas pour une autre. Autrement dit, il semble bien que ce militantisme textile universaliste, fondé sur la liberté du sujet, puisse proposer dans le cadre de la « réciprocité multiculturelle textile » ces deux refus liés :
      Refus de stigmatisation d’une personne qui porte un string.
      Refus de stigmatisation d’une personne qui porte un voile.

      Christian DELARUE

      Il s’agirait avec le thème sur la « réciprocité multiculturelle textile » de « respecter la diversité des modes humains d’être au monde et de leur expression » (Alain Renaut in La France doit faire le choix d’un multiculturalisme tempéré, Le Monde, 15 janvier 2015, pages Débats,) mais sans favoriser ni des privilèges de conscience (celle de la religion), ni de ce fait des impositions autoritaires