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Pouvoir d’achat : les Français déçus par Macron

par Grégoire Normand

Publie le vendredi 16 février 2018 par Grégoire Normand - Open-Publishing
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Plus de deux tiers des Français estiment que leur pouvoir d’achat a baissé depuis un an selon la dernière enquête d’opinion exclusive BVA/La Tribune sur les questions économiques. Les différentes mesures engagées par le gouvernement suscitent des interrogations et des doutes chez les Français.

La politique économique d’Emmanuel Macron ne séduit pas les Français. Selon la dernière enquête mensuelle d’opinion BVA/La Tribune sur "les questions de l’économie", les réformes engagées par le gouvernement sont jugées défavorablement par une majorité de Français. La hausse de la fiscalité sur le carburant ou encore l’augmentation de la CSG sur les pensions des retraités ont pu alimenter ce sentiment de mécontentement en ce début d’année. Malgré une conjoncture économique favorable, la popularité des mesures engagées par l’exécutif s’érode au fil des mois.

Le pouvoir d’achat au centre des inquiétudes

D’après les résultats collectés par l’institut de sondages, 68% des interrogés estiment que leur pouvoir d’achat a plutôt diminué depuis un an. Seuls 3% considèrent que le pouvoir d’achat a plutôt augmenté, alors que 27% jugent qu’il est resté similaire. Ce sentiment de perte de pouvoir d’achat est particulièrement visible chez les retraités (82%), et les employés et ouvriers (75%). Il est en revanche moins répandu chez les cadres (37%). Dans une approche plus large, les résultats illustrent "une certaine fracture dans la population", note l’institut.

37% des Français ayant le sentiment d’appartenir aux classes aisées jugent que leur pouvoir d’achat a plutôt diminué au cours des 12 derniers mois contre 60% de ceux se rattachant aux classes moyennes supérieures, 70% chez ceux des classes moyennes modestes et 84% chez ceux des catégories populaires.

Une minorité favorable

Seulement 11% des sondés jugent que leurs revenus du premier mois de l’année ont été supérieurs à ceux de décembre 2017 alors qu’un tiers ont déclaré qu’ils étaient identiques. À l’inverse, 54% des Français ont déclaré que leurs revenus de janvier 2018 étaient inférieurs à ceux de décembre. Le sentiment de baisse est bien plus marqué chez les retraités directement touchés par la hausse de la CSG et les salariés du secteur public (57%), "en attente de la généralisation de la compensation de la hausse de la CSG." À l’automne dernier, Bercy, se voulant rassurant, a annoncé dans un communiqué "la mise en place d’une indemnité compensatrice de CSG pour l’ensemble des agents publics des trois versants de la fonction publique. À cette occasion, il a également affirmé la volonté du gouvernement de compenser entièrement le montant de cette nouvelle indemnité pour les employeurs des fonctions publiques territoriale et hospitalière."

Du côté du secteur privé, seuls 28% des salariés considèrent que leurs revenus de janvier 2018 étaient inférieurs à ceux de décembre 2017 contre 22% qui indiquent que leurs revenus étaient supérieurs, "alors que cette population a plus largement bénéficié de la baisse des cotisations sociales, signe que cette mesure est encore peu perceptible".
Pessimistes sur l’avenir

Les citoyens interrogés par BVA sont majoritairement pessimistes (74%) sur une évolution favorable de leur pouvoir d’achat. À l’inverse, seuls 24% des répondants se déclarent optimistes sur ce point. Ce sentiment de morosité est particulièrement prononcé chez les ouvriers (90%), les employés (81%) et les retraités (77%), et moins visible chez les cadres (65%).

Au niveau des étiquettes politiques, le clivage est également remarquable. 80% des sympathisants de La France Insoumise et 81% des sympathisants PS se disent pessimistes, tout comme 79% des sympathisants LR et 90% de ceux du FN. À l’inverse, l’optimisme règne chez les sympathisants de la République en Marche (LREM) (77%). En toute logique, les résultats selon les catégories sociales auxquelles les interrogés ont le sentiment d’appartenir confirment quelques clivages.

"37% des Français des classes aisées se disent optimistes contre 34% de ceux des classes moyennes supérieures, 23% de ceux des classes moyennes modestes et 9% de ceux des catégories populaires."

58% des Français défavorables

L’érosion de la confiance des Français à l’égard de la politique économique de l’ancien banquier d’affaires se poursuit au fil des mois. Seuls 37% des enquêtés indiquent que sa politique économique est bonne, contre 43% en janvier dernier et 49% en décembre 2017. En parallèle, le camp des sceptiques s’élargit. "58% des Français jugent que la politique économique est mauvaise, ils étaient 53% en janvier et 49% en décembre."

La proportion de retraités considérant que la politique économique du gouvernement est bonne diminue de 7 points (de 52% à 45%). Cette baisse est encore plus importante chez les employés et ouvriers avec 11 points en moins (de 38% à 27% chez les CSP-). Une diminution similaire est manifeste chez les salariés du public. Au niveau politique, "c’est auprès des sympathisants de la gauche que les opinions négatives progressent le plus : 80% jugent que la politique économique du gouvernement est mauvaise soit 9 points de plus qu’en janvier." L’enjeu du pouvoir d’achat semble donc attiser les mécontentements chez les Français qui attendent encore une revalorisation de quelques minimas sociaux censée intervenir à l’automne prochain.


(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone, puis interrogés par Internet du 12 au 13 février 2018. Elle est basée sur un échantillon de 1.027 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

https://www.latribune.fr/economie/france/pouvoir-d-achat-les-francais-decus-par-macron-768351.html

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