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350.org et les énergies "renouvelables" : le greenwashing de la colonisation

par n.Cazaux le partage

Publie le dimanche 4 mars 2018 par n.Cazaux le partage - Open-Publishing

Sur http://partage-le.com/2018/02/9019/

Il y a quelques jours, j’ai regardé une vidéo[1] d’une discussion entre plusieurs jeunes figures de l’écologie relativement grand public, intitulée « Face à l’effondrement, continuer à se battre  ? ». Parmi les intervenants qui prenaient part à cette discussion, on retrouvait Nicolas Haeringer, qui travaille pour la branche française de l’ONG internationale 350.org.
Ainsi que le suggère le titre de la vidéo, leur discussion tournait autour de l’effondrement à venir de la civilisation industrielle, sujet — relativement — popularisé par le livre Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens.

Dans cet ouvrage, les deux auteurs exposent en quoi la civilisation industrielle mondialisée, loin d’être une aventure pleine d’avenir, est vouée à s’autodétruire à court terme, dans les prochaines décennies. Et ce, pour de multiples raisons — pêle-mêle : la finitude des combustibles fossiles, des minerais et des métaux et des multiples ressources actuellement surexploitées par les nombreuses industries qui composent la société industrielle, les conséquences du réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre par l’industrie qui surexploite les énergies fossiles, les innombrables pollutions et destructions des milieux naturels liées au développement de la société industrielle, les instabilités politiques qui découlent et découleront des problèmes précédemment cités…

Le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens stipule que les énergies renouvelables ne sont en rien une solution, qu’elles reposent également sur un extractivisme insoutenable. On peut ajouter à cela le livre plus récent de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares, qui expose en quoi leur développement précipite de nombreuses catastrophes écologiques à travers le globe (dont celles liées aux extractions de terres rares en Chine), et en quoi toutes les hautes technologies dépendent de catastrophes écologiques planétaires (extraction du coltan, du cobalt, etc., en Afrique et ailleurs). Et celui de Philippe Bihouix, L’âge des low tech, qui expose également le mythe de la croissance verte et ses conséquences écologiquement désastreuses. Ces trois livres proposent une critique partielle du mythe des énergies renouvelables comme solution aux problèmes auxquels la société industrielle est confrontée.

Une évaluation plus complète prendrait en compte le caractère antidémocratique des états modernes. Elle rappellerait que toutes les hautes technologies sont les produits de ces sociétés autoritaires (ou de cette société autoritaire mondialisée, puisque tous les États participent désormais d’un système économique global). Qu’il en va ainsi des technologies dites « renouvelables » (qui font partie des hautes technologies), qu’en plus de cela la production d’électricité (toutes origines confondues, soi-disant verte ou officiellement pas verte du tout) ne sert qu’à alimenter en énergie une société dont tous les autres aspects sont également anti-écologiques : même si l’énergie verte était vraiment verte, son utilisation, elle, ne l’est jamais : recharger un téléphone portable, regarder la télévision ou rouler dans une voiture grâce à une énergie hypothétiquement verte n’a rien d’écologique  ; quid de la fabrication de la télévision, de la voiture, des routes, etc.  ?

Mais revenons-en à la discussion précédemment mentionnée. Les différentes analyses des participants présentaient plusieurs points communs. Tout d’abord, leur critique sociale était très limitée. Les notions d’esclavage salarial ou d’esclavage moderne, le caractère antidémocratique de la société industrielle, son caractère intrinsèquement inégalitaire, coercitif, oppressif, ses dynamiques impérialistes et expansionnistes séculaires, etc., n’ont été que peu ou pas mentionnés. Par contre, ont été mentionnés le fait de faire son savon soi-même, de manger bio, de recycler, de ne pas manger de viande issue d’élevages industriels, et tous les autres avatars de l’écocitoyenneté.

L’ONG internationale 350.org, pour laquelle travaille Nicolas Haeringer, fait la promotion de toutes les énergies dites « vertes » et milite « pour un avenir 100% renouvelable ».
Cela explique sûrement pourquoi Nicolas Haeringer a évité de parler de la réalité des énergies vertes, quand bien même un autre participant, Mathieu Duméry (le « Professeur feuillage » de la web-série écolo éponyme), soulignait timidement leur caractère douteux. Cela explique aussi pourquoi Nicolas Haeringer ne s’est pas épanché sur le sujet de l’effondrement — ce concept basé sur le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, qui expose assez clairement le mythe des énergies renouvelables. Or, participer à une discussion sur le thème de l’effondrement, tandis qu’on travaille pour une ONG dont la principale activité consiste à promouvoir les illusions renouvelables dans le monde entier, une ONG qui ignore totalement le concept d’effondrement, la réalité de l’insoutenabilité complète de la société industrielle, c’est pour le moins étonnant.

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