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ORDRE DES PEUPLES : TROIS à mobiliser.

par Christian DELARUE

Publie le samedi 10 mars 2018 par Christian DELARUE - Open-Publishing
4 commentaires

ORDRE DES PEUPLES : TROIS à mobiliser.

Gauche et droite différemment !

Cette idée de l’existence de trois catégories de « peuple » n’est pas nouvelle. Elle peut se décliner de plusieurs façons. Derrière le singulier il faut surtout lire le pluriel.

Une référence : La politique, une affaire de « peuple(s) »
https://www.nonfiction.fr/article-9255-la-politique-une-affaire-de-peuples.htm

TROIS QUESTIONS : 1 Q. identitaire (ou communautaire), 2 Q. démocratique, 3 Q. sociale (ou classiste).

Certaines définitions sont très anciennes, d’autres plus récentes.

 LE PEUPLE HISTORIQUEMENT IDENTITAIRE

1 - Peuple ethnique ou ethnos avec plusieurs dérivés communautaires et identitaires : vs le peuple ethno-racial ou vs le peuple ethno-national (ici la nation renvoie beaucoup moins à la nation comme corps politique qu’à sa culture historique ancestrale ) ou le peuple culturellement sécularisé (ex France du XX ème siècle) ou au contraire un peuple largement soumis à une emprise religieuse et hiérocratrique.

Lorsqu’il s’agit de défendre la culture historiquement dominante sous un peuple ethnos alors l’option politique est en général conservatrice et de droite voire d’extrême-droite. Pas toujours cependant. Soyons donc non dogmatique mais critique.

Il n’y a plus d’entité totalement homogène au plan culturel. Toute communauté nationale ou culturelle connait des différences et contradictions . La religion est clivée entre intégristes religieux et non intégristes.

 LES DEUX AUTRES REFERENCES DU PEUPLE

Les deux autres définitions du peuple se combinent dans une perspective de gauche, d’émancipation sociale, écologique et citoyenne.

Quand il n’y a pas combinaison alors c’est souvent la question sociale et derrière elle la mobilisation de ceux et celles d’en-bas qui est éludée. Ce qui est alors visé c’est un compromis avec les élites dominantes qui entendent préserver leurs privilèges de classe, notamment gagner des sur-salaires et surtout conserver un patrimoine imposant.

2 - Peuple démocratico-citoyen qui recoupe le peuple légal ou le corps politique d’un territoire national mais aussi d’une configuration plus large, de type continental comme les peuples électeurs de l’Union européenne .

Aujourd’hui, à droite et à gauche, on se réclame de lui, mais la question est : pour quelle démocratie ? Pour la droite ce peuple démocratico-citoyen permet de mettre le MEDEF et la classe dominante du système capitaliste au poste de commande. Pour la gauche, une démocratie élective de dépossession au profit d’une classe dirigeante et d’une classe dominante en collusion est à contester car elle cale l’intérêt des populations sous les intérêts du 1% d’en-haut et ceux de l’oligarchie des FMN .

La critique de cette démocratie délégataire est forte mais elle peine à être partagée. Elle doit se combiner à une idée de mobilisation de ceux d’en-bas via des collectifs mélangeant la gauche, les syndicats et les associations altermondialistes. Sur ce point il faut évoquer un en-bas large et ce même si ce ne sont pas les cadres du 10% d’en-haut qui vont massivement être actifs. Certains oui pas tous, loin de là.

3 - Peuple d’en-bas large ou Peuple-classe 99% opposé à la classe dominante et dirigeante des riches soit le 1% d’en-haut sous le néolibéralisme. Cette large fraction de peuple constitue la modernisation du peuple-pleb de jadis en changeant de format (plus large) mais aussi de sens (non péjoratif comme l’est populace)

Il existe des rapports sociaux extrêmement clivant - dit « classisme » - au sein du peuple-tout ( de format 100% affiché), c’est pourquoi on trouve des définitions peuple-fraction du tout . Quand le peuple est « tout le monde » - même « citoyen » - alors on trouve fatalement des définitions moins « communautaire », moins englobante d’ou le « people 99% ».

La référence à un peuple-classe, à la différence d’un peuple nation, d’un peuple ethnique ou d’un peuple démocratique-citoyen, casse potentiellement un ciment. Il a une vertu critique. (1)

Evoquer le peuple-classe 99% ne signifie pas nécessairement mobilisation réelle de tous les 99 % à qui les acteurs associatifs ou syndicaux s’adressent car des professions libérales aisées et des cadres supérieurs aisés se soumettront plus à l’idéologie des classes dominantes, des riches du 1% d’en-haut.

A propos de combinaison : En 2012 sur la revue Mouvements
Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe.
http://mouvements.info/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/

Christian DELARUE

1) - Ordre des peuples et bourgeoisie : Une référence à Georges Labica

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/150812/ordre-des-peuples-et-bourgeoisie-une-reference-georges-labica

 Défense des peuples-classe, classisme et autres divisions.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Defense-des-peuples-classe-classisme-et-autres-divisions-Christian-DELARUE

Messages

  • La notion d’état ou pays (naif) est récente dans l’histoire de l’humanité et elle n’est pas encore universelle.

    La notion de peuple (moderne) est apparue ensuite me semble-t-il ; auparavant peuple et pays étaient liés à un souverain. La transition s’est faite à l’orée du siècle des lumières en Europe.

    Existe-t-il un peuple hors-sol ?

    Existe-t-il un état hors peuple ?

    • Il y a des peuples sur plusieurs Etats comme les kurdes sur une zone territoriale qui recouvre des zones en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran (plus ailleurs). Le peuple palestinien est resté longtemps sans Etat ou proto-Etat donc sans droits liés à une appartenance étatique.

    • 2010 et après : Articulation ou pas des trois catégories courantes de « peuple »

      Quelles catégories de peuple furent mobilisées ou mobilisables ? Derrière cette question on en trouve une autre : quels types de combats furent articulés (ou pas) ? Combat social ? combat démocratique ? combat identitaire ?

      I - PAS D’ ARTICULATION : "People 99%" d’Occupy Wall Street

      1 - Le « Nous sommes les 99% » du Occupy movement, (mouvement Occupy mouvement d’occupation) est quasi exclusivement de nature économico-sociale . C’est le peuple-classe qui est mobilisé contre les riches du 1 % pour la justice sociale et fiscale , pour stopper la prédation des riches, le « ruissellement vers en-haut. C’est un mouvement international d’en-bas large et de protestation sociale principalement dirigé contre les inégalités économiques et sociales . Il y a une critique médiatique contre ceux qui diffusent les boniments classistes des riches . Le 1% d’en-haut est ciblé.

      Ici l’articulation entre peuple-classe et peuple démocratique n’est quasiment pas faite. Ce qui n’empêchait pas l’avancement de revendications féministes mais un "féminisme des 99%"

      Ce qui n’est pas le cas des « Printemps arabes » (au pluriel vu sa diversité) et du Mouvement des indignés.

      II - ARTICULATION PEUPLE-CLASSE & PEUPLE DEMOCRATICO-CITOYEN

      Articulation par « Printemps arabes » (au pluriel vu sa diversité) et du Mouvement des indignés.

      2 - Les « Printemps arabes » est un ensemble de contestations populaires, d’ampleur et d’intensité très variable, qui se produisent dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010.

      3 - Le mouvement des Indignés (Indignados ) ou Mouvement 15-M1 est un mouvement de manifestations, né à Madrid le 15 mai 2011, rassemblant des centaines de milliers de manifestants dans une centaine de villes, se prolongeant par divers modes d’action ( campements, marches) jusqu’à aujourd’hui. A suivi une série de manifestations pacifiques, rassemblant jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de personnes, organisées sur les réseaux sociaux et des sites web dont Une vraie démocratie, maintenant, auxquels se sont joints de 200 à 500 organismes soutenants, parmi lesquels les collectifs ATTAC, Anonymus, « Jeunesse sans avenir »

      Le mouvement vient d’en-bas, du peuple-classe avec des revendications sociales (logement, santé, salaires) mais aussi démocratiques . L’articulation combat social et combat démocratique permettait d’introduire aussi le combat féministe, combat antiraciste et combat laïque . Il y a articulation en termes de mobilisations populaires du peuple-classe (pas forcément les 99% mais c’est le « nous sommes les 99% » qui est annoncé pour montrer l’ennemi, la classe prédatrice, le 1% d’en-haut).

      Articulation contestataire avec les revendications sociales d’un peuple-classe qui se soulève et qui veut devenir peuple démocratique.

      La question du peuple identitaire surgit ensuite avec le retour des islamistes (plus bas) qui viennent perturber le mouvement de conquêtes sociales et de conquêtes démocratiques.

      III - RETOUR DE LA PESTE IDENTITAIRE INTEGRISTE

      On fait ordinairement référence ici à "l’HIVER ISLAMISTE " : il y a retour ou réaction d’un contre-mouvement intégriste religieux de nature nettement réactionnaire face aux difficultés d’installer un régime politique tout à la fois social - la "main gauche" de l’Etat social (services publics, protection sociale, droits sociaux) - et démocratique. Les élites ont repris la main pour réinstaller un système droitier de privilèges des riches.

    • Pour les Kurdes, plusieurs états ont été créés en les englobant comme minorité. L’identité du peuple kurde se fonde alors sur un territoire et une langue commune. On pourrait dire la même chose des basques, catalans, corses, bretons...

      La Palestine avant la création de l’état d’Israël était sous domination Turque puis Britannique et enfin Israélienne, les palestiniens sont arabophones et on peut dire que le peuple palestinien s’est construit par la résistance à un occupant extérieur.

      Cette notion de peuple, lié ou non à un état, repose donc sur un territoire et une langue commune et aussi sur une revendication d’appartenance.

      L’usage ou l’appel au peuple dans le discours politique fait référence à d’autres caractéristiques qui peuvent être sociologiques, culturelles voire religieuses ou ethniques.