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Après avoir explosé le code du travail, ils veulent exploser le droit de grève !

par jodez

Publie le mercredi 30 mai 2018 par jodez - Open-Publishing
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mai 2018
À plusieurs reprises le droit de grève a été interdit dans certaines professions.

Mais le rapport de forces a souvent permis de contrer toutes ces restrictions de réquisition, de préavis,…

Aujourd’hui ils voudraient remettre en jeu la conciliation et l’arbitrage des conflits de travail (style CFDT) à l’instar du syndicalisme allemand.

La CGT mise en confiance par le gouvernement du Front Populaire accepte de discuter d’un arbitrage qui s’avère autoritaire aboutissant en 1938 au rejet des 80% des demandes ouvrières.

2018, Macron discrédite les grévistes via les médias aux ordres du MEDEF, du capitalisme et de l’Union Européenne qui sont « les premiers de cordée dans la destruction de notre économie nationale ». Le spectre de Mai 68 hante le gouvernement qui réprime dans les universités par des évacuations manu militari, attaque la Fonction Publique, Hospitalière et Territoriale et gouverne par ordonnances. En somme, les décisions sont prises : « Circulez, il n’y a plus rien à discuter ! »

Malgré cela, des conflits prennent corps dans toutes les branches professionnelles et secouent les organisations syndicales y compris dans les rangs réformistes de FO (voire leur dernier congrès chahuté par ceux qui n’ont pas digéré la volte-face de Mailly sur la loi travail et chez certains cédétistes à la base bien entendu car Laurent Berger considère que c’est plié et qu’il vaut mieux discuter ! Discuter de quoi ? De la façon dont on va détruire les acquis du Conseil National de la Résistance et toutes les conquêtes sociales obtenues par les luttes ! Comme l’exprime dans son préambule le Front Syndical de Classe en citant Krasuki « Les régressions sociales ne se négocient pas, elles se combattent ! »

La crainte d’un mouvement social est si forte que 15 députés LR ont déposé un projet de loi visant non seulement à « encadrer » mais carrément à « empêcher » l’exercice du droit de grève.

En ligne de mire, ces 15 LR pointent « des grèves à objectif purement politique » et « des grèves portant atteinte à la continuité du service public ». Ces motifs constitueraient selon eux « une faute lourde donnant lieu à un licenciement ». Ils estiment que même un juge ne peut apprécier. Il leur faut une loi qui s’appliquera sans autre forme de procès.

L’article 1 pose l’objectif de définir des motifs clairs de recours à la grève et se réfère au Comité Européen des Droits Sociaux. C’est bien le carcan européen qui a autorisé les gouvernements des États membres à prohiber les grèves « purement politiques » (acte mis en œuvre par Margaret Thatcher en 1982 au Royaume-Uni). Ils se réfèrent aussi à l’Allemagne. C’est ça l’Europe sociale que parfois des gens pourtant bien intentionnés pensent amendable. La grève pourrait donc ne porter que sur les conditions de travail définies dans les protocoles d’accord, conventions d’entreprise ou de branche. Ben voyons, merci la loi El Khomri. Après avoir explosé le code du travail, ils veulent exploser le droit de grève qui, ainsi défini, ne pourrait jamais s’exercer.

À Angers, le PRCF a apporté son soutien aux hospitaliers du CHU en grève. En distribuant nos tracts, nous disions : « Nous avons tous la même maladie, public, privé ! ». Suppressions de postes et licenciements, blocage des salaires, retraites amputées par la CSG, prestations sociales dégradées (APL étudiants, parcours post-bac, chômeurs, etc..). Et ce sont les politiques qui prennent toutes ces décisions qui décréteraient que les grèves ne doivent pas être politiques ! Syndicalisme et politique, la charte d’Amiens, c’est le joker des réformistes qui veulent conserver le capitalisme. La preuve est faite pourtant que nous devons en sortir.

L’article2 veut définir les modalités d’exercice du droit de grève dans le secteur privé. Ils proposent une phase préalable de négociation se référant comme d’habitude à l’Allemagne qui, en 1974, adopte 7 phases préalables à la grève !

Ces 15 LR souhaitent aussi le vote favorable d’au moins 50 % des salariés pour que la grève commence. Pourtant Macron n’a jamais recueilli 50 % de votants au 1er tour (60% d’abstentions) mais seulement 18% des électeurs. Alors qu’il cesse de gouverner !

L’article 3 prévoit d’appliquer les mêmes règles aux agents de la Fonction Publique, histoire d’harmoniser !

Comme nous l’a écrit l’historienne Annie Lacroix Riz : « C’est du 1938 tout craché ! On mesure à l’audace ahurissante contre les salariés, ici manifestée par ces 15 députés LR, la perte démentielle que nous ont infligée depuis plusieurs décennies :

1°/ la baisse considérable de la combattivité de nos syndicats

2°/ ce qui est fortement lié au 1°/ la liquidation quasi-totale de notre histoire sociale.

Dans ces domaines aussi, il est temps que ça change ! ».

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