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DES ABONNÉS ET DES ABSENTS / C’est l’heure de l’mettre

par Hdm

Publie le vendredi 1er juin 2018 par Hdm - Open-Publishing
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Il y avait beaucoup d’absents lors de la grande marée du 26 mai dernier. Le pays des enchômagés, des jeunes précaires, des mères seules qui bossent dans le nettoyage ou la grande distribution, des retraités miséreux qui bouffent aux Restos du Cœur, des jeunes discriminés des quartiers populaires, de cette masse de salariés tenus par la peur du chômage et par la vie à crédit, le pays des premiers prix et des mois sans fin, ce pays-là n’était pas là…

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Dans les organisations qui ont œuvré à cette marée, la question revient, à en devenir banale : pourquoi ça ne prend pas ?

Des abonnés et des absents

Et l’on pourrait disserter des heures durant sur la force de la propagande adverse, sur l’ignorance et la résignation, sur les contradictions flagrantes dans lesquelles se dépêtrent nos absents…

Mais il est une question soigneusement évitée, ou reportée sur d’autres : quelle est la responsabilité des organisations en question, et en particulier des organisations ouvrières, initialement de classe et de masse ? Ne voit-on pas grandir, en plus du fossé bien naturel entre les classes, un fossé entre des « élites » militantes et des masses absentes ?

L’action politique (syndicale, associative, …) serait-elle désormais réservée à cette partie de notre classe assurée d’un emploi stable, et qui, bon an mal an, et même en opposition au système, y trouverait une place ? Les organisations ouvrières seraient-elles contaminées, par absence des masses, par le virus de la petite-bourgeoisie ? Voilà des questions bien déplaisantes…

Mais il n’est pas anodin, qu’en pareilles périodes, nous voyions fleurir parmi nous, des thèses « révolutionnaires » portées par de brillants intellectuels, et qui prétendent « dépasser » ce qu’elles ne font qu’éviter… Pas anodin que, en l’absence des masses et de leur force motrice, des microcosmes se mettent à réinventer l’eau tiède en vases clos… Ou à trouver de nouvelles panacées, des pierres philosophales inconnues, bref, à remettre au goût du jour ce que jadis, l’on nommait socialisme utopique.

Parlant de socialistes utopiques, Marx et Engels écrivaient ceci : « Mais la forme rudimentaire de la lutte des classes, ainsi que leur propre position sociale les portent à se considérer comme bien au-dessus de tout antagonisme de classes. Ils désirent améliorer les conditions matérielles de la vie pour tous les membres de la société, même les plus privilégiés. Par conséquent, ils ne cessent de faire appel à la société tout entière sans distinction, et même ils s’adressent de préférence à la classe régnante. Car, en vérité, il suffit de comprendre leur système pour reconnaître que c’est le meilleur de tous les plans possibles de la meilleure des sociétés possibles. Ils repoussent donc toute action politique et surtout toute action révolutionnaire ; ils cherchent à atteindre leur but par des moyens pacifiques et essayent de frayer un chemin au nouvel évangile social par la force de l’exemple, par des expériences en petit qui échouent naturellement toujours. »

L’histoire de notre régression commune (régression sociale et politique) est à écrire. Mais qu’on se penche sur un seul exemple des divisions qui agitent nos milieux d’abonnés contre les absents  : la question, fondamentale, de l’étoffe couvrant la tête de Maryam. Là, comme à chaque nouvelle affaire Dreyfus mettant, très artificiellement, aux prises, la « République » et « l’Islam », la « gauche » se divise…

Il s’agirait, en dehors des réalités sociales existantes, d’opposer, donc, ces deux catégories. Lesquelles, pour tout bon matérialiste (et donc tout bon athée), ne sauraient recouvrer aucune sacralité. En effet, ce sont les sociétés, les hommes, c’est la lutte des classes qui détermine le contenu réel de ces concepts. La République, c’est Robespierre et Ferry, c’est Jaurès et Macron. La religion c’est l’opium du peuple en même temps que l’expression de la misère réelle et la protestation contre cette misère.

Et donc, à partir d’une idée, d’une croyance sans fondement, d’une posture religieuse (la République bourgeoise, la laïcité à géométrie variable…), l’on pourrait rejeter en dehors de notre combat de classe, les opprimés et les humiliés qui, parmi nous, avec les contradictions que le moment leur impose, prendraient les armes contre l’ennemi ? Ou alors ces opprimés ne sont-ils plus tout à fait parmi nous ? Mais qui a décrété qu’ils ne sont pas parmi nous ?

« Mais nous ne devons, en aucun cas, nous laisser entraîner vers la position abstraite, idéaliste, du problème religieux « en nous basant sur la raison pure », en dehors de la lutte de classe, position adoptée souvent par les démocrates radicaux issus de la bourgeoisie. Il serait absurde de croire que dans une société fondée sur l’oppression constante et sur l’abrutissement des masses ouvrières, on pût dissiper les préjugés religieux par la seule propagande. Ce serait faire preuve d’étroitesse bourgeoise, que d’oublier que le joug exercé par la religion sur l’humanité n’est que le produit et le reflet du joug économique qui existe au sein de la société. »

Ainsi s’exprimait Lénine, et au-delà, toute la sagesse matérialiste qui a construit nos conquêtes passées. Avec et par les absents.

Mais il est tard… Et nous devons l’annoncer, en dépit de ceux qui prétendent reculer l’échéance : c’est l’heure de l’mettre !

C’est l’heure de l’mettre

Portfolio

Messages

  • "Ce serait faire preuve d’étroitesse bourgeoise, que d’oublier que le joug exercé par la religion sur l’humanité n’est que le produit et le reflet du joug économique qui existe au sein de la société. »"
    ... et ce joug religieux est maintenu consciemment sur les masses pour que ce joug économique puisse continuer à s’exercer sur elles.
    Ce qui signifie que les prosélytes des religions sont les complices du système capitaliste.