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Un homme ça pleure pas

par Carland

Publie le jeudi 16 août 2018 par Carland - Open-Publishing
4 commentaires

Un homme ça pleure pas

Et pourtant

Sans bruit il pleure

Des larmes qui coulent

Aussi silencieuses

Que les machines

Tout est silence

dans l’usine

Tout s’est arrêté

Les machines sont à l’arrêt

Le silence est devenu roi

Le chômage est venu le chercher

Les camions sont venu chercher les machines

il regarde ses mains

Elles sont belles ses mains

Elles sont devenues inutiles

Alors les larmes coulent

Sur ses joues de plus très jeune

C’était pas la belle vie

Juste une certitude

La certitude est partie en camion

Lui, s’assoit

Un homme ça pleure pas

Et la tête dans les mains

Ces doigts sont tout mouillés

Carland

Messages

  • je ne sais pas si un homme ne pleur pas mais il a souvent le cœur gros

  • Tout humain normalement constitué peut à tout moment être submergé par des émotions de toute nature et, comme tu l’écris si bien, dans ce cas précis pleurer à chaudes larmes devant le gâchis de sa condition.

    Mais cette situation doit le conforter dans sa révolte juste et nécessaire contre ses exploiteurs et leur système.

  • Beau texte.
    Je peux vous affirmer qu’un homme, ça peut pleurer aussi, notamment suite à ce qu’on peut appeler de la maltraitance médicale (cf le beau livre de Martin Winckler, "Les brutes en blanc").
    Moi qui n’avais plus pleurer depuis ma jeunesse, quand le chef de service neurologique, après avoir examiné ma femme (et m’avoir chassé de la chambre), est sorti dans le couloir en venant me dire : "Vous pouvez commander le fauteuil roulant !", et s’enfuit aussitôt sans autre explication, cette brutalité inouïe a déclenché l’ouverture de mes larmes. J’ai tenu bon tant que j’ai été à l’hôpital, mais après avoir dit "Au revoir, à demain" à ma femme, gardée en observation, dès la porte de sortie ouverte, je me suis effondré. J’ai pleuré jusqu’à mon domicile, distant d’un km à pied, puis encore pendant une heure au téléphone avec ma mère, âgée de 88 ans, qui me consolait en disant : "Pleure, tu t’es trop longtemps retenu !"
    Il faut dire que ma femme, atteinte d’une tumeur au cerveau non opérable, souffrait abominablement depuis quatre ans et que, oui, pour elle, j’avais tenu le coup !

  • Merci à vous trois.
    Oui, pleurer est naturel quand c’est trop dur... Qu’on soit homme ou femme.