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antisémitisme racisme pour les nuls

par UJFP

Publie le dimanche 17 février 2019 par UJFP - Open-Publishing
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Antisémitisme, islamophobie, négrophobie..... LA LUTTE CONTRE LE RACISME NE SE DIVISE PAS !

samedi 16 février 2019 par Fabienne Haloui

L’antisémitisme, ce racisme qui a traversé les âges et a conduit aux pires horreurs doit être combattu avec détermination, la progression des actes antisémites constatée est un signal d’alarme qu’il faut prendre au sérieux alors que des personnes ont été tuées, ces dernières années, parce que juives. La profanation de l’image de Simone Veil, le sinistre ‘JUDEN’ peint sur une vitrine, l’arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi arraché et notre héros national Kilian MBPAPE traité d’enculé de nègre enjuivé laissent penser que les groupuscules de l’ultra droite raciste et antisémite viennent de gagner la visibilité qu’ils recherchaient depuis des semaines.

Ces tags insupportables démontrent qu’il ne faut jamais baisser la garde, qu’il faut tout mettre en œuvre pour que toute incitation à la haine raciale, toute propagande négationniste soient combattues et sanctionnées. En même temps, le fait que 93 % des français estiment que rien ne peut excuser un acte ou une parole antisémite doit, nous amener à faire preuve de sang-froid.

Un consensus national est en train de se réaliser autour d’un appel des partis politiques à manifester mardi 19 février pour dire : « ça suffit, l’antisémitisme ce n’est pas la France » : belle réaction républicaine saluée de toutes parts sauf que cet unanimisme masque une réalité politique plus contrastée sur le terrain de la lutte anti raciste !

On ne peut pas continuer à appeler à faire barrage au Rassemblement National en pratiquant la grille de lecture de l’extrême droite, tenir des propos qui légitiment le racisme que l’on prétend combattre, banaliser la parole islamophobe, critiquer Salvini en refusant de faire accoster l’Aquarius et en organisant la chasse à l’homme noir à nos frontières, déformer la laïcité à des fins d’exclusion, instrumentaliser l’antisémitisme pour stigmatiser les gilets jaunes et faire taire la protestation, accuser d’antisémitisme ceux qui critiquent le la politique israélienne à l’encontre les palestiniens, dévoyer les revendications sociales sur le terrain identitaire, être sur le terrain du racisme en essentialisant les roms, les arabes, les musulmans, les noirs, les asiatiques, discourir sur l’égalité républicaine en ignorant les contrôles au facies, les discriminations racistes à l’emploi et au logement, s’indigner de façon sélective en ignorant que ces dernières semaines et ces derniers mois des tags ont aussi appelé à tuer les arabes, à mettre dehors les nègres, les bicots, les arabes, les bougnouls à mettre l’islam dehors.

Frantz Fanon dans Peau Noire Masques Blancs déclarait : Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous.

Une façon de dire que la lutte contre le racisme ne se divise pas ! Le combat contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme se mène de front sans hiérarchie, sans ambiguïté, sans instrumentalisation et en toutes circonstances.

Fabienne Haloui
Voir en ligne : la publication sur la page Facebook de Fabienne Haloui https://www.facebook.com/428063274008481/photos/a.428070134007795/1274135792734554

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http://www.ujfp.org/spip.php?article6929

Contre l’antisémitisme, avec intransigeance et sang-froid

vendredi 15 février 2019 par Dominique Vidal

15 févr. 2019 | Par Dominique Vidal | Blog : Dominique Vidal.

Une augmentation de 74 % des violences antisémites en 2018 : ce chiffre a frappé l’opinion. Il peut provoquer un choc salutaire. À condition de le resituer dans une analyse d’ensemble qui ne confonde pas l’insupportable action de petites minorités et l’opinion de l’immense majorité de nos concitoyens.

L’antijudaïsme, puis l’antisémitisme traversent l’histoire de l’Europe – plus, d’ailleurs, que celle du monde arabo-musulman. Ils s’y sont traduits, des siècles durant, par des discriminations, des expulsions et des massacres – ainsi lors des Croisades, mais aussi, au XIXe siècle notamment, avec les « pogromes » de l’Empire tsariste. Ces persécutions ont atteint leur apogée avec le génocide nazi, qui visait certes d’autres cibles (malades mentaux, Tsiganes, Slaves, homosexuels…), mais au cœur lequel les Juifs formaient le seul groupe destiné à être tué jusqu’au dernier : la Shoah exterminera la moitié des Juifs d’Europe, un tiers de la population juive mondiale.

En France, où le régime de Vichy et sa police ont organisé la déportation de 75 000 Juifs (sur 330 000, français et étrangers, une proportion qui souligne l’extraordinaire solidarité dont ils ont bénéficié), l’antisémitisme n’a cessé de reculer depuis la guerre. Selon toutes les enquêtes, il représente aujourd’hui une idéologie marginale, alors que l’islamophobie bénéficie d’un large consensus.

La meilleure preuve, c’est, premier élément, la réponse de nos compatriotes à la question « Les juifs sont-ils des “Français comme les autres” ? » En 1946, seul un tiers répond par l’affirmative. Soixante-et-onze ans plus tard – selon une enquête d’IPSOS [1] –, la proportion atteint… 92 % (contre 81 % pour les musulmans). Ajoutons que 93 % des sondés estiment que « rien ne peut excuser un acte ou une parole antisémite ».

En revanche, second élément, les chercheurs observent la persistance de certains préjugés vis-à-vis des Juifs, bien qu’ils soient en net recul depuis le début de la décennie : selon la même enquête d’IPSOS, 53 % des sondés pensent que « les juifs sont plus attachés à Israël qu’à la France », 52 % que « les juifs ont beaucoup de pouvoir », 51 % que « les juifs sont plus riches que la moyenne des Français » et 38 % que « les juifs sont un peu trop présents dans les médias ». Mais il existe aussi des préjugés – et combien ! – contre les Corses, les Bretons ou les Auvergnats : parlera-t-on pour autant de racisme anti-corse, anti-breton ou anti-auvergnat ? Les préjugés, cependant, peuvent tuer, comme en témoigne le martyre d’Ilan Halimi : Youssouf Fofana était convaincu que sa victime était riche, puisque juive…

La France, troisième élément, a connu une flambée de violences anti-juives au début des années 2000. Chaque année, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publie un rapport, La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, qui suit l’évolution des actes et menaces racistes. Cette catégorie de « menace » incluant aussi bien un courriel d’insulte qu’une lettre anonyme ou un graffiti sur la voie publique, nous préférons nous référer aux « actes », dûment recensés [2]. En 2002 par rapport à 2001, le nombre de ces derniers est multiplié par quatre, et, en leur sein, le nombre d’actes antisémites par six. Toutefois, dès 2003, on observe un net reflux des violences antisémites (- 36 %) et des autres violences racistes (- 23%).

Ce recul s’est poursuivi – irrégulièrement – tout au long des années suivantes s’agissant des violences antijuives. Les violences racistes, et notamment islamophobes, ont triplé en 2015, année des premiers grands attentats djihadistes en France. Mais elles connaîtront un recul de près de 60 % en 2016. Quant aux faits antijuifs, ils ont enregistré une nette décrue en 2015, 2016 et 2017. D’où l’ampleur mathématique de la remontée en 2018. Notons cependant qu’avec + 74 % en 2018 [3], le nombre de violences antisémites reste néanmoins inférieur à celui de 2014, avec 541 actes contre plus de 851 [4].

En l’absence de statistiques plus détaillées sur toute l’année, que la CNCDH nous donnera sans doute bientôt, difficile, en tout cas, d’imputer aux « jeunes de banlieue » les dérapages antisémites commis en marge du mouvement des Gilets jaunes. L’inscription récente de croix gammées sur une œuvre représentant Simone Veil et celle du terme allemand « Juden » sur une vitrine de magasin de baigels évoquent a priori plus l’extrême droite que les enfants de l’immigration…

Certains intellectuels parlent depuis une quinzaine d’années d’« antisémitisme musulman ». Que, parmi les musulmans comme toutes les catégories de la population, il y ait des antisémites, qui le nie ? Mais cette réalité ne saurait justifier une interprétation raciste. L’historien Georges Bensoussan avait attribué – à tort – au sociologue Smaïn Laacher, lors de l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut, l’idée que « dans les familles arabes, […] l’antisémitisme [se] tète avec le lait de la mère ». Blanchi par la justice, il n’en a pas moins fait l’objet d’une mise en garde du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), considérant que « certains propos tenus par M. Bensoussan […] étaient susceptibles d’encourager des comportements discriminatoires ». Conclusion significative : il a perdu ses fonctions au Mémorial de la Shoah...

Au-delà des dérapages, ce débat a été alimenté par un sondage réalisé en 2014 par la Fondation pour l’innovation politique [5], qui a suscité de vives réactions. Ainsi la sociologue et politologue Nonna Mayer a-t-elle appelé, dans Le Monde, à « parler d’antisémitisme avec rigueur [6] ». À ses sévères critiques d’ordre méthodologique, la chercheuse ajoutait « une interrogation plus générale sur la pertinence du concept de “nouvel antisémitisme” » défini notamment par rapport aux « travaux de Pierre-André Taguieff ». Or ce dernier, soulignait Nonna Mayer, « voit un antisémitisme masqué derrière la critique d’Israël et du sionisme, au nom de l’antiracisme et des droits de l’homme, et porté tant par l’islamisme radical que par les idéologies tiers-mondistes d’extrême gauche ».

Toutes ces données quantitatives ne sauraient dissimuler les réalités qualitatives : le vécu des hommes et de femmes directement concernés. Pour la première fois depuis 1945, des Juifs, en ce début de siècle, ont été assassinés en tant que tels par des Français : les quatre victimes juives de Mohammed Merah, les quatre martyrs de l’Hyper Casher, mais aussi Ilan Halimi, Lucie Attal-Halimi et Mireille Knoll. La complexité des autres motivations des tueurs – meurtres crapuleux, voire actes de folie – n’empêche pas qu’on les perçoive d’abord comme antisémites.

C’est dire que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme reste plus que jamais nécessaire. Et qu’elle suppose une vigilance de tous les instants. Toute incitation à la haine raciale, toute propagande négationniste doivent être combattues et sanctionnées. De ce point de vue, la loi antiraciste de 1881, celle de 1972, la loi Gayssot de 1990 et le Code pénal constituent un arsenal efficace.

Encore faut-il que celui-ci soit mis en œuvre. Or, pendant des années, un Dieudonné ou un Soral ont pu jouer impunément avec l’antisémitisme et le négationnisme. Maintenant qu’ils sont régulièrement poursuivis et condamnés, ils se déguisent en « antisionistes ». Raison de plus pour que les militants qui professent de véritables idées antisionistes les condamnent avec la plus grande fermeté [7]. De même, soutenir les revendications des Gilets jaunes ne doit pas, au contraire, empêcher de dénoncer les dérapages commis par certains d’entre eux. Bref, l’heure est à l’intransigeance… et au sang-froid.

[1] www.ipsos.com/fr-fr/levolution-de-la-relation-lautre-dans-la-societe-francaise

[2] Nombre d’actes antisémites ne sont pas suivis de plaintes. Mais qui prétendra sérieusement que la proportion de plaintes des victimes arabes ou musulmanes est plus importante ?

[3] https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Communiques/Lutte-contre-la-haine-la-discrimination-le-racisme-et-l-antisemitisme

[4] https://www.cncdh.fr/sites/default/files/les_essentiels_-_rapport_racisme_2015_page_a_page.pdf

[5] www.fondapol.org/wp-content/uploads/2014/11/CONF2press-Antisemitisme-DOC-6-web11h51.pdf

[6] Le 6 décembre 2014.

[7] Cf. Dominique Vidal, Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, Libertalia, Montreuil, 2018.
Voir en ligne : l’article sur le blog de Dominique Vidal https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/150219/contre-lantisemitisme-avec-intransigeance-et-sang-froid

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http://www.ujfp.org/spip.php?article6925

Antisémitisme, racisme : les Gilets jaunes sont-ils coupables ?

mercredi 13 février 2019 par Coordination nationale de l’UJFP

Sur la page du site du CRIF réservé aux réseaux sociaux, on trouve cette publication Facebook :
« #Antisémitisme - Hier, les manifestations des Gilets Jaunes ont donné lieu à des actes de violences intolérables.
Un tag antisémite des plus ignobles a été découvert sur la vitrine d’une boutique Bagelstein.
Un fait qui rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire.
Nous espérons que les auteurs de cet agissement odieux seront arrêtés et condamnés avec la plus grande sévérité. »

Le dessinateur Joan Sfar a alors accusé les Gilets jaunes d’en être les auteurs. Il a alors développé son propos en parlant de centaines de tweets et de tags antisémites qui seraient charriés par les Gilets jaunes.

Pourtant "Check News" du quotidien Libération a contacté le responsable du Bagelstein qui lui a affirmé que le graffiti avait été fait dans la nuit du vendredi au samedi 8 février, c’est-à-dire la veille de la manifestation des Gilets jaunes. Celui-ci a même précisé "La manifestation n’est absolument pas passée dans notre quartier, et ce tag de toute façon a été effectué bien avant que la manifestation ne commence".
Depuis, on a aussi recensé des tags de croix gammées sur les portraits de Simone Weil.

Ces inscriptions immondes, destinées à faire revivre les pires moments du nazisme ‒ « juden » est un terme explicite et choisi ‒ montrent que le vieil antisémitisme de l’extrême droite n’a pas disparu. Se saisir des inscriptions antisémites pour jeter l’opprobre sur les Gilets jaunes et le mouvement de solidarité avec la Palestine, c’est d’abord diffamatoire et aussi révélateur de l’approfondissement de la criminalisation des mouvements sociaux populaires. Qualifier d’« antisémite » le mouvement social des Gilets Jaunes – cette soi-disant « foule haineuse » –, c’est aussi désigner les Juifs comme étant du côté des élites, des privilégiés, du pouvoir. C’est, là encore, valider l’un des plus répandus des clichés antisémites.
Placer les juifs au cœur de la division sociale, c’est le rôle historique de l’extrême droite qu’assument aujourd’hui sans complexe les soutiens de Macron. Tous ceux qui reprennent cet agenda à leur compte font rigoureusement preuve d’antisémitisme

Du ministère de l’Intérieur aux éditorialistes bien installés, tous se prêtent à l’exercice de l’instrumentalisation : ces manifestations haineuses sont mises au compte des Gilets jaunes pour déconsidérer et casser le mouvement social large qu’ils représentent. C’est aussi l’occasion pour eux de continuer à viser les populations racisées en évoquant leur prétendue haine atavique. Ils manifestent ainsi le plus grand mépris de classe et de race, et ne font que renforcer le terreau idéologique de l’extrême droite sur lequel s’appuie l’antisémitisme dans ce pays.

La véritable lutte contre l’antisémitisme passe par la recherche et la sanction des responsables des faits, elle doit vomir les pompiers pyromanes et faire toujours plus corps avec l’antiracisme politique. Le racisme sous toutes ses formes est notre ennemi commun, et c’est ensemble que nous devons construire les solutions émancipatrices.

La Coordination nationale de l’UJFP le 13-02-2019

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