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Haine, violence, vide crânien.

par L’iena rabbioso

Publie le lundi 11 mars 2019 par L’iena rabbioso - Open-Publishing

Dis-moi camarade, que faire ?

Depuis quelques temps, cela me fait toujours de la peine, quand je suis sur le trottoir derrière une personne âgée, de la voir se retourner d’un air inquiet, ce qui m’oblige pour la rassurer de bifurquer.

Les agressions sont rares, mais d’une telle violence, d’une telle soudaineté, que cela défit toute tentative d’analyse.

Mais comme je déteste l’impression de totale abandon qui se dégage de toute tentative de comprendre notre temps, je vais une nouvelle fois renier ma promesse de ne pas me répéter, de ne pas dire et re-dire sans arrêt les mêmes choses.

Si vous me connaissez un peu, vous avez deviné que cette impulsion de publier sur un thème aussi droitiste que la violence urbaine banalisé, c’est parce-que j’ai vécu une situation.

Quelqu’un qui m’est cher à été victime d’un acte de brutalité, dans l’indifférence désormais banale, dans une situation désormais banale, une altercation entre véhicules.

La personne qui m’est chère à 80 ans, le véhicule en question avait environ 40 ans, ce qui n’en fait ni un sauvageons adolescent, ni un vieillard devenu sénile (cela existe aussi, l’ultra violence des anciens), mais quelqu’un qui a normalement tout pour être sain de corps, et je ne complète pas.

Oui, il y a un aspect émotif dans cet article, j’en suis conscient, et donc j’abandonne immédiatement l’aspect « fait d’hivers » pour tenter d’y voir plus clair, ensemble.

Quand, il y a trente ans de cela, j’habitais en moyenne banlieue parisienne, j’étais parfaitement conscient des zones à éviter pour avoir une chance de conserver mon WalkMan Sony.

J’ai rapidement aussi appris l’art de l’esquive pour échapper aux tentatives de racket, et suffit d’avoir assez de culot pour faire croire que même pas peur, et ça marche dans 70% des cas.

Pour les 30% restants, un WalkMan et deux dents en moins, c’est la vie.

Mais dans ce cas que je veux décrire, il ne s’agit pas de la même violence, une violence que je qualifierais d’utilitaire à mon époque.

Ici, ce que je vois, c’est l’usage immédiat et brusque de la brutalité verbale et physique dans des situations qui ne sont pas des situations de délinquants contre des honnêtes gens.

Ce que je vois, c’est l’usage immédiat de l’invective, de la menace, de l’insulte, dans des situations tellement banales et sans réelles importances.

Exemple : Passer en premier dans un GAB, ne pas s’écarter assez vite d’un scooter kamikaze.

Tout cela me perturbe car mon ressenti est qu’on a jamais vécu une époque aussi sécurisée.

Et c’est peut-être un premier point de réflexion.

Moi, à 50 ans bientôt, j’avais les codes pour vivre dans le milieu urbain de mon époque.

Ceux qui avaient 30 ans de plus, non.

D’où, à mon époque, strictement la même analyse que les analystes contemporains, un monde de plus en plus dangereux, une jungle.

Sauf que c’est faux, d’une manière factuelle, faux.

Ce qui se passe, c’est que la moindre agression prend une importance immédiate, qui si elle n’excuse en rien la violence cynique de l’acte, produit un biais dans notre vision de la société.

A Paris, « Rue de la Grande Truanderie » n’a pas été appelée ainsi au second degré.

Et en France, la plupart des gens vivent tranquilles.

Mais c’est sur les cibles que je voudrais porter mon attention.

Des pompiers, des personnes âgées, des sans logis, bref les éléments les plus faibles.

J’ai fini par comprendre ce o tempora o mores quand j’ai compris que « clochard » était désormais la pire insulte dans le monde des adolescents.

Une société où l’élite crache sur les perdants, et donne en exemple les plus riches, ce n’est même plus du fascisme, il faudrait un nouveau mot.

A tout hasard, pour ceux qui se retrouveraient en mauvaise posture, j’ai une phrase toute faîte : « J’ai un Opinel dans ma poche ».

Mais attention, il faut vraiment avoir un Opinel dans sa poche.

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