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Féminisme : choisir un courant.

par Christian DELARUE

Publie le mardi 20 août 2019 par Christian DELARUE - Open-Publishing
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Féminisme : choisir un courant.

Il y a choisir une organisation féministe et choisir un type de féminisme. Les problématiques ne sont évidemment pas séparées mais ce n’est néanmoins pas tout à fait la même chose.

C’est pareil grosso modo pour le syndicalisme en défense du monde du travail salarié public ou privé et le choix d’un syndicat : si vous préférez un syndicalisme de négociations « à froid » vous n’irez pas dans un syndicat qui entend pratiquer peu ou prou - il y a toujours des écarts entre la théorie et la pratique - un syndicalisme de classe et de masse et de transformations sociales fortes. Mais ils arrivent à constituer des plateformes revendicatives communes pour refuser les pires actes de domination patronale.

Revenons au féminisme : Il reste sans doute des refus communs mais le tous ensemble devient difficile car il existe des divergences.

On trouvait jadis PLUSIEURS COURANTS féministes. Certains étaient sans doute plus « radicaux » ou « matérialistes » (cf Christine Delphy - 1970). Certains conservaient un certain essentialisme du féminin. Certains prenaient pour fondement la psychanalyse. D’autres se combinaient avec la lutte de classe et le marxisme (cf Les cahiers du féminisme) . Je ne développe pas. Mais derrière ces différences on trouvaient des rejets communs.

I - DIFFICULTE

Il semble parfois que ce soit PLUS DIFFICILE de nos jours et depuis longtemps déjà. Il semble que cela remonte - pour la France du moins - à 2003-2004 avec la loi contre le port de signes religieux ostensibles. Cela fait donc plus de 15 ans que l’on trouve des « féministes relativistes » (pour l’égalité, l’inclusion dans la différence textile acceptée ) et des féministes de critique et d’émancipation des oppressions, se déclinant à nouveau sous divers courants.

Le fait qu’une femme comme Christine Delphy, que j’ai lu et rencontré - à l’Université de Politis La Revue à St Nazaire (date ?) - se mette à soutenir le VOILE a semé le doute. Pas que pour moi évidemment ! Le voile - plus que la prostitution (qui ne pouvait guère se targuer du droit de se soumettre aux clients)- a servi de démarcation !

Pour certains le voile (et l’hypertextile) venait des intégrismes religieux, musulmans ou juif haredim (catho jadis) et pas des croyant.e.s les plus ouvertes . Cette pratique archaïque et rétrograde était forcément contestable, comme toute pratique nuisible imposée aux femmes. Nuance cependant : Imposer ce n’est pas proposer avec possibilité d’acceptation mais aussi de refus . Avec possibilité de pratique occasionnelle loin « du chaque jour, tous les jours, du matin au soir » (sauf chez soi évidemment).

II - RECHERCHE

Passer de contestable (usage de la critique) à interdire il y a un pas à franchir . Un pas qui doit parfois l’être mais pas toujours et partout . C’est peut-être avec ce « PAS » que l’on trouve des nuances et que l’on peut se positionner entre d’une part « relativisme de soutien » (pas de critique) et « féminisme autoritaire d’Etat » qui passe de la critique à des interdits légaux partout.

Et comme anti-raciste cela obligeait à des réflexions de mise en cohérence. Le slogan du MRAP des années 80 étaient « Vivre ensemble - égaux - avec nos différences ». On peut évidemment combiner égalité, respect, dignité et pleine reconnaissance des différences.

Mais les différences ne doivent pas devenir des vecteurs d’oppressions et de dominations : tel signe « sexy » qu’on met ou enlève librement selon telle ou telle occasion ne saurait avoir le même statut qu’un voile que l’on met tous les jours du matin au soir. Dans le premier cas la liberté individuelle n’est pas assujetti à un diktat du capitalo-patriarcat oppresseur même si la publicité est là alors que dans l’autre il y a bien une idéologie intégriste lourde et très contraignante, très aliénante.

III - ELABORATION

C’est dans ce cadre que j’ai « ressorti » ma théorie du « double regard » (voir la différence et voir la similitude, voir le sexué et voir la personne) et élaboré la « question textile » avec l’hypotextile et l’hypertextile. Cet outil - grille d’analyse ayant une vertu explicative - a pu sembler pencher vers un certain relativisme notamment sous le signe de la réciprocité textile : si on trouve l’hypertextile on doit trouver l’hypotextile. Mais c’est inexact. Ce qui marche pour une piscine ne marche pas pour d’autres lieux .

Par ailleurs, rien n’empêche avec cette conceptualisation d’être contre la prostitution par exemple ! Rien n’empêche de refuser les pratiques de souffrance ou les scènes violentes et humiliantes des femmes dans les films ou les publicités . Sans pour autant vouloir tout interdire notamment tout ce qui apparaitrait sexy !

C’est aussi ignorer le besoin pour toute personne se réclamant de l’émancipation de combattre autant le capitalo-patriarcat (publicité sexiste) que les intégrismes religieux : pas de sexoséparatisme, pas de sexyphobie ! Il s’agit de maintenir une idée forte de respect, de liberté et de dignité et d’ouverture aux personnes différentes.

Christian DELARUE

La théorie du « double regard » de Christian Delarue - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/La-theorie-du-double-regard-de-C

Suite sur :
Féminisme hypertextile et féminisme hypotextile - Christian DELARUE
http://amitie-entre-les-peuples.org/Feminisme-hypertextile-et-feminisme-hypotextile