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Gérard Noiriel : « La grève de Noël fait partie des traditions de luttes lorsque l’urgence l’impose »

par nazairien

Publie le samedi 21 décembre 2019 par nazairien - Open-Publishing
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Les mineurs de Trieux, en 1963. G. Bloncourt. Rue des Archives

L’historien donne son regard sur la mobilisation et explique ce qu’a changé le salariat dans le déroulé des mouvements sociaux.

https://www.liberation.fr/debats/2019/12/20/gerard-noiriel-la-greve-de-noel-fait-partie-des-traditions-de-luttes-lorsque-l-urgence-l-impose_1770508

Pour l’auteur d’une Histoire populaire de la France (Agone), l’inscription de la grève dans le temps implique de nouvelles solidarités.

Quel regard portez-vous sur la mobilisation en cours ?

Dans toutes les grandes luttes sociales, on voit surgir un conflit symbolique entre des porte-parole qui s’opposent chacun au nom du peuple. Lorsque la cause défendue par les gens qui sont dans la lutte paraît légitime aux yeux de l’opinion, comme c’était le cas avec les gilets jaunes et comme c’est encore le cas dans le mouvement actuel contre le projet gouvernemental sur les retraites, les dominants doivent faire flèche de tout bois pour discréditer ceux qui sont dans la lutte.

Les gilets jaunes étaient dénoncés comme des casseurs, des antisémites, des racistes. Aujourd’hui, les salariés en grève sont présentés comme des privilégiés qui rendent la vie impossible au peuple travailleur, allant jusqu’à le menacer de gâcher son Noël. Les partisans de ce projet de loi, comme leurs adversaires, affirment défendre les intérêts du peuple français ; les uns et les autres disent qu’ils combattent les privilèges et qu’ils luttent pour l’égalité. Fait nouveau, la cause des femmes fait partie aujourd’hui de cette panoplie d’arguments légitimes.

Mais, bien évidemment, les définitions que chaque camp donne de ces causes communes sont radicalement opposées. C’est la diversité des soutiens dont pourront bénéficier les grévistes qui leur permettra de populariser leur conception de l’égalité et de la justice dans l’opinion publique. Prenons l’exemple des femmes. Alors que le gouvernement affirme qu’elles seront les « grandes gagnantes » de la réforme, les grévistes assurent le contraire. Dans cette configuration, la mobilisation féministe contre ce projet de loi peut jouer un rôle majeur dans l’élargissement de la contestation.

(la suite dans le lien)

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