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Alvaro Cunhal, ancien secrétaire général du PC portugais

Publie le jeudi 16 juin 2005 par Open-Publishing
12 commentaires

de Jose Rebelo

Alvaro Cunhal, ancien secrétaire général du Parti communiste portugais (PCP), est mort, lundi 13 juin. Il était âgé de 91 ans.

30 avril 1974 : acclamé par la foule, Alvaro Cunhal débarque à l’aéroport de Lisbonne. Nous sommes en pleine "révolution des oeillets" : cinq jours auparavant, un mouvement militaire a fait tomber la dictature salazariste vieille d’un demi-siècle. Au Portugal, en dehors d’une poignée de dirigeants du Parti communiste, pratiquement personne n’a déjà vu Alvaro Cunhal. Même pas en photo. Un mystère qui contribue encore à renforcer la légende de ce personnage mythique de la politique portugaise.

Son heure de gloire a enfin sonné. Une semaine plus tard, il est nommé ministre d’Etat dans le premier gouvernement provisoire. Son expérience et son charisme s’imposent. Le capitaine du Mouvement des forces armées (MFA), qui détient le pouvoir effectif, s’incline devant cette figure emblématique de la résistance à la dictature salazariste.

Né à Coimbra le 10 novembre 1913, dans une famille de la bonne bourgeoisie portugaise, Alvaro Barreirinhas Cunhal adhère au Parti communiste à l’âge de 17 ans. Membre du comité central de la Fédération de la jeunesse communiste, il fait connaissance avec les prisons de Salazar en 1937. Il y retourne en 1940, puis en 1949, mais cette fois-ci pour une durée plus longue. Ce n’est qu’en 1960 en effet qu’il réussit à s’évader de la forteresse de Peniche, pénitencier sur l’Atlantique, considérée comme la prison la plus sûre du régime.

Après quelques mois de clandestinité dans l’intérieur du pays, Cunhal s’exile à Moscou, où il est nommé, en mars 1961, au poste de secrétaire général de son parti. Les années suivantes, il dirige la lutte des communistes portugais à partir de Moscou, mais aussi de Prague, d’Alger et de Paris, où il se rend assez régulièrement.

Intimement lié aux secteurs les plus conservateurs du PC soviétique, Alvaro Cunhal approuve publiquement l’intervention de l’armée rouge en Hongrie et en Tchécoslovaquie. La même orthodoxie l’amènera à critiquer durement l’eurocommunisme italien et espagnol et à réagir d’une façon on ne peut plus réservée à l’égard de la perestroïka.

AUTORITAIRE ET SÉDUCTEUR

"Le parlementarisme n’a pas de chance au Portugal", affirme-t-il pendant l’été 1975. Le pays vit alors en pleine période révolutionnaire. Alvaro Cunhal domine le mouvement syndicaliste, influence les courants gauchisants des forces armées et contrôle les gouvernements provisoires qui se succèdent sous la présidence du général Vasco Gonçalves.

Mais son rêve de construire au Portugal une "démocratie avancée" ne va pas durer longtemps. Les militaires modérés renversent la situation. Les communistes ainsi que les petits partis de l’extrême gauche sont écartés du pouvoir. C’est maintenant au tour du principal adversaire de Cunhal, le socialiste modéré Mario Soares, d’occuper le devant de la scène. Les deux hommes se connaissent bien : ils avaient tous les deux adhéré en 1940 au Mouvement de l’unité démocratique, une sorte de front antifasciste. Tous les deux exilés par Salazar, ils se sont aussi retrouvés au Portugal au lendemain de la"révolution des oeillets".

Sous la houlette toujours autoritaire d’Alvaro Cunhal, le PCP entame alors une longue période de déclin. Associé à d’autres formations de gauche, il obtient 18 % des suffrages aux élections législatives de 1983, 15,5 % en 1985, 12,5 % en 1987 et 8,8 % en 1991. Entre-temps, les anciens propriétaires de l’Alentejo récupèrent leurs domaines. Dans les entreprises, le "contrôle ouvrier" s’évanouit. Les dénationalisations se multiplient.

Mais Alvaro Cunhal ne change pas pour autant de langage. Ce séducteur, qui ne dédaigne pas les cocktails mondains, se transforme dès qu’il monte à la tribune : le poing levé, la chemise blanche largement ouverte, il appelle à la défense des "conquêtes de la révolution" et dénonce toujours le danger d’un "retour au fascisme". Et ce n’est qu’en 1988 qu’il admet l’existence de certains aspects positifs de l’adhésion du Portugal à la Communauté européenne.

Jusqu’au bout Alvaro Cunhal contrôle le parti, même après avoir cédé le poste de secrétaire général à Carlos Carvalhas en 1992. Mais, ces dernières années, victime de problèmes de santé, il s’était retiré de la vie politique.

"Sa vie est inséparable de l’histoire du XXe siècle. Il a sa place parmi nous dans la lutte contre le régime autoritaire et la consolidation de la démocratie portugaise", a écrit le président Jorge Sampaio dans un message de condoléances. "Le Parti communiste, c’était lui", a ajouté l’ancien président socialiste Mario Soares.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Après le camarade "VASCO" avant hier, le camarade "ALVARO" hier...c’est un peu de la mémoire de la Révolution des Oeillets qui disparait.

    ce ne sont ni VASCO ni ALVARO qui ont trahis les idéaux de la Révolution pacifique, et si le peuple portugais s’est vu "récupéré" pour être rendu aux petits-bourgeois, c’est comme en France et dans beaucoup de pays la social-démo qui a servie de béquilles au Capital.

    J’ai le coeur en berne et les oeillets pleurent.

    Roger d’Arlequin fils de Manoël de Saint-Vicente de Pereira !

    • Allons, allons, moins de trémolots A. CUNHAL est le prototype même du stalinien qui a accompagné toutes les capitulations même s’il n’a pas manqué de courage face à la dictature car il ne faut pas confondre courage et justesse de vue politique. On peut avoir l’un sans avoir l’autre. Homme d’appareil s’il en est, il n’a pas fait exeption parmi tous les dirigeants communistes européens pour prendre la voie du réformisme et conduire comme l’ont fait tous les autres le mouvement social dans l’impasse. Ce n’est plus de ce genre d’individu dont on a besoin.

      Raymond

    • Que sait mon interlocuteur des souffrances et du malheur du peuple portugais ?
      De ces fils jetés sur les routes brésiliennes ou françaises à peine l’enfance terminée,
      Que sait-il des dignités bafouées et de l’Espoir levé en 1974 ? ou était-il ?
      Il trouve que j’ai des "trémolos" dans la voix : le même mépris que ceux "d’en haut", toujours et toujours, il juge, classe et catalogue...Alvaro Cunhal = stalinien !.
      A mon avis, peut-être "sa" classe m’accordera-t-elle d’en avoir Un, des hommes comme Vasco et Alvaro sont d’une autre trempe que les valets du capital fussent-ils maquillés sous de multiples habits d’arlequin !!
      Au moins du respect pour ceux qui ont été des combattants de la Liberté : c’est bien plus difficile que de donner des leçons assis le cul devant son ordinateur !!

    • L’insulte et l’anathème ne changent rien à la réalité et quand on veut pas mettre sa pensée à la critique, on se la garde pour soi et l’on ne s’exhibe pas en public... Ras le bol de "pleureuses" et des "moralistes" mêmes laïques ! ! !

      Raymond

    • je rendais hommage à des combattants pour le peuple, portugais certes mais debout !
      l’insulte fuse aussitôt : les "penseurs" ceux qui savent, qui ont vécu les difficultés du peuple portugais...je le répète : juge, catalogue CUNHAL stalinien...à la poubelle !

      Vive Hollande, Chirac et Raffarin et compagnie : serviteurs zélés de la bourgeoisie,
      qui viennent encore de prouver leurs complicités objectifs en votant OUI pour un texte sorti des salles de coffres !

      Et si, comble de l’impertinence, nous répondons à Môssieur que le petit peuple à le droit de causer...c’est l’anathème et l’injure et les pleureuses !!

      Vous avez le droit d’avoir votre opinion et de la dire, ... je sais que votre caste à du mal à accepter que nous puissions dire NON et même quand nous le disons vous passez outre.

      Peut me chaut votre mépris, et je renouvelle avec RESPECT mon hommage aux VRAIS combattants, ceux qui ne se sont pas payés que de mots !!

      ruggério de Saint Vicente de Pereira !

    • que d’énervements !

      l’un apprécie alvaro CUNHAL
      l’autre le déteste

      Bon et çà fait avancer quoi ce smilblik ?

      Au fait, le peuple portugais va-t-il être consulté par référendum, quand ? et qu’elles sont les tendances ?

      Albert

    • Non, je ne détetste pas CUNHAL, j’essaye de voir ce qu’il a été exactement afin que l’on ne recommence pas les erreurs du passé. Contrairement à ce que croit (ce qui est significatif de son attitude), j’ai milité pour le NON et suis atterré de voir comment les soit disant "leaders" du nom "gèrent" cette victoire... Ils recommencent les mêmes bêtises. Nous avons aujourd’hui la gauche que nous méritons : des bureaucrates sans imagination qui ne savent penser qu’en terme d’élection. Je ne pense pas que la "révolution des oeillets" portugaise de 74 a rendu le peuple portuguais plus efficace que nous... bref, on va voir.

      Raymond

    • C’est qu’ Alvaro Cunhal, ce qu’il représente, la résistance à la dictature, a été un grand espoir. Même si on le juge bêtement de stalinien (cette doxa de la langue de bois ne veut pas dire grand chose en 1974 au Portiugal), il n’est certes pas responsable de l’enfoncement de son pays dans une politique néolibérale déséstreuse. C’est bien, comme en France, les sociaux-démocrates qui ont fait le gros du travail. Je ne sais pas ce que Cunhal pensait des théories de Staline, il ne me semble pas que ce soit là une direction très pertinente de pensée.
      Hommage donc à son action, à son courage. Et salut aux camarades Portugais morts et vivants que nous avons si souvent rencontrés sur les chemins des liuttes populaires en France.

      Helge

    • Voila un homme qui à offert sa vie à son peuple, qui a servi son peuple.Rien que cela nous change des Chirac, Blair, Sroeder,Berlusconi etc....
      voila un homme qui a passé 10 ans en cellule d’isolement et qui n’a pas flanché car porté par son idéal.
      voila un homme qui parle à la jeuness.Pas celle de star academy,non,l’autre qui éspere un monde un peu plus juste et qui croit à la renaissance communiste.
      DIMITRI MANESSIS

    • Bonsoir Roger,

      L’idéal du 25 avril est immuable, la dynamique historique n’y pourra rien du tout : l’espoir d’une autre société plus solidaire, d’une Europe plus fraternelle n’a pas de date, cet espoir traverse le temps !

      FERNANDO DE SOUSA !

  • "La grève générale mène au chaos" Alvaro Cunhal, 25 mai 1974.

    "En aucun pays, même ceux de vieille démocratie, on peut permettre des appels ouverts à la désertion et à l’agitation au sein de l’armée ". Interview d’un dirigeant du Parti communiste portugais, Expresso, 22 juin 1974

    "Nous disons que, dans les conditions politiques actuelles, les revendications présentées par les travailleurs doivent être réalistes, ne pas atteindre un niveau insupportable pour les entreprises et pour l’économie nationale ... de telle grèves non seulement portent atteinte à la vie écononomique dont la stabilité est de l’intérêt de tous, mais sont aussi suceptibles de créer de graves conflits politiques ... les banques et les grandes entreprises ont de larges recours financiers. Il faut pour satisfaire les justes revendications des travailleurs, qu’il déboursent quelques centimes de leurs poches." Alvaro Cunhal, Sacavem, 22 juin 1974

    "Nous vivons en régime capitaliste et non en régime socialiste. Les entreprises ont des propriétaires. Ce n’est pas aux travailleurs de décider qui doit ou non y travailler." Déclaration d’un dirigeant du Parti communiste, 5 décembre 1974

    "L’attitude ferme du Parti vis-à-vis d’une solution politique et contre des actions aventurières a beaucoup contribué à ce que le soulèvement militaire du 25 novembre 1975 n’ait pas débouché sur les soulèvements de masse que quelques aventuriers pseudo-révolutionnaires voulaient provoquer et qui auraient eu de tragiques conséquences pour le mouvement ouvrier et populaire." Alvaro Cunhal, interview, O Jornal, Lisbonne, 5 décembre 1975

    • 25 AVRIL 1974
      REVOLUTION MILITAIRE ET POPULAIRE

      TANT DE BELLES PROMESSES...

      S’il est clair que la dictature est enterrée ;
      Pour la démocratie on attendra encore (comme en France)..

      "LA TERRE A CEUX QUI LA TRAVAILLENT" qu’ils disaient, le pays à tourner en autogestion pendant près de 2 ans, avant que l’on remettent de l’ordre dans tous ça..

      Il est vrai que l’extremisme du Parti l’a décrédibilisé auprès des ouvriers, et des paysans, trop pauvres pour avoir envi d’en découdre encore avec qui que se soit, avant de gagner un peu de libertés, de confort, de modernité. La gauche socialiste, unique parti représentatif de la tendance au sein de la population, n’a pas su non plus se protéger et protéger la fraiche démocratie livrée clés en main aux investisseurs, généreux parrain qui ont exporté LEUR démocratie à l’occidentale.. La Nôtre attends encore que nous l’inventions..

      Non mais un Cuba leurs suffit amplement, alors on à tous privatiser et les chefs d’entrepises sont revenus remplacés les coopératives paysannes..

      C’est bien mieux comme ça pour nos bourses NON ?

      Sans haine, Sans violence