Accueil > NON LA BANLIEUE QUI BOUGE N’EST PAS TOUJOURS ROUGE

NON LA BANLIEUE QUI BOUGE N’EST PAS TOUJOURS ROUGE

par Raymond H

Publie le lundi 27 avril 2020 par Raymond H - Open-Publishing
2 commentaires

NON LA BANLIEUE QUI BOUGE N’EST PAS TOUJOURS ROUGE (27/04/2020).

C’est ce que pourrait laisser à penser les incidents dans les banlieues et que certains politiques, journalistes, sociologues et autres experts de « gauche »/bobos/gauchistes (1) fantasment.
La réalité est plus prosaïque et moins romantique que ça.

Ce qui est à l’œuvre c’est la lutte pour le contrôle du territoire ; même si ceux qui sont à la manœuvre sur le terrain, qui constituent le gros des troupes qui affrontent ce qu’ils estiment être l’Etat (la police, mais aussi les pompiers, les médecins urgentistes, …) sont pauvres et ont toutes les raisons de se révolter. Le contrôle économique du terrain par les trafiquants et leurs petites mains et le contrôle sociopolitique de ce même terrain par les intégristes musulmans, les islamistes. C’est cette conjonction objective de volontés de contrôle du terrain qui s’affrontent à la présence de l’Etat pour l’en chasser, sinon, pour réduire cette présence à la simple administration marginale du territoire (mairie, CAF, poste, …). Eux se chargeant du reste : l’économie par une redistribution partielle et partiale des revenus du trafic et le politique et le social par un contrôle religieux et réactionnaire de la population. L’un épaule objectivement l’autre sans pour autant qu’il y ait de liens organiques entre eux (sauf exception).

Bien sûr l’état se maintient tant bien que mal au prix d’affrontements. Dans la majorité des cas, la police intervient à l’appel de la population locale qui ne veut pas, ne peut plus supporter cette situation. Mais l’état n’assure plus sa présence de façon permanente, faute de moyens/volonté politiques, il n’occupe pas/plus le terrain. Ces territoires sont perdus.

Ce constat est fait par des personnes qui n’ont rien de militants d’extrême-droite et qui ont travaillé dans ces banlieues ou qui y ont fait des enquêtes.

Ces territoires sont aussi perdus pour nous militants communistes, faute de présence en tant que tels, portant une autre solution sociale, économique et politique que celle qui y prévaut, sous la tyrannie d’une minorité de trafiquants et d’islamistes.

Le danger, pour la vraie gauche, est de passer sous silence ce constat, de nier cette réalité au motif que cela ferait le jeu du FN/RN.
Or c’est tout le contraire. C’est justement parce que la gauche bobo et gauchisante refuse de voir cela, donc refuse de porter une analyse correcte et donc, refuse d’apporter un autre discours et des solutions politiques progressistes, que ces parasites - que sont les trafiquants et les islamistes - se maintiennent sur le terrain, donnant du grain à moudre au racisme du FN/RN ; ce sont des ennemis complémentaires.

Car nous sommes bien d’accord, nous militants communistes, nous militants progressistes et laïques, nous sommes bien d’accord que ces trafiquants et ces islamistes sont loin, très loin de représenter et de défendre l’idéal social et politique que nous voulons construire ; ils sont même à l’opposé. Et ce n’est pas parce qu’ils s’affrontent aux flics, qu’ils s’affrontent à l’Etat capitaliste, ce n’est pas parce qu’ils bougent qu’ils sont rouges. Et ce n’est pas parce que certains révolutionnaires romantiques ou anarchistes bobos perdus idéologiquement ou certains/nes politiques en recherche de voix ou de paix sociale sur leur zone (se) le font croire que cela est vrai.

La position sociale objective qu’est la pauvreté, ne rougit pas automatiquement toute révolte, tout combat menés par celles et ceux qui la vivent (Ndr : il y avait des pauvres et des prolétaires dans les SA du parti NAZI).

Non, il faut en plus du contenu politique, de l’analyse qui aille dans le bon sens pour que cela soit.

Contenu et analyse qui doivent émanés des principaux acteurs sur le terrain et non pas, de l’esprit d’un sociologue ou d’un journaliste ou d’un expert ou d’un politique hors sol qui colle son discours condescendant sur la misère, la stigmatisation, la victimisation, … sans vérification ; parlant à la place des « révoltés » pour se rassurer de la justesse de leur position de dénis. Dans la majorité des cas, ceux qui mènent la violence dans ces banlieues énoncent très rarement des revendications politiques et sociales élaborées. Tout juste, ânonnent-ils ce que des politiques ou des experts ou des sociologues leur ont soufflés au c… par ailleurs ; rassurant ainsi tout le monde, en entrant bien dans la case qu’on leur a taillée pour mieux les enfermer et les empêcher d’en sortir par le haut (« les-jeunes-des-quartiers-stigmatisés-dans-la-misère-… qui-n’ont-que-la-violence-pour-s’exprimer »).

Notre tache, à nous communistes, est de combattre cet identitarisme ethnico-religieux dans les banlieues, en même temps que les trafiquants, ainsi que le RN/FN, le capitalisme, l’Etat, tout en se détachant de la gauche électoraliste qui se perd à soutenir de mauvaises causes sous couvert de bons sentiments. Lourde tache mais à laquelle les militants communistes ont déjà été confrontés ; l’ennemi est une hydre multi-têtes dont il faut atteindre le corps.
Et ça nos ennemis l’ont compris.

En contestant notre présence sur le terrain des banlieues y compris par la menace (sauf à leur faire des courbettes opportunistes et donc diluer ou cacher nos fondements, notre drapeau), car c’est leur terrain.
Ou bien en nous discréditant par médias interposés, rendant notre position inaudible à ceux que nous ciblons.

Ceux que nous ciblons dans ces banlieues, qui sont-ils ?
Ce sont ces prolétaires, précaires, vivant dans la pauvreté.
Ceux-là même qui vivent sous la pression du capitalisme et sous celle des caïds de leur quartier et des pères-la-morale des islamistes.
C’est pour cela que voir de la révolte (et pour certains de la révolution) dans ces violences sous contrôle des trafiquants, déconcertes ces prolétaires et discrédite la gauche ; la vraie. Car les premières victimes de ces trafiquants se sont ces prolétaires ; de par le contrôle policier qu’exerce ces trafiquants dans le quartier (cumulé au contrôle moral et social des islamistes, ça fait beaucoup) et de par la consommation de drogue de jeunes enfants de ces prolétaires. L’intervention de la police est donc très souvent le fait d’appels au secours de ces prolétaires ; d’ailleurs ils le disent quand on les interroge (masqués pour ne pas subir de représailles, ce qui démontre le climat délétère de ces zones).

Et les positions de soutien à ces violences d’une partie de la gauche leur est incompréhensible (1), faisant de cette gauche un de leurs ennemis ou, tout du moins, des complices de leurs ennemis : pour exemple, des élus du PS, du PCF mais aussi certains de LFI ou même de l’UDI et le NPA. Sans compter des sociologues et des chroniqueurs emportés par la vague indigéniste, ne jurant plus que par ça (1).
Bref, voir dans la période de confinement actuelle, des actes de rébellion dans les incidents des banlieues, c’est n’importe quoi sauf la réalité.

Sinon, à ce moment là, les manifestants trumpistes aux Etats-Unis d’Amérique qui refusent les contraintes du confinement sont aussi des rebelles ; des révolutionnaires qui s’ignorent ?

Peut-être que parmi ces gens là il y a des prolétaires égarés, agissant en toute bonne foi. Mais le cadre porteur et ceux qui manipulent donnent un tout autre caractère à cette rébellion ; et nous sommes loin de la marche au communisme.

Alors faut-il soutenir la police ?

Non, car elle reste un des maillons de l’appareil d’état capitaliste et son intervention se fait dans un cadre politique qui n’est pas le nôtre. Pour autant, faute de mieux, les habitants de ces lieux, exaspérés par ces violences dont ils sont les premières victimes n’ont pas d’autre solution que de faire appel à cette police dont ils attendent beaucoup. Comment les en blâmer ? De quel droit d’ailleurs pourrions-nous le faire, quand nous voyons comment la gauche électoraliste (PS, PCF, LFI, NPA, …) et bobo réagit et n’agit pas, de peur (dit-elle) de stigmatiser !

Alors faut-il soutenir cette rébellion ?

Non plus, car elle est sous-tendue et manipulée par des intérêts économiques capitalistes primaires (les trafiquants) et par des intérêts politico-sociaux intégristes (les islamistes). Mais là aussi, faute de présence militante communiste indépendante et combative, nous ne pouvons pas proposer d’alternative à ces jeunes qui se font manipuler. Et là, toujours la même chose, l’attitude de la gauche électoraliste et des bobos n’aident pas, vu leur discrédit du fait de leur allégeance objective à ces forces qui contrôlent les choses. D’autant plus qu’ils ont abandonné la gestion des crises de ces banlieues à des éducateurs de rue et/ou de dirigeants de club de sport ; des postes de plus en plus tenus par des intégristes comme moyens de contrôle supplémentaire de la population de leur territoire. Ce qui est, de la part de cette gauche électoraliste et bobo, une reconnaissance tacite de leur incapacité à défendre les prolétaires de ces banlieues victimes de ces trafiquants et de ces intégristes, et du capitalisme.

Que faire alors ?

Dénoncer déjà cet état de fait, ceux qui manipulent en révélant leur dessein et dénoncer aussi cette gauche électoraliste et bobo qui sur-victimise, sur-racise, pour mieux cacher son incurie et son incapacité à agir correctement (sinon à passer des accords avec eux pour être élu et/ou avoir la paix social en leur confiant la police des jeunes et des quartiers). On nous dira que nous disons la même chose que le FN/RN. Oui, car nous ne pouvons faire que le même constat (seule la vérité est révolutionnaire). Non, car nous n’apportons pas la même analyse et les mêmes solutions ; au contraire, nous préparons les troupes qui se battront aussi contre le FN/RN en tant qu’option possible du capitalisme en cas de crise.

Regagner ce terrain, contre la police et l’état, bien sûr (ce n’est pas eux qui apporteront la vraie solution), mais également contre les trafiquants et les islamistes.

Et c’est sur ce dernier point que la tache sera difficile.

Car ce travail de réimplantation, devra se faire clandestinement pour ne pas être chassé (au mieux) sinon, violenter ou tuer par ces trafiquants et ces islamistes. Tout simplement parce que nous leur ferions perdre le contrôle de leur territoire et de la (leur) population et parce que ils sont aussi anticommunistes (l’histoire regorge de l’utilisation de ce type de main d’œuvre dans la lutte anticommuniste). En cas de besoin, l’Etat, sera faire alliance avec eux s’il voit que nous prenons de l’importance et que nous devenons une solution crédible aux yeux des prolétaires de ces banlieues et d’ailleurs.

Tout ce qui bouge n’est pas rouge.

Les ennemis de mes ennemis ne sont pas obligatoirement mes amis.

PS : quand même un paradoxe à noter en ces temps de confinement.
D’un côté, la gauche, les bobos, etc. … demandent une attention particulière de l’état vis-à-vis des populations de ces quartiers car ils sont plus fragiles (socialement et sanitairment) et donc plus exposés à la covid19 (ce qui est vrai), mais d’un autre côté cette même gauche, ces mêmes bobos, etc. … ne disent rien de l’attitude des auteurs de troubles qui, pourtant par leur comportement irresponsable, font courir des risques à ces mêmes populations qu’ils prétendent défendre ( !?).
Cette même attitude à géométrie variable, on la retrouve dans les affaires de viol dès l’instant qu’un jeune mâle des banlieues est mis en cause ; silence radio.

Cette contrainte auto-imposée de ne pas vouloir stigmatiser au prétexte que cela ferait le jeu du FN/RN est contre-productif car, pour le coup, l’information (bien réelle) est portée par ce même FN/RN agrémentée d’une analyse et d’un discours nauséabonds. A cause de ça, les communistes (amalgamés à cette gauche, à ces bobos, etc. …), y perdent en crédit.

(1) Comme par exemple les antifas Paris-banlieue du 5ème et 6ème arrondissement, bien calés dans leur confort socio-économique qui se rachètent une conduite dans le cadre d’une culpabilisation/autoculpabilisation vis-à-vis des « colonisés de l’intérieur ». Ils portent ainsi une croix (qu’à la limite pas plus eux que d’autres non responsables ne devraient porter) tout en assignant ce qu’il prétende être (la gauche) d’en faire autant. En cas de refus de les suivre c’est la dénonciation ad-nauséeum d’une appartenance supposée à l’extrême-droite. Comme on le voit, le débat est biaisé par le fait d’une classe sociale bien loin des préoccupations du prolétariat dans son entièreté, toute origine confondue, mais plus soucieuse de se maintenir en vie, politiquement et socialement en favorisant l’émergence et/ou le maintien du communautarisme dans les banlieues.

Messages