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En quoi l’islamisme poursuit-il un projet politique  ? (Débat Huma)

par Christian DLR

Publie le mardi 3 novembre 2020 par Christian DLR - Open-Publishing
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En quoi l’islamisme poursuit-il un projet politique  ?

Mardi 3 Novembre 2020 - Pierre Chaillan

Après les attentats de Conflans-Sainte-Honorine et de Nice, la question de l’objectif poursuivi par les djihadistes est posée. Avec les textes de Majid Si Hocine, médecin, Hasna Hussein, sociologue, et Omar Youssef Souleymane, écrivain.
Un débat franc et serein

MADJID SI HOCINE - Médecin, militant associatif

Bouleversé par l’assassinat d’un enseignant dont le seul crime est d’avoir voulu montrer que la liberté d’expression ne peut avoir pour limite la divergence d’opinions, il revient à ma mémoire des souvenirs refoulés. Le 27 septembre 1997, près de Sidi Bel Abbès, onze institutrices furent égorgées devant leurs élèves, coupables du seul crime d’avoir voulu enseigner.

À Conflans-Sainte-Honorine, le bourreau venait de Tchétchénie, terre musulmane du Caucase riche d’une tradition spirituelle d’inspiration soufie, qui a vu venir à elle lors des deux guerres menées par les Russes, les wahhabites. Ces ­djihadistes venus combattre dans les troupes de Chamil Bassaïev recevaient le soutien de pays du Golfe avec lesquels nous entretenons les meilleurs rapports, comme autrefois le FIS algérien fut aidé par les «  frères  » koweïtiens et saoudiens.

L’islam traditionnel de nos pères a été corrodé par l’influence de pratiques rigoristes venues de pays dotés d’immenses moyens de propagation de leur doctrine. Cassettes, bourses d’études, chaînes satellitaires ont diffusé «  la bonne parole  ».

Pire, les premiers djihadistes revenus d’Afghanistan, les «  combattants de la liberté  » soutenus par les Américains car ils s’attaquaient à l’ogre soviétique, ont importé une stratégie violente de la propagation du «  vrai islam  ». Je me souviens de ces Algériens vêtus à l’afghane qui, dans les années 1980, prenaient le contrôle de la mosquée de Belcourt, essaimant dans la jeunesse désœuvrée.

Plus récemment, Daech a raffiné les moyens de recrutement de candidats au djihad, utilisant les réseaux sociaux, les forums, pour séduire, convaincre, des aspirants au martyre dans une jeunesse reléguée, pas toujours très instruite et sans grande culture religieuse. Ces proies faciles ont commis l’impardonnable, reniant leur famille, trahissant le pays qui les a vu grandir et qui a mis beaucoup de temps pour les reconnaître comme ses vrais enfants. Eux aussi qui ne comprennent pas que, malgré tout, ils n’ont pas de patrie de rechange.

Ils devraient ouvrir les yeux sur ce qu’ils sont, musulmans certes, mais aussi une composante de cette nation, qui s’égare dans un mythe du retour vers une tradition mythifiée. Le rêve de nombre de leurs coreligionnaires est pourtant de venir vivre dans ces pays de «  mécréants  » où, en dépit des discriminations de l’éloignement culturel et religieux, les musulmans y sont plus heureux que chez eux.

https://www.humanite.fr/en-quoi-lislamisme-poursuit-il-un-projet-politique-695663

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