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Un jour funeste pour une débâcle. Blair, soutenu par un groupe nourri de pays de la "vieille" Europe

Publie le mercredi 22 juin 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

Juste le jour de l’anniversaire de Waterloo

de ANNA MARIA MERLO BRUXELLES traduit de l’italien par karl&rosa

A l’aube du 190ème anniversaire de Waterloo (18 juin 1815), les chefs d’Etat et de gouvernement des 25 pays de l’Union européenne se sont quittés sur le constat d’un échec général : l’Europe, à un peu plus d’un an de l’élargissement historique aux pays de l’Est, n’a pas de projet pour l’avenir, ne trouve plus le sens de la direction à emprunter. Comme l’a dit ironiquement l’actuel président du Conseil européen, Jean-Claude Juncker, "nous irons demain à Washington (au sommet Ue-Usa) pour expliquer au président des Etats-Unis la vigueur et la force de l’Europe", qui n’a fait que confirmer la division voulue par l’aile la plus conservatrice de l’administration Bush, entre "vieille" et "nouvelle" Europe. Le président du parlement européen, Josep Borrell, constate avec "tristesse" que l’Union "sera longtemps en panne".

Triple gel

Un jour et demi de discussions et de déchirures, qui se sont terminées par des insultes croisées, ayant pour centre l’affrontement Chirac-Blair, auquel ont participé avec un acharnement particulier l’Allemand Schröder, le Luxembourgeois Juncker et le Néerlandais Balkenende. Tous les chemins de l’avenir sont momentanément en état de glaciation. La Constitution, qui aurait dû permettre l’acheminement de l’Europe politique, est gelée après le "non" français et le "nee" néerlandais, malgré les dix ratifications qui ont déjà eu lieu, tandis que le Danemark et le Portugal [ ainsi que la Pologne, Ndt] ont décidé eux aussi de suivre l’exemple britannique et de suspendre pour le moment les référendums respectifs. Seule l’Estonie (et le Luxembourg, NdT) entend poursuivre le processus de ratification cette année. L’Union est sans budget pour la période 2007-2013 et, même s’il y a le temps jusqu’au printemps prochain, l’affrontement sur la destination de la dépense européenne est énorme. D’un côté, la Grande Bretagne, qui s’est retranchée dans la défense du "rabais" obtenu en 1984 (et qui lui permet de ne pas payer les frais de l’élargissement), de l’autre la France, qui a défendu d’arrache-pied la dépense agricole (40% du budget), dont un quart va aux producteurs français (qui ont voté non à la Constitution à 70%).

Enfin, pour la première fois depuis des années, le communiqué final n’ajoute rien de nouveau au sujet des prochains élargissements, gelés eux aussi. La Turquie, mais pas qu’elle, s’éloigne de l’Union : la Croatie devra attendre, les autres pays balkaniques encore davantage, tandis qu’une nouvelle rigueur sera imposée à la Roumanie et à la Bulgarie, qui pourraient renvoyer d’un an leur entrée (de 2007 à 2008).

L’affrontement Chirac-Blair

Derrière les insultes, il y a là deux visions qui s’opposent. La France est arrivée affaiblie par le "non" à la Constitution et Chirac est apparu pathétique dans sa condamnation de Blair, qui "a voulu garder la totalité de son chèque, ce qui a poussé d’autres pays à privilégier un crescendo de demandes, d’intérêts strictement nationaux, au détriment de l’intérêt européen", alors qu’il a limité la défense du "modèle social" à la Pac.
Blair, qui a la force de celui qui a gagné un troisième mandat et qui aura, à partir du 1er juillet, la présidence du Conseil européen, rétorque que, à la lumière des deux "non" franco-néerlandais, "le temps est venu de faire les réformes dont l’Europe a besoin". Pour le premier britannique "ce n’est pas une question de relations personnelles, mais de visions différentes". C’est pourquoi "l’essentiel n’est pas de savoir qui est le plus solidaire, mais de quelle solidarité nous parlons, une solidarité qui n’est pas forcément celle d’il y a cinquante ans".

Pour l’actuel président de l’Ue, Juncker, "il y a eu un affrontement entre deux conceptions de l’Europe : entre ceux qui veulent le grand marché et rien d’autre et ceux qui, au contraire, souhaitent une Europe politique intégrée". Comme le résume l’eurodéputée centriste française Marielle de Sarnez, "la question de la nature de l’Europe, zone de libre échange ou union politique, est désormais posée". Juncker a affirmé avoir "senti depuis longtemps que ce débat aurait éclaté un jour ". Schröder, qui pourrait être défait aux élections anticipées, se demande : "voulons-nous un marché doté de quelques instruments ou une union politique avec tout ce que cela comporte ?"

Le programme anglais pour l’Europe

Londres dévoilera l’ordre du jour de sa présidence semestrielle de l’Ue le 23 juin, mais le ministre des Affaires étrangères, Jack Straw, en a déjà fourni un avant-goût dans une communication au parlement de son pays : la Grande Bretagne travaillera pour mettre en œuvre un réforme du marché du travail (dans le sens libéral), pour réduire les subventions publiques, pour achever la libéralisation complète du marché de l’énergie et pour faire naître un marché financier transatlantique libre. De plus, elle travaillera pour faire approuver la directive Bolkestein, c’est-à-dire la libéralisation des services, qui fournissent 70% du PIB de l’Union, et pour alléger la directive sur l’horaire de travail (48 heures maximum par semaine semblent peu aux yeux de Londres). Pour Blair "l’Europe est entrée dans une phase de renouvellement" et "elle doit changer de vitesse pour s’adapter au monde dans lequel nous vivons".

Les "nouveaux" devant la porte

Marginalisés par l’explosion de la conflictualité entre les intérêts nationaux des "vieux" Etats, on doit donner acte aux pays de l’Est européen d’avoir eu une réaction positive, même si elle est désespérée : quand l’échec était déjà clair, certains d’entre eux ont offert de renoncer à une partie des financements qui leur étaient destinés. "Il ne s’agit pas seulement d’argent - a dit le Premier ministre polonais Marek Belka - la Pologne est intéressée avant tout au fait que l’Europe reste en vie".

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/19-Giugno-2005/art28.html

Messages

  • De quels producteurs agricoles parlez-vous ? les petits ou les gros qui les coulent et polluent ?

  • Etant moi-même d’origine anglaise, ,je dois souligner que Monsieur Anthony Blair est écossais et non pas anglais.

    Il est malheureusement le premier ministre du Royaume Uni, formé de trois pays, l’Angleterre, la Pays de Galles et l’Ecosse et d’un territoire, l’Irlande du Nord composé de six des neuf comtés de la province irlandais de l’Ulster.

    Salutations amicales

    Robert Thompson

  • Chirac ne gouverne plus depuis le 7 novembre 1995. Il communique, il parade, tape dans le dos ! Et ses "pitreries" de comices agricoles ne font plus rire ni pleurer ses pairs.

    Blair a un projet clair. Mettre le paquet sur la formation et le savoir, les technologies de pointe, la recherche, et tous domaines encore inabordables par les empires émergents.

    La France a des atouts dans chacun de ces domaines. Mais son gouvernement la brime dans des structures ossifiées, et la prive du bénéfice de son intelligence.
    Jettons Chirac et les siens, et appliquons le plan "B" comme Blair.

  • Quel est le problème ??

    où veut en venir "ANNA MARIA MERLO " et qui est-ce ??

    Tout cela n’est que la suite du petit cinéma destiné à essayer de "culpabiliser" les "NON"....
    Avec la petite pique mal placée sur l’agriculture française....et à qui vont ses subventions (finalement en grande partie française, non ? ;-)) : comme le dit le comment 1, aux gros de l’agro-industrie, donc in fine dans les poches des multinationales du pesticides and co....et donc des anglo-américains, non ??
    Sans compter le rabais offert aux britanniques depuis....et qui leur permet de faire croire que le "libéralisme" est une "réussite" (hum) dans leur pays-modèle...re-hum

    Je remarque aussi : "Chirac est apparu pathétique dans sa condamnation de Blair, qui "a voulu garder la totalité de son chèque, ce qui a poussé d’autres pays à privilégier un crescendo de demandes, d’intérêts strictement nationaux, au détriment de l’intérêt européen",

    "d’intérêts strictement NATIONAUX" ?????????

    tiens donc, et pourtant ce sont ces mêmes oui-ouistes qui nous ont incités à voter leur constitution en blablatant sur l’intégration européenne, "l’ouverture" l’esprit européen, contre le soi-disant "nationalisme" et le "repli" des NON.....belle hypocrisie !!!
    Alors il suffit qu’on vote non et comme par hasard leur belle harmonie consensuelle se révèle n’être qu’une façade, et chacun de tirer la couverture à soi, comme des "nationalistes"....

    Bien la preuve qu’ils ne veulent pas "construire l’Europe" mais simplement se servir de cet alibi pour nous faire avaler leur "constitution" de Blair-eaux.