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Defaites "a la Thatcher"

Publie le dimanche 15 juin 2003 par Open-Publishing
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Dans les réunions récentes, certains dirigeants syndicaux et politiques ont
évoqué le danger d’une "défaite à la Thatcher" de l’actuel mouvement de
défense des retraites.

Mais ces responsables qui ne soufflent mot sur l’Europe capitaliste et
impérialiste, se sont-ils seulement arrêtés à réfléchir à la signification de
l’expression "défaite à la Thatcher" ?

Le mouvement ouvrier britannique avait, et a toujours, à sa tête des
dirigeants opportunistes. A savoir, des dirigeants qui transigent avec les
intérêts de l’impérialisme britannique. Mais c’est même pire que ça : les
dirigeants "travaillistes" sont de vrais requins qui ont recours aux moyens
les plus abjectes pour perpétrer des agressions impérialistes au service
de "leur" capitalisme. On vient de le voir avec Blair sur l’Irak, mais c’était
déjà le cas sous le "glorieux" Harold Wilson qui a été à l’origine de
l’extermination d’un million d’Indonésiens par Suharto et sa bande.

Et, lors de l’accrochage avec Thatcher, c’est de cette politique que les
travailleurs britanniques ont payé la facture.

Car, matière délocalisations, dumping social, "libre circulation des
capitaux"... l’Empire britannique et la Commonwealth étaient bien "en avance".
Déjà à l’époque, l’oligarchie britannique disposait d’un très vaste territoire
à l’echelle mondiale, bien plus vaste que la Grande Bretagne. Et, de ce fait,
elle avait à sa portée tous les moyens lui permettant d’écraser une grève "en
Métropole" quasiment sans broncher. C’est ce qui s’est produit.

Mais qui avait aidé l’oligarchie britannique à se tailler un tel terrtoire et
une telle puissance économique ? Entre autres, le mouvement dit "ouvrier" de la
Grande Bretagne dont de larges secteurs avaient soutenu "leur" colonialisme
depuis le XIX siècle.

Et la France ? En réalité, la situation n’est guère meilleure. Car, depuis
Jules Ferry, une politique de corruption du mouvement ouvrier a été mise en
place l’amenant à soutenir l’impérialisme français en échange de quelques
réformes sociales utiles, tout compte fait, au lobby colonial (on ne pouvait
envoyer des analphabètes conquérir l’Afrique ou faire, la cas échéant, la
guerre à l’Allemagne). Et on bien vu les principaux responsables du mouvement
ouvrier français envoyer les gens aux tranchées en 1914-18.

Depuis, les choses n’ont pas vraiment évolué. Et à deux reprises, 1981 et
1988, les français ont élu un président issu de l’extrême-droite et qui avait
le soutien, non seulement de l’extrême-droite mais aussi du lobby de
l’ "Algérie française". Voir le livre "La main droite de Dieu" de Faux, Perez
et Legrand, Seuil 1994. C’est là que nous en sommes toujours, car le silence
récent des organisations dites "ouvrières" devant les exactions de
l’impérialisme français en Afrique ou la mise en place de l’Europe
impérialiste du militarisme et du dumping social laisse rêveur.

Ce qui veut dire qu’à l’instar de son homologue britannique, le mouvement
ouvrier français aura tout fait pour se ramasser une "défaite à la Thatcher".
Cette défaite est d’ailleurs déjà bien avancée avec les reculs sociaux des
deux dernières décennies restés quasiment sans réaction.

Il aurait fallu dénoncer Fabius dès 1994, l’ "élagrissement de l’Europe" dès
les années 80 et plein d’autres méfaits des lobbies financiers bien avant
qu’on en arrive aux "réformes Raffarin", et notamment sous les gouvernements
de "gauche". Mais les reponsables du mouvement ouvrier ont préféré de vendre
l’avenir pour le plat de lentilles de la commodité immédiate. A présent, la
facture est là et les lentilles ça fait longtemps qu’elles ont été mangées.

Si une voie reste encore possible, elle est claire :

 désavouer fermement ce passé opportuniste ;

 dénoncer sans compromis ni relâche l’impérialisme français et européen, le
dumping social, les délocalisations...

 agir concrètement et directement contre ces méfaits générateurs des plus
graves dangers ; ne pas en rester à des combats d’arrière-garde contre leurs
conséquences pour "montrer qu’on se bat" et sans s’en prendre aux causes
réelles...

AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD

Amitiés

Messages

  • Oui, la défaite "à la Thatcher" est possible parce que le mouvement de défense
    des retraites continue à se traîner à la remorque des débris de la "gauche"
    élargie à quelques "outsiders" comme la LCR. Parce qu’il ne dit rien sur
    l’ "Europe", ni sur le dumping social qu’elle génère et que les
    dirigeants "européens" (les mêmes que dans les pays membres) organisent et
    préparent à grande échelle. Parce qu’il ne souffle mot sur les
    délocalisations, sur la fuite des capitaux... Parce que, s’il y a dumping
    social et délocalisations, l’effet des grèves s’amoindrit et peut même
    s’inverser (la grève pouvant être utilisée pour fermer une usine et la
    délocaliser)...

    IL FAUT CHANGER DE PERSPECTIVE ET ALLER DROIT AU BUT DES ENJEUX POLITIQUES
    REELS, DENONCER LA MALADIE ET PAS SEULEMENT SES SYMPTOMES.

    Je corrige une coquille de mon posting précédent : c’est dès 1984 qu’il fallait
    manifester contre Fabius et sa clique (pas 1994). Et, à présent, le but du PS
    est semble-t-il "d’éclairer les Français" sur la "nécessaire réforme des
    retraites"... Il faut donc tout de même charcuter nos retraites, seulement "le
    gouvernement s’y prend mal", n’est-ce pas, Monsieur AYRAULT ?

    Voir :

    **********************************************************

    samedi 14 juin 2003, 14h16

    Ayrault (PS) : "Notre objectif est d’éclairer les Français"

    PARIS (AFP) - Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale Jean-Marc
    Ayrault, accusé par la droite de faire de l’obstruction lors du débat sur la
    réforme des retraites, a affirmé samedi que "l’objectif" de son groupe "est
    d’éclairer les Français".

    Les amendements déposés avant l’article 1er du texte, dont les députés
    débattent depuis jeudi soir, "avaient pour but de poursuivre la discussion
    générale pour aller au fond des choses sur la nécessaire réforme des
    retraites", a déclaré à la presse M. Ayrault.

    Jugeant "choquantes" les accusations d’obstruction, M. Ayrault a dénoncé "une
    volonté de tension de la part de la majorité", en ajoutant que quatre "points
    fondamentaux" méritaient d’être "clarifiés". Il a cité "ce qui relève du
    niveau des pensions", une "politique ambitieuse en matière d’emploi", "tout ce
    qui relève de la pénibilité et de l’espérance de vie", et "le financement de
    la retraite."

    Affirmant que l’"objectif" du groupe PS est d’éclairer les Français", M.
    Ayrault a souligné que le gouvernement allait "distribuer la semaine
    prochaine, dans tous les foyers français, une lettre signée du Premier
    ministre pour expliquer la réforme du gouvernement".

    "Nous n’avons pas les moyens de diffuser dans les foyers français le même type
    de document", a ajouté M. Ayrault, en déclarant que "la tribune de l’Assemblée
    nationale" était tout ce qui restait aux députés PS "pour défendre ceux qui
    (leur) ont fait confiance".